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Dostoïevski, Le Double p. 152-156 : "Bon, mais, supposons [...] personne ne le remarque…".

Publié le 09/10/2023

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« Dostoïevski, Le Double p.

152-156 : "Bon, mais, supposons [...] personne ne le remarque…". Introduction ⦁ Bakhtine, La Poétique de Dostoïevski, Seuil, 1970, p.

298 : « L’intrigue de Goliadkine avec son double se développe donc sous l’aspect d’une crise dramatisée de sa conscience de soi […].

L’action ne dépasse pas les limites de la conscience de soi ». ⦁ Extrait qui marque une rupture entre les deux doubles.

La proximité entre les doubles lors du repas arrosé a rapidement laissé place aux provocations sournoises de Goliadkine.

Cet extrait montre la prise de conscience de G quant au danger social et moral représenté par son double. C’est à la fois le moment d’une prise de conscience, mais aussi d’un enfermement dans la conscience de G, qui structure tout le texte.

Tension entre ces deux directions.

Extrait en diptyque : d'une part le discours intérieur de G, extrêmement confus, qui montre la cristallisation de son inquiétude, d'autre part l’événement du vol des pâtés.

D'une part, une réflexion métaphysique (sur le sens, l’origine et la cause du double), d'autre part une sorte de farce burlesque qui met en application ces réflexions.

La fin de l’extrait en revient aux réflexions de Goliadkine, par un effet d’enchâssement qui montre l’enfermement de la pensée. ⦁ Problématique : Comment la confrontation avec le double provoque-t-elle une distorsion entre illusion et réalité?/Comment la prise de conscience du personnage l'enferme-t-il paradoxalement dans une folie plus profonde? Plan : I.

La « substitution » de Goliadkine : en théorie et en acte II.

De la fantaisie au fantastique : variations sur l’étrange III.

Retranscrire le délire : le fantastique psychologique I.

La « substitution » de Goliatkine : en théorie et en acte 1.

De l’acceptation à la révolte Le monologue est le lieu d’une évolution psychologique du personnage, et illustre la manière dont s’installe la résistance progressive du personnage face à son double. ⦁ face à l’existence du double, Goliadkine : - tente d’abord de relativiser : « voilà ! Bon, Et alors ? Bon, bah, rien ! » (l.

2) > il coupe court à d’éventuelles réflexions et préfère se limiter au constat (« voilà »),cf.

ponctuation, Q. rhétoriques, interjections. - puis essaie de se convaincre qu’il s’agit d’un bienfait : « Il y a même quelque chose de touchant là-dedans »(l.

4-5).

Adj mélioratif. - la phrase pivot : « ç’aurait été mieux, tout ça […] s’il n’y en avait pas du tout, de jumeaux…» (l.

8-9).

L'expression de l'hypothèse fait basculer le perso de l’acceptation au refus.

Ce basculement est souligné par la variation dans l’intonation (« reprenant son souffle et baissant un peu la voix » l.

7-8) qui apporte une forme de solennité aux propose qui vont suivre.

L’ambiguïté référentielle de « ça » dans « si ça n’avait pas existé » (l.

8) introduit le rejet de la situation en elle-même et annonce aussi celui de l’autre, du double (qui deviendra rapidement un adversaire). ⦁ pdt le monologue, Goliadkine passe de l’affliction (« Cette cuisine qu’ils nous ont faite, tous les démons !» l.

11 ) à la révolte « Ah, quelle malédiction !» l.

14).

Progression importante dans le texte, car jusqu’à présent, Goliadkine, comme tous les autres personnages, ne s’étonnait pas de l’existence de son double, dont la présence paraissait toute naturelle. → moment qui marque la dissociation entre les doubles, et la conscience d’une cohabitation impossible. 2.

Un dualisme manichéen ⦁ pour exister face à son double, Goliadkine orchestre alors une répartition des rôles, qui justifie leur existence commune : il y aura le gentil et le méchant Goliadkine.

G fixe avec tâtonnement cette répartition : - il mêle hypothèses et affirmations, se rassurant en assignant un rôle à chacun : « Je parie, il serait capable de conduire mal » (l.

13) (conditionnel + hypothèse assumée avec « je parie)/répétition de l’affirmation « c’est une canaille ». - projection hypothétique dans un dialogue possible, discours direct imaginaire : « on dira, voilà, ce Goliadkine-là, c’est une canaille, lui, ne le regardez pas, et ne le confondez pas avec l’autre » (l.

16-17). ⦁ après cette répartition des rôles, l’anecdote des pâtés apparaît comme une mise en application, avec un Goliadkine qui subit l’affront, et l’autre Goliadkine dépeint de manière démoniaque. Opposition qui transparaît sur le mode burlesque dans l’affaire des pâtés, qui oppose le « vrai » Goliadkine, en retrait, et l’autre, tout en provocation et en traîtrise. 3.

Le double : du danger d'être deux Malgré cet effort de justification, qui définit une place morale précise à chacun des deux Goliadkine, la dualité continue à poser problème : ⦁ risque de confusion : la dissociation morale ne supprime pas le problème de la ressemblance entre les doubles.

Cette idée s’impose confusément à l’esprit de Goliadkine : « voilà ! Bon, c’est bien… mais, si, l’autre… Mais, eux, l’autre, ils… ils confondaient !» (l.

18-19).

Après des tâtonnements, répétitions, suspensions, le mot est lâché comme une bombe qui montre la prise de conscience subite du personnage.

La satisfaction d’avoir trouvé une solution au problème est vite balayée par le doute, explicité par la formule hypothétique (si) et par une confusion dans l’expression qui traduit le trouble de Goliadkine. ⦁ menace de substitution : puisqu’il ne semble pas y avoir de raison valable justifiant la coexistence des deux Goliadkine, le héros en vient rapidement à la conclusion qu’une « substitution » finira par arriver : « Il va vous le substituer, le bonhomme, il va vous substituer » (l.

20).

La dissociation morale n’est pas un rempart à la substitution.

Cette supposition est confirmée par l’anecdote des pâtés, et G qui conclut : « Il m’a substitué, l’ordure ! », l.

68-69).

Le passage marque ici la victoire de « l’autre M.

Goliadkine, le nouveau M.

Goliadkine » (l.

62). ⦁ Goliakine objet : comparaison dépréciative « comme une serpillère, il va vous le substituer, et il ne se dira pas, lui, que, l’homme, ce n’est pas une serpillière » (l.

21-22).

Cette image du chiffon symbolise le déficit d’être/le fait de n'être rien, dont souffre le personnage dès le départ, qui constitue son essence d’anti-héros, et qui est programmé de manière onomastique (la racine Gol signifiant quelque chose de nu, de pauvre, de dépouillé). II.

De la fantaisie au fantastique : variations sur l’étrange Dostoïevski renoue avec le caractère extravagant du fantastique : il mêle le grotesque et la terreur, le comique et le tragique.

Cet extrait est exemplaire de cette collusion de tonalités et de registres, qui dénote une conception particulière du fantastique. 1.

La présence du mystère, du canular à l’interrogation métaphysique ⦁ l'absence d’explication : « Et pourquoi donc a-t-il fallu tout ça ?» (l.

9-10).

Ce qui relie les deux parties de l’extrait, c’est la recherche de sens, l’effort de compréhension de G pour tenter de comprendre ces événements étranges.

Cf.

mots interrogatifs et modalité interr dans tout l'extrait. ⦁ la réflexion métaphysique sur la nature du double, présenté comme un mystère que G n’arrive pas à résoudre.

Connotation presque tragique à travers l’invocation divine : « Et quelle nécessité particulière, là-dedans, et absolument impérieuse ?! Jésus !» Phrases excl et apostrophes divines. ⦁.... »

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