dissertation trassard
Publié le 23/12/2015
Extrait du document
«
puis interviennent des éléments surnaturels qui ont été annoncé par divers indices.
On a ainsi d'un côté la vie ordinaire
de personnages ordinaires, puis de l'autre côté on a un élément surnaturel qui vient bouleverser cette vie banale.
C'est le
cas dans « Les patiences du bord de l'eau » où on passe d'une dimension réaliste au début de la nouvelle à une
dimension surnaturelle à la fin.
« Depuis quelques années déjà l'on disait qu'il n'y avait plus de saisons.
Une fois encore,
dès juillet, après un printemps plutôt sec, l'été s'était pourri.
» on commence par une portée généralisante, une rumeur du
village suivi de sa justification avec des termes campagnards qui font sens à tous paysans ; or au fur et à mesure de la
nouvelle le fantastique apparaît avec des traces de surnaturel comme la déliquescence ou la dimension apocalyptique de
la nouvelle.
Enfin, la fin de la nouvelle est totalement irrationnelle avec la disparition supposée de la jeune fille par
l'oiseau « A part une trace de pied nu qu'ils disaient certaine, ils ne trouvèrent que, pris à la boue, un livre sans
couverture – épais, les pages réunies – qui me fut ensuite apporté.
On a l'impression d'une présence maléfique qui aurait
fait disparaître la jeune fille, c'est une allusion à la magie.
Il y a ainsi dans cette nouvelle le passage du concret de la
campagne à l'abstrait.
En outre, certains lieux ( paysage lugubre, lieu isolé) et certains moments ( nuit, hiver) sont
propices aux manifestations surnaturelles.
Dans « Reconnaissances des dehors et des dedans d'une forêt », la forêt est un
lieu de mystère ; c'est un lieu où peut apparaître une sorcière, un hibou ( qui fait peur dans le monde paysan), ours, les
loups ; il y a tout ce qui se cache ; c'est un espace où on est pas à l'aise, où il y a un imaginaire antique.
Dans « Canada »
le leitmotiv de la neige qui en fait le protagoniste de la nouvelle est lié à l'hiver, on a donc une atmosphère mystérieuse :
on ne voit plus le chemin, les lieux habituels sont transformés, les traces de pas disparaissent et on a l'ombre et le silence
qui fait peur, propice au suspens dans les films fantastiques.
L'incertitude et le doute sont également au service du
fantastique.
Comme le dit J.C Pirotte : « le récit incertain ne raconte pas une histoire, il présente un narrateur qui
cherche à raconter une histoire, met en scène sa propre incertitude ».
Dans La Déménagerie on a une hésitation entre
une lecture subjuguée par d' « anciennes gravures » et une nature subjugante où un « signe des morts, un principe d'eux
émané qui se vêt aux nuances d'automne, tremble dans la campagne ».
Le doute fantastique est récurrent dans les
nouvelles de Trassard ; l'importance est accordée aux fins ambiguës : dans la première nouvelle, on ne sait pas si la
jeune femme s'est noyée, a été tué par le héron ou est montée avec l'oiseau ; le lecteur doit trouver un sens car le mystère
de la disparition de la jeune femme n'est pas résolu, la nouvelle se finit par un blanc.
2) De plus, le fantastique est proche de la poésie : on est ici dans l'imaginaire de Jean-Loup Trassard, le côté onirique du
fantastique.
Dans l'Ancolie , le champ lexical de la rêverie est omniprésent : « en rêvant » page 92, « lieux rêvés » page
97.
On a l'impression que certaines nouvelles sont des rêves.
Comme dit Abdelmadjid Kaouah dans La poésie à
plusieurs voix : Rencontres avec trente poètes d'aujourd'hui : « Le fantastique est au cœur de la poésie, dans ce sens
qu'elle dit les affres, qu'elle émerge toute gluante des profondeurs de l'être.
Aujourd'hui comme hier, nous sommes
toujours affolés par ces profondeurs de nous-mêmes, par ces affres.
Toute la complexité de l'âme humaine est là : peur,
désir de maîtrise, superstitions, inquiétude, conjurations, essai de rationalité, folie, adoration … L'homme est un être
pour le fantastique.
