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DUMÉZIL (Georges)

Publié le 10/03/2019

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DUMÉZIL (Georges), historien français (Paris 1898 id. 1986). Directeur d'études à l'École pratique des hautes études (1935) puis professeur au Collège de France (1949-1968), il s'est attaché, par la comparaison des mythologies, à retrouver le « dynamisme de l'esprit humain ». Contre les réductions linguistiques d'Antoine Meillet, il entreprend de restaurer l'image de la civilisation indo-européenne, déduisant un système de pensée d'une « superposition » des anciens textes épiques et religieux, en particulier des textes relatifs aux origines romaines {Horace et les Curiaces, 1942 ; la Religion romaine archaïque, 1966), et allant jusqu'à donner, sur le mode du « divertissement », un véritable pastiche de sa méthode dans le Moyne noir en gris dedans Varennes (1984), à propos de l'analyse d'un quatrain de Nostradamus. Analyse interne et analyse structurale (par différenciation, contraste et apparentement) mettent au jour la constante de l'ensemble indo-européen : l'idéologie trifonc-tionnelle. La société et le monde même, considéré dans sa totalité ou dans tel de ses aspects particuliers, vivent et durent par le jeu de trois fonctions hiérarchisées : au sommet, la puissance souveraine qui prend deux aspects, l'un magique, l'autre juridique ; puis la force physique principalement représentée par le guerrier ; enfin, la fécondