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DU BARTAS Guillaume de Salluste : sa vie et son oeuvre

Publié le 22/11/2018

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DU BARTAS Guillaume de Salluste, seigneur (1544-1590). L’œuvre poétique colossale de Du Bartas peut être considérée comme la plus caractéristique d’un genre qui fit fortune à la Renaissance, sous des plumes aussi diverses que celles de Maurice Scève, Baïf, Belleau et Ronsard. Poème « scientifique », la Semaine, qui parcourt le cycle des connaissances humaines exposées suivant les six premiers jours de la Création, marque le terme et l’apogée d’une épistémé fondée sur une conception symbolique de l’univers : du haut en bas de l’échelle des êtres, les créatures échangent d’infinies correspondances, qui trouvent dans la métaphore leur expression immédiate. Du Bartas, maître de l’esthétique baroque, suscite aujourd’hui un regain d’intérêt, par l’attention qu’il a prêtée au jeu du signifiant. Harmonies imitatives, équivoques, pointes répètent le cosmos dans le choc des mots.

 

Un poète au-dessus de la mêlée

 

Né à Montfort, près d’Auch, d’une famille de riches marchands bientôt anoblie (1565), il fait de solides études, qu’il complète à l’université de Toulouse, où il suit les leçons de Cujas. Docteur en droit en 1567, il a hérité l’année précédente des biens considérables laissés par son père, ainsi que du récent titre de noblesse acquis par celui-ci. Installé dans son domaine du Bartas et protégé par Jeanne d’Albret, reine de Navarre, il se voue, plus qu’à l’exercice du droit, à un intense labeur poétique d’inspiration protestante ou cosmique. Ses premiers essais, qui avaient été couronnés en 1565 lors des jeux Floraux de Toulouse, font place à de longs et puissants poèmes didactiques à dominante religieuse : Judit, Uranie, le Triomfe de la foi (1567-1572). Il prend part aux guerres de Religion et s’engage du côté de la maison de Navarre, à laquelle sa fortune est attachée et dont il devient officier en 1576. Il compte néanmoins des amis dans le parti adverse, tels Guy du Faur de Pibrac ou le Bordelais Pierre de Brach. Son engagement au service de la Réforme ne revêt jamais le caractère intransigeant ou féroce que l’on trouve au même moment chez d’Aubi-gné. C’est à celui-ci qu’il présente le brouillon de la Semaine, vaste poème de la création du monde, où le texte de la Genèse s’enrichit de toute la science cosmologique de la Renaissance. L’œuvre, publiée en 1578, le fait immédiatement considérer comme le rival de Ronsard. A cette gloire littéraire s’ajoutent les honneurs politiques : gentilhomme ordinaire du roi de Navarre depuis

« 1585, il conduit auprès de Jacques VI d'Écosse une ambassade solennelle (1587); il se rend également au Danemark.

Quelques semaines après avoir chanté la vic­ toire d'Ivry, il meurt des suites d'anciennes blessures, alors qu'il combat contre la Ligue à Condom.

Il laissait inachevée la Seconde Semaine ou Enfance du monde, second volet d'une fresque poétique qui aurait retracé 1 'histoire de l'humanité jusqu 'au Jugement dernier.

Une poésie encyclopédique Calviniste austère et méthodique, Du Bartas n'a rien de la fougue de son coreligionnaire d'Aubigné.

A l'âge où celui-ci sacrifie aux démons érotiques qui peuplent le Printemps, Guillaume de Salluste formule un art poéti­ que des plus glacés.

Uranie, « la très chaste Muse de l'a polo gétique :�.

pour faire nôtre 1 'expression d'Albert­ Marie Schmidt, réclame du poète qu'il n'éloigne jamais dans ses vers Le sçavoir du plaisir, le jeu de la doctrine.

L'intention didactique prévaut; le jeu -des vers et des sonorités --n'est là qu'à titre d'artifice pédagogi­ que, destiné à faciliter l'assimilation par le lecteur d'un savoir universel.

La cosmologie antique, l'histoire natu­ relle selon Pline l'Ancien, la médecine d'Hippocrate sont ainsi mises à contribution et dûment versifiées en alexan­ drins rigides.

A quoi s'ajoutent les synthèses récentes des cosmographes modernes et leurs lourdes nomencla­ tures où brille.

ici et là, l'exotisme d'objets «inventés» par les grandes découvertes.

tels que cette noix de coco, à laquelle du Bartas consacre un hymne enthousiaste.

Par cette volonté de mettre en rimes l'univers des connaissances humaines, Du Bartas ne fait du reste qu'il­ lustrer un genre particulièrement fertile à la Renais­ sance : celui de la poésie scientifique, où s'étaient illus­ trés avant lui Maurice Scève, J .-A.

de Baïf, J.

Peletier du Mans, auteurs qu'il pille sans vergogne.

Vates inspiré, démiurge répétant par le verbe et la rime la création divine, le poèt. »

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