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Dissertation de La Rochefoucauld

Publié le 23/04/2023

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« Correction L'écrivain moraliste François de La Rochefoucauld (1613-1680) écrit dans ses Maximes posthumes : « Le travail du corps délivre des peines de l’esprit, et e'est ce qui rend les pauvres heureux », Cette réflexion correspond-elle à votre lecture des ouvrages du programme ? introduction À la fin de Candide, Voltaire fait dire àl’un de ses personnages : « Travaillons sans raisonner, C'est le seul moyen de rendre la vie supportable ».

De même, le personnage principal du conte philosophique devenu sage, clôt le récit par cette morale épicurienne : «il faut cultiver notre jardin », faisant de cette simple activité manuelle la condition du bonheur.

Le duc de La Rochefoucauld, au siècle précédent, exprimait une idée semblable dans ses Maximes posthumes ; il affirme que « le travail du corps délivre des peines de l’esprit, et c’est ce qui rend les pauvres heureux ».

La citation s’articule en deux temps.

Dans la première partie, « Le travail du corps délivre des peines de l’esprit », La Rochefoucauld, qui appartient à la haute noblesse, fait l'éloge du « travail du corps », c’est-à-dire du labeur physique, notamment dans les métiers manuels qu'exercent « les pauvres », autrement dit les membres du Tiers-État.

Il met l’accent sur la puissance d’oubli du travail dans le sens où il évite de penser au caractère misérable, moralement ou alement, de sa condition :il agit à la manière du « divertissement » pascalien et « délivre des peines de l’esprit ».

La deuxième partie de la citation, « et c’est ce qui rend les pauvres heureux.

», envisage cette fois- ci les conséquences de la première partie de la citation: ceux qui travaillent physiquement, en d’'autres termes les pauvres », ne subissent pas les tourments de l’esprit et sont par conséquents « heureux ».

Pour le moraliste, mais aussi le grand aristocrate, qui par définition ne travaille pas, le bonheur semble dor paradoxalement du côté de ceux qui peinent à la tâche mais qui aurait la chance d’aavoir l'esprit en paix, et le malheur du côté de ceux qui ont tout le loisir de penser à leur misérable condition d’être humain.

Un tel peut apparaître comme une forme de cynisme aristocratique aux yeux d’un moderne. On peut alors s’étonner d’une telle approche du travail.

Les « peines del'esprit » Sont-elles les seules à faire le malheur des hommes ? « Le travail du corps », plus que les « peines de l’esprit », ne peut-il pas aliéner plus encore l'esprit et faire souffrir au point de rendre profondément malheureux ? Supposer que les pauvres qui travaillent dur sont nécessairement « heureux » grâce à leur travail, c’est, semble-til, manifester une ignorance profonde de la réalité du « travail du corps » et de la pauvreté.

On peut aussi s’interroger su la distinction que le moraliste opère entre le travail du corps d’un côté et celui de l’esprit de l’autre :l association semble en effet la plus à méme d’apporter de réelles satisfactions, voire de permettre une élévation de l’esprit. Notre réflexion portera sur les Géorgiques de Virgile, La Condition ou rière de Simone Weil et Pardessus bord de Michel Vinaver.

Dans un premier temps, nous nous interrogerons sur la capacité du « travail du corps »à nous faire oublier « les peines de l’esprit », Puis nous nous demanderons si le travail ne peut pas aussi nous aliéner et, loin de nous rendre « heureux », faire notre malheur.

Enfin, nous questionnerons la séparation du corps et de l'esprit que suggère La Rochefoucauld à partir d’un clivage social entre nobles Tiers-État ; le travail, à condition qu’il associe les forces du corps à celles de l’esprit, n’est-il pas en effet un moyen de sublimer les peines de notre condition et d’atteindre à la plénitude ? I.

Le bonheur grâce au « travail du corps » et à l’oubli des « peines de l’esprit » 1/ Le travail physique occupe toute l’attention jusqu’à l’oubli même de la pensée Comme le suggère La Rochefoucauld, le travail physique, en requérant toute l’attention du travailleur, semble bien empêcher toute pensée qui ne concerne pas le travail lui-même, et ainsi, peut-être, « les peines de l'esprit ».

En effet, le travailleur, concentré sur son labeur, sur la réalité de la tâche à effectuer, n’a donc plus l’occasion de penser à autre chose. Simone Weil :C'est la philosophe qui exprime le plus directement cette conséquence du travail physique en usine d'annihiler la pensée.

Voir par exemple sa lettre à Simone Gibert : « le travail est trop machinal pour offrir matière à la pensée, et [.J néanmoins, il interdit toute autre pensée » (p.