En littérature le fantastique rejoue une scène, remet en scène ce qui échappe à l'homme, ce qu'il
n'advient pas à admettre le concernant : qu'il demeure, malgré toutes les avancées de la science et de la technologie,
malgré les reculs des premières obscurités, des peurs primales, de toutes les élaborations de sa pensée et de ses projets,
un être archaïque, puéril, pulsionnel, voué à la mort.
Misérable.
Le fantastique exprime la dualité humaine, ses
déchirements, le non-sens apparent du monde ; il témoigne de l'existence de l'inconscient.
Ma poésie tente de ramener
tout cela à la surface, pétrit cette matière : la sexualité, les pulsions, les rêves, les peurs, la monstruosité,
l'animalité.
...
».
Comme tous les poètes romantiques, Trassard utilise l'écriture pour exprimer la vie, le monde, la
condition de l'homme et de l'écrivain : en somme toutes les choses qui l'entourent.
Ici, la précision se trouve dans
l'intérieur de Jean-Loup Trassard.
Il nous montre que « la littérature c'est la vie » comme nous le dit Proust, et même la
liberté.
Pour lui, écrire c'est se libérer, et un « moyen pour [lui] dans la rêverie et l'écriture de fuir la condition humaine,
ses interrogations, sa douleur, l'écoulement dramatique du temps » ( Entretien avec Arlette Bouloumié dans L'écriture
du bocage ) et même peut-être oublier ou faire son deuil ( notamment la mort de sa mère qu'il a perdu à 11 ans : « l'eau
nous rend notre mère » Bachelard dans L'eau et les rêves ).
L'Ancolie apparaît donc comme une « quête intime du sens et
des signes » d'après la quatrième de couverture.
Ainsi, l'imaginaire de Jean-Loup Trassard est très précis : il s'agit de
l'imaginaire rural de la Mayenne, et plus précisément de sa maison natale, son micro-territoire.
Il utilise cet espace
comme arrière-plan et tisse une trame narrative et un style poétique autour, comme c'est le cas dans « Canada » où
Trassard se rêve en voyageur et met en scène un paysan dans son territoire qui rêve d'être un trappeur.
Dans cette
nouvelle, Trassard joue avec les attentes du lecteur pour l'amener dans son imaginaire : il décrit le paysage mayennais
avec une telle précision qu'on croirait être au Canada : « Il était bien vivant, nomade emportant son feu, mais ceux de la
civilisation n'en pourraient recevoir aucune nouvelle, on attend que fonde la neige sans doute pour voir resurgir les
trappeurs », ici on a l'impression d'avoir sous nos yeux un chasseur, le vocabulaire rural canadien est dominant
« nomade », « feu », « trappeurs », « neige » , celui-ci se confond avec le vocabulaire rural mayennais dans le reste de la
nouvelle.
Ceci montre une envie d'ailleurs, de voyage, de sauvage.
Il en va de même de l'oeuvre Eschyle en Mayenne
qui est une relecture du théâtre d'Eschyle en Mayenne et non en Grèce, on peut voir la sensation du sable qui donne
l'impression d'être transporté en Grèce.
On a alors le rassemblement de deux mondes géographiques réels et de
l'imaginaire.
Deux autres imaginaires de Trassard sont nettement exploités dans les nouvelles : celui du végétal et celui
de l'eau.
3) Puis, la précision est au service du fantastique chez Trassard.
Ici la précision est dans l'écriture poétique.
Ainsi, l'écriture
de l'Ancolie est un univers fantastique à la poétique très marquée où les personnages sont en quête d'une fusion avec le
règne animal ou végétal.
Les métamorphoses ou transformations chères à l'univers fantastique et surnaturel sont
récurrentes dans l'imaginaire de Jean-Loup Trassard.
C'est la « materia mater » ( Jean-Pierre Richard) qui est un désir de
fusion avec toutes les formes de la matière.
Chaque nouvelle ou presque comprend des éléments métamorphosés : on a
la présence de la sève qui est le fruit d'une métamorphose dans « Reconnaissance des dehors et des dedans d'une forêt »,
on passe du jour en demi-nuit ; « la neige » page 140 est la fusion d'eau et de glace, « la boue » celle de la terre et de.
»
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