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Dom Juan Acte 1 scène 2 - Molière

Publié le 05/09/2018

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Cette cruauté manifeste n’ébranle en aucune façon Dom Juan car elle est soutenue par son orgueil. Dans son discours, Dom Juan affirme sa supériorité face aux « ridicules » fidèles qu’il méprise. Il se sent spécial, important et surtout indispensable aux femmes : « une belle n’engage point mon âme à faire injustice aux autres » l. 53, « toutes les belles ont le droit de nous charmer » l. 47 (c’est un droit qu’on leur accorde, comme une faveur). En cela, Dom Juan manifeste un narcissisme et un orgueil démesuré. L’utilisation du mot « maître » l. 68, montre le mépris qu’il a envers les femmes lorsqu’elles lui cèdent, il les traite en objet et affirme sa suprématie. L’emploi du terme «injustice » l. 53 est une exagération par laquelle il affirme que ce serait une injustice de priver les femmes de ses faveurs, il se pose comme un « dieu » parmi les femmes. Dans la fin de sa tirade, le séducteur se compare à Alexandre le Grand, légendaire conquérant militaire et se considère comme lui fondateur d’un immense empire. Il est loin de se montrer modeste, il a en effet, une très haute opinion de lui-même. Son discours structuré par des éléments d’amplification et d’intensité (« toute la terre » l. 79, « rien » l. 73) et la parataxe témoigne de la mégalomanie de Dom Juan qui voudrait toutes les femmes à ses pieds. De plus, dansles aventures amoureuses qu’il mène comme des batailles, ce séducteur n’envisage jamais la l’éventualité d’un échec. Il se sent un éternel gagnant et utilise de nombreux mots du champ lexical de la victoire : « réduire » l.61, « vaincre » l.66, « maître » l.68, « triompher » l.74, « de victoire en victoire » l.76. La confiance en soi, initialement qualité, devient chez Dom Juan un défaut détestable, car démesuré ; elle le fait devenir présomptueux.

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« les promesses faites lors du mariage).

L’amour que porte Dom Juan aux femmes varie avec leur beauté, son aspect éphémère est ainsi révélé.

Ce discours est également révélateur du fait que Dom Juan plus passif qu’actif, poursuivi plus que conquérant (« beautés qui nous peuvent frapper » l.45, « nous charmer » l.

47, « je cède », « la beauté me ravit », verbe « ravir » pouvant signifier voler ou dérober), obéit en fait aux données de chaque situation qui se présente plus qu’à un projet déterminé.

D’abord séduit, emporté par la beauté, il ne devient conquérant, dit- il, que dans un second temps. Principalement dans la deuxième moitié de sa tirade, Dom Juan assimile la conquête amoureuse à une conquête militaire.

Il associe l’amour à une bataille, à une lutte (« peine à rendre les armes » l.

65) dans laquelle il amène les femmes à se rendre (« réduire » l.

61).

De la ligne 61 à la ligne 68, Dom Juan explique et loue ce qu’il aime dans son processus de conquête : « réduire », « combattre », « forcer », « oppose », « vaincre », « rendre les armes ». il structure une phrase de huit lignes par une accumulation, l’emploi de la parataxe et des figures hyperboliques : « à réduire par cent hommages…à combattre par des transports, par des larmes…à forcer…à vaincre… ».

Dans la première partie de la phrase, on peut même parler de parallélisme (à + verbe à l’infinitif + par + nom).

La parataxe et l’accumulation permettent d’apporter une impression de précipitation et d’emportement dans le discours.

Dom Juan semble alors avoir une totale conviction en ce qu’il dit et sa parole emportée rappelle bien la lutte à laquelle il associe l’amour.

Le champ lexical de la conquête est prédominant : « réduire », « combattre », « triompher de la résistance », « conquérants », « victoire », « conquête », « rendre les armes ».

La fin de la tirade peut être vue comme une métaphore filée de la conquête militaire, notamment avec la référence à Alexandre à qui se compare Dom Juan.

L’objet de cette métaphore est sans doute l’ambition et les victoires du conquérant semblables à al volonté sans limite du séducteur à collectionner les femmes.

Dom Juan manifeste en effet, un désir de soumettre sans borne : « d’autres mondes », « étendre » ».

A cette soif avide de conquêtes, il associe une certaine forme de violence : « vaincre », « combattre », « impétuosité ».

On a aussi l’oxymore « douce violence » l. 51 par lequel Dom Juan rapproche deux termes incompatibles (l’amour et la violence) mais qui sont pour lui indissociables.

C’est un amour dynamique (il ne faut pas « s’endormir » l.

70-71, nécessité de conquérir de nouvelles femmes…) et qui privilégie les défis.

Dom Juan est en effet intéressé par des femmes difficiles à séduire, en apparence inaccessibles ; car l’excitation est pour lui d’autant plus importante que l’obstacle est grand.

Le séducteur, quelle que soit la résistance de la femme qu’il projette de séduire, ne craint pas l’échec, il n’envisage jamais une quelconque défaite : « perpétuellement de victoire en victoire » l.73.

Dans sa tirade, on peut distinguer ce qui relève de l’autoportrait de ce qui procède d »un discours plus général sur la fidélité et le désir.

Les marques de la personne permettent de faire cette distinction.

Le sens du passage «de « je » à « on » ou « nous » permet de délimiter les passages d’autoportrait où Dom Juan avec le « je » affirme son individualité, ses caractéristiques propres. Un des premiers traits caractéristiques du « donjuanisme » est sans doute l’hypocrisie.

Dom Juan est en effet un parfait comédien et l’art de l’hypocrisie est l’outil principal dans sa stratégie de séduction.

L’amour est pour lui comme une guerre, tout y est permis, même le mensonge.

Il joue le rôle de l’amoureux épris comme jamais en imitant des gestes et des mimiques.

C’est une comédie qui insiste aussi sur les apparences et les faux semblants : « des larmes » l.

64, « des transports » l.63, « cent hommages » l.61, « des soupirs » l.64.

Dom Juan insiste aussi sur les procédés d’exagération, d’amplification dans la mise en scène qu’il établit pour faire céder le cœur des femmes. Au fil des jours où il « traque sa proie », son jeu d’acteur évolue : « progrès » l.63, « la mener doucement où nous avons envie de la faire venir » l.

67-68.

Dom Juan avance progressivement d’étape en étape comme dans un processus préétabli, sa comédie est ainsi très mécanique.

Il désigne d’abord ses futures conquêtes avec un vocabulaire mélioratif : « jeune beauté » l.

62, « l’innocente pudeur » l.

64.

Et dès lors qu’il les possède, ses femmes initialement vertueuses et innocentes deviennent à ses yeux des femmes faciles.

Dans son jeu d’hypocrite, Dom Juan feint d’accorder un certain respect aux femmes qu’il convoite et qu’il n’a pas, mais aussitôt que ces femmes se laissent séduire, le masque du séducteur tombe ; il révèle sa vraie nature et retire son respect apparent au bénéfice du mépris.

Elles ne s’accordent plus avec son instinct de chasseur : « lorsqu’on en est maître…la passion est finie » l.

68-70.

Ces femmes conquises deviennent comme des trophées gagnés dont il n’a plus rien à tirer, l’envie et la passion qu’il éprouvait s’évanouissent.

Il les abandonne car il n’aime que ce qu’il n’a pas, il ne trouve d’excitation que dans l’inaccessible.

Ainsi le jeu hypocrite du libertin est -il doublé de sa cruauté manifestée dans son. »

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