dissertation les fausses confidences
Publié le 05/12/2022
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Dissertation
Sujet : "En quoi le stratagème, fondé sur des méthodes à priori négatives
comme la ruse et la manipulation, peut-il pourtant s'avérer avantageux ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant principalement sur votre
connaissance de la pièce des Fausses Confidences de Marivaux, mais aussi sur
d'autres exemples de votre connaissance."
Un stratagème renvoie d'abord à la guerre : il s'agit d'une tactique
militaire élaborée par un chef de guerre pour remporter la victoire sur l'ennemi.
Dans le cas présent, un stratagème est une réflexion préméditée et secrète afin
d'obtenir un avantage sur un autre personnage de la pièce.
Quant aux ruses et
aux manipulations, il s'agit de points faibles de d'autres personnages dont se sert
autrui afin de mener la danse jusqu'au dénouement final de la pièce.
Dans cette
comédie d'intrigue de Marivaux, Dorante, jeune homme ruiné, est amoureux de
la jeune et belle veuve Araminte, dont il devient l'intendant.
Malheureusement,
rien ne peut permettre leur union en raison de leurs conditions sociales
opposées.
Pour parer à cet amour impossible, Dubois, valet de Dorante, met en
scène un stratagème : une stratégie de conquête amoureuse pour Dorante.
Cependant, Dubois n'est qu'un metteur en scène tapis dans l'ombre : il est caché
afin de manipuler les autres personnages et finalement, il contrôle tous les
personnages grâce à des manigances et complots sombres.
Ainsi comment les complots, les ruses, les manigances et autres manipulations
comme les stratagèmes au théâtre, permettent-ils par le mensonge mis en
scène, l'accès à une vérité cachée ?
Afin de répondre à cette problématique, nous montrerons dans une première
partie que le stratagème oblige nécessairement l'utilisation d'un mensonge
quelconque et dans une seconde partie, nous démontrerons que par opposition,
le stratagème est aussi le bon moment de dévoiler des vérités cachées.
Puis dans
une troisième et dernière partie, nous expliquerons qu'un "bon stratagème" est
une bonne représentation du théâtre du XVIIIe siècle, comme Marivaux nous en
témoigne l'exemple des Fausses Confidences.
La comédie traditionnelle est toujours représentée par un même schéma :
un stratagème est mis en œuvre par un personnage, souvent un serviteur ou
valet très malin qui va permettre à des jeunes gens amoureux de vivre leur
relation tout en s'opposant à un père ou une famille tyrannique, opposée à leur
union.
Dans L’Avare (1668) de Molière, Cléante et Élise passent un marché
secrètement afin d’épouser ceux qu’ils aiment en réalisant un stratagème afin de
duper leur père ; le dénouement final mené par un coup de théâtre permet leur
union avec leurs amoureux respectifs, tandis que leur père Harpagon, se
retrouve seul avec richesse.
C'est aussi le cas dans Les Fourberies de
Scapin (1671), les valets Scapin et Silvestre enchaînent manigances, mensonges
et costumes pour duper Argante et Géronte, les escroquer et les amener à
accepter la volonté de mariage de leurs enfants.
Chez Marivaux, le stratagème
est quelque peu différent car il prend une dimension plus subtile, en permettant
aux jeunes gens de s’avouer leurs sentiments réciproques malgré les difficultés
de la réalité.
Dans les Fausses Confidences, acte I scène 14, Dubois, grand
stratège et meneur des personnages de cette comédie, décrit à Araminte l’amour
hyperbolique que ressent Dorante à son égard, en vantant et en jouant sur les
mots : " en a la cervelle brûlée, en est comme un "perdu", la suit depuis six
mois", ainsi il permet de brouiller la vérité aux yeux d'Araminte et des
personnages.
Au théâtre, les stratèges se cachent afin de tirer les ficelles tels que les
autres personnages sont leurs marionnettes manipulées sans s'en rendre
compte.
Ils s'amusent à jouer des apparences face au public mais aussi face aux
personnages eux-mêmes, ils jouent un rôle et font jouer des rôles bien précis
aux autres : à travers ces stratèges, le dramaturge met en scène la mise en
abyme au sein de sa comédie.
Dans Le Jeu de l’amour et du hasard (1730) de
Marivaux, dans l'acte I scène 2, Silvia invente une ruse en se déguisant en sa
servante afin d'observer son prétendant, cependant ici le dramaturge use d'un
coup comique : son prétendant a la même idée, avec son valet.
Mais ceci nous
montre que l’amour se révèle à l’épreuve du double travestissement et du
mensonge : tandis que Silvia tombe amoureuse de Dorante en le prenant pour
un valet, celui-ci se déclare prêt à épouser la servante de sa promise.
Ainsi, c'est
comme cela que le dramaturge fait pour brouiller la vérité, lorsqu'il construit son
intrigue après la mise en scène d'un stratagème .
Souvent, le public est lui-même témoin de ce qu’entreprend le stratège : il
est complice du stratagème mis en scène.
Le spectateur prend plaisir à suivre les
fausses confidences de Dubois : celui-ci invente une rivale à Araminte pour
exciter sa jalousie, puis incite Marton à voler une lettre qu’il a lui-même dictée à
son ancien maître.
Le spectateur jouit d’une connaissance dont ne disposent pas
les personnages de la pièce, et peut ainsi apprécier la virtuosité tactique du valet
de Dorante, pour venir à bout de ses adversaires et mener la danse sur scène.
Dans Ruy Blas de Victor Hugo, le spectateur, contrairement à Gudiel, le
spectateur est mis dans la confidence du plan démoniaque de don Salluste dès la
première scène : « Oh ! mais je vais construire, et sans en avoir l’air, / Une sape
profonde, obscure et souterraine ! ».
C'est aussi le cas dans la pièce Le barbier
de Séville de Beaumarchais, acte 1 scène 4 : à travers cette scène, on nous met
au courant du stratagème qui va être mis en place : Le conte Almaviva est fou
amoureux de Rosine.
Malheureusement celle-ci est surveillé par son tuteur qui
prétend l'épouser.
Figaro, va alors aider le conte à rencontrer Rosine sans attirer
les soupçons en lui indiquant comment jouer son rôle : « Présentez-vous chez le
docteur en habit de cavalier...
».
Qui dit stratagème, dit stratège conduisant la ruse en virtuose.
Ainsi
Dubois, meneur de jeu des Fausses Confidences, offre un bel exemple au
spectateur : c’est lui qui tire toutes les ficelles auprès des personnages et
essentiellement pour persuader Araminte d’épouser Dorante : « Plus de
raisonnement : laissez-vous conduire.
» Chez Beaumarchais, Figaro est désigné
ironiquement par le comte comme « l’homme aux expédients » : son intelligence
et sa dextérité lui font trouver les moyens les plus ingénieux pour sortir de
situations délicates, faisant de lui un homme avec un intellect très développé et
de nature rusée.
On peut dire que les manipulations et les ruses imaginées,
même commises par un personnage permettent de montrer la personnalité de ce
dernier.
Par exemple, dans Le Menteur, de Pierre Corneille, acte 1 scène 6 :
Dorante vient d'achever ses études de droit et revient à Paris ou il ne songe qu'à
multiplier les conquêtes amoureuses.
Pour cela, il va s'inventer toutes sortes
d'exploits et de vies mensongères.
Dans cette scène Cliton son valet, est
émerveillé et inquiété à la fois.
A travers les répliques de Dorante et son
stratagème en lui-même, et ses manipulations, on peut deviner sa personnalité,
ce qu'il aime, son égocentrisme démesuré : il est donc un "don juan".
Les stratagèmes, telles que des plans réalisés par un personnage ou bien
encore de simples complots, permettent de révéler et de "mettre en lumière" les
principes et les ambitions sournoises des personnages, eux-mêmes metteurs en
scène de ces ruses.
Par exemple, dans Tartuffe, de Molière, dans l'acte 4 scènes
5-6 : Elmire tente de révéler la vraie nature de Tartuffe à son mari Orgon.
Tartuffe, ou autrement appelé l’imposteur s’est insinué dans les bonnes grâce
d'Orgon afin de s'emparer de sa fortune et de séduire sa femme.
Comme Orgon
ne veut rien entendre des avertissements qu'il reçoit, Elmire décide de cacher
son mari sous la table et de faire semblant de céder aux avances de Tartuffe.
Ainsi Orgon apprendra la vérité et pour plus de vraisemblance, Elmire invoque
quelques scrupules pour tromper son mari.
Ici on voit bien qu'Elmire à l'aide d'un
stratagème réussi, montre qu'elle a raison et fait entendre la vérité aux
personnages et au public.
Dans les comédies de Molière, ces personnages stratèges, valets ou
serviteurs ayant bon sens et habileté, contrastent avec les personnages de pères
autoritaires, victimes des stratagèmes, et dont les travers excitent le rire.
Ainsi,
dans Le Malade imaginaire (1673), on rit de l’hypocondriaque Argan, qui se laisse
berner si facilement par sa servante Toinette déguisée en médecin.
Dans le
théâtre de Marivaux, les victimes du stratagème suscitent plutôt l’émotion.
Le
spectateur des Fausses Confidences est sensible et c'est ce que veut le
dramaturge, susciter la pitié face à la souffrance d’Araminte : « Je suis si lasse
d’avoir des gens qui me trompent.
» La jeune veuve se sent....
»
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