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Dissertation Gael Faye

Publié le 23/01/2022

Extrait du document

« 2 qui empêche le petit de se mouvoir.

Il s’époumone et s’épuise pour retrouver sa liberté.

La nourrice suspend le nourrisson à un crochet pour pouvoir vaquer à d’autres tâches « Au moindre tracas qui survient, on le suspend à un clou […] le malheureux reste ainsi crucifié (p.

70 ).

La sensibilité de l’enfant se construit dès cette période et elle se voit, dès le départ, entravée : « vous les contrariez dès leur naissa nce ; les premiers dons qu’ils reçoivent de vous sont des chaînes ; les premiers traitements qu’ils éprouvent sont des tourments » (p.

69) .

Rousseau décrit également une « éducation barbare » qui punit l’enfant par des châtiments corporels, car elle consid ère que l’enfance est « le temps de corriger les mauvaises inclinations de l’homme » (p.

150).

Dans le conte d’Andersen « Tante Mal -aux -dents », un être duel apparaît tantôt sous la forme d’une gentille tante distribuant compliments et confiseries et encou rageant le jeune homme à écrire ses pensées poétiques, tantôt en fée maléfique qui interdit au jeune homme de versifier sous peine de graves et torturantes rages de dents.

De même, dans le roman Aké, les années d’enfance , le châtiment corporel semble une pratique partout répandue.

La mère de Wole, Chrétienne Sauvage, dont le surnom manifeste la violence, manie le bâton avec vigueur et régularité.

Par exemple, à l’époque où Wole prend la mauvaise habitude de se passer de l’eau sur ses l èvres gercées dès qu’il est près du lave -mains, il reçoit un coup formidable sur la tête qui le projette jusqu’à la chaise d’Essay.

Mais l’enfant ignore d’abord pourquoi on le frappe : il se dit que sa mère le frappe parce qu’il a mangé une miette d’akara, donc qu’elle le punit d’un péché de gourmandise.

Mais il se montre à force endurant à la douleur, ne gémissant pas lorsqu’elle lui écrase les doigts l’un contre l’autre jusqu’à ce qu’ils lui fassent mal (p.

11 8).

Comme Rousseau le démontre, le châtiment corporel pervertit l’enfant: Wole, loin de se soumettre, multiplie les provocations, notamment lors de l’épisode du lait en poudre de Dipo qu’il a pris l’habitude de voler en cachette .

Il décide de s’enfuir de la maison et de renverser la boîte de lait par terre en guise de dernière protestation.

Mais sa mère le punit avant qu’il n’ait eu le temps de s’échapper : « je me retrouvais dans la cour en train de sauter, essayant d’éviter des coups de poing et ses coups de pied furieux ».

Cependant, la nuit qui su it, il se remplit de nouveau la bouche de lait en poudre.

La punition n’a servi à rien : « Le lendemain matin je ne ressentais plus rien du pilonnage de la veille » (p.

181).

Wole n’a rien appris sur son acte, les coups de bâton ne l’ont pas rendu plus ver tueux ni plus enclin à respecter les règles de la maison , mais il retient la violence de sa mère. Les blessures psychiques peuvent aussi marquer profondément l’enfan ce d’un individu .

Selon Rousseau, l ’une des premières marques qu’imprime l’éducation traditionnelle sur le développement d’un enfant est le fait d ’être abandonné à une nourrice.

De cet abandon initial contre -nature, Rousseau déroule une chaîne de conséquences néfastes : l’absence de lien avec la mère biologique, puis le retour à la maison de l’ enfant à partir de sept ans auprès d’une mère qu’il ne connaît pas, ce qui empêche l’amour de se développer entre les membres d’une famille.

Les liens entre mari et femme, entre parents et enfants , se distendent et conduisent les individus à se construire dans l’égoïsme, l’individualisme et l’ingratitude.

Le philosophe montre bien qu’une éducation sans amour ne peut que créer des adultes inadaptés, asociaux, qui engendreront à leur tour une société dysfonctionnelle : « Tout vient successivement de cette pre mière dépravation : tout l’ ordre moral s’altère ; le naturel s’éteint dans tous les cœurs » (p.

73 ).

De simples paroles peuvent même causer une forte impression sur un enfant, le détruire psychologiquement .

Le conte « Elle n’était bonne à rien » montre la cruauté incessante du maire, qui inculque au fils de la lavandière une image dégradée et fausse de sa mère par la répétition de phrases méprisantes : « elle n’est bonne à rien ! […] dis à ta mère qu’elle devrait avoir honte, quant à toi, ne devie ns jamais ivrogne, mais c’est sans doute ce qui va t’arriver ! (p.

263).

La pauvre mère , qui se tue au travail dans l’eau glacée , est blessée de ces paroles : « Ta mère n’est bonne à rien ! Il a peut -être raison, mais il ne devrait pas le dire à son enfant ! » (p.

263) .

C’est Maren, son amie , qui lui rendra justice en plantant un petit rosier sur la tombe de la mère décédée et en persuadant le petit garçon que sa mère n’ était pas une bonne à rien car il commence à en douter .

Quant à Wole, il est confronté à des expériences d’injustice qui le blessent profondément et laissent ses interrogations irrésolues.

Au chapitre VII, la famille reçoit la visite de Monsieur et Madame Odufawa, dont Wole est secrètement amoureux.

Alors qu’ils se promènent dans le jardin et que Wole essaie de faire valoir son intérêt pour les fleurs et les plantes, son frère Dipo vient le provoquer en faisant le pitre.

Joseph puis l’ensemble de la famille poussent les deux frères à se battre, sous prétexte que Wole ne mériterait pas son surn om de « lagilagi » (fendeur de bûches) que lui a donné la belle madame Odufawa.

Wole ne comprend pas cette ligue qui se monte contre lui : « J’étais blessé.

Qu’avais -je fa it ? Pourquoi essayait -on de me rabaisser aux yeux de ma future épouse ? » (p. 200) .

Piqué au vif, Wole se bat avec son jeune frère mais il continue de le frapper alors que le petit est à terre et qu’il ne parvient plus à se défendre.

Il est con damné. »

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