67).

On notera cependant, qu’à la différence de La Rochefoucauld, elle entend surtout dénoncer cette situation qu'elle considère comme « tragique », Vin Virgile : Le caractère incessant du travail agricole, la répétition indispensable du labeur, jour après jour, saison après saison, année après année, demande aussi une attention permanente qui ne laisse guère de loisir l e l e travai l cel l e s ne pour que j a mai s peut paysan De fai t , cent r é es fai r e, d' a utres vrai m ent pensées sur à rames,ne pousse force del'entraî relparlchasard her sonseseffort: quef saicelsiuiparquile, àcourant « relToutâchent, de même save,bar»q(I,ue p.contre le courant, si 5 0), déri l a l ' esqui bras se à Mmet »Lép«Siine quelele travai l, loersntqu'icomme nes apeif irmneesausi à Vinaver : Lubi l donne sataisfiatctçaion, aipermet l personnel s , marchai affai r es on de à voul d erai t s l ' e spri lêtrees souci « s philosophe quand les choses se détraquent dans votre foyer » (I , p.129). Aussi, les auteurs, comme La Rochefoucauld, font l'éloge du travail physique et du bonheur simple le :Ilssaifaietntl'éleloursge bitouten, spéci fortunés, travaiarmées, l du paysanvoient; «Óla trèstropjuste vateursde IlaEuxvie quichampétre , loin desetdiduscordes les culaletiment terre s'ilsVirgiconnai 2/ Les joies simples du travail physique table. qu'il procure.

Le travailleur, tout à son travail, semble toucher à un bonheur vérita leurs qualifiseés prélde a«ssent facileguerri » (II,ersp.

et99).de Les nouriture fortunés lefforts, eur verser sol uneàl'écart paysansdanssontlaquelle l'oisiveté des fracas les pl»ucar qui ldees son s riche tiennent de joies sourceriche sont treès justement récompensés.

Ce travail, nécessairement pénible, est biencomper, simples, en ressources essentielles et justes ; « du moins un repos assuré, une vie qui ne sait point les t variées, du moins les loisirs en de vastes domaines, les grottes, les lacs d'eau vive, du moins les frais Tempé (vallons), les mugissements de bæœufs et les doux sommes sous l’arbre ne leurs sont point étrangers.

» (II, p.100), Simone Weil : Bien qu’elle dénonce les réalités insupportables du travail à l'usine tel qu'il est organisé, elle fait elle aussi l'éloge du travail tel qu'il pourrait être et des vertus que cela engendrerait : «L'usine pourrait combler l’âme par le puissant sentiment de vie collective – on pourrait dire unanime – que donne la participation au travail d'une grande usine » (« Expérience de la vie d'usine », p.

329), of, aussi « Si c'était cela, la vie d’usine, ce serait trop beau » (Ibid.

p.

330).

Dans « Condition d'un travail non servile », elle réfléchit aux moyens de faire du travail à l'usine une source de « joie », Vinaver :on est surtout dans un univers de bureau, d’où la réalité de la production industrielle et donc le « travail du corps » est peu présente ou du moins peu visible.

Benoît Dehaze fait cependant l'éloge de l'activité, de l'engagement dans le travail dans son discours aux salariés : « nous allons bondir oui nou allons cesser de rester assis pour adopter une attitude bondissante la seule possible devant le défi qui nous est fait la seule qui me plaise aussi et ceux d’entre vous qui n’adopteront pas la cadence eh bien ils rester ur le quai ce n'est pas une menace c’est une constatation » (TV, p.131).

Il poursuit avec la valorisation de «l'énergie » dans le travail pour accomplir «l’œuvre », contre la stérilité des « chamailleries entre certains » et du « grenouillage (= intrigues malhonnêtes) de couloirs » (TV, p.131). NB: Notons toutefois que c'est le patron de l’entreprise qui s’adresse ainsi à ses salariés (comme La Rochefoucauld pourrait le faire à ses paysans ?) 3/ Le rejet de l’oisiveté L’oisiveté est donc rejetée, parallèlement à l’affirmation des bienfaits et des vertus morales et psychologiques du travail physique. - Virgile:Virgile évoque la fin de l’'âge d’or où « la terre produisait tout d’elle-même »;il indique la volonté de Jupiter d’inciter les hommes à travailler et à peiner, afin de contrer leur « triste indolence »: « Le Père des dieux lui-méme a voulu rendre la culture des champs difficile, et c'est lui qui le premier a fait un art de remuer la terre, en aiguisant par les soucis les cœurs des mortels et en ne souffrant pas que son empire s’engourdit dans.... »

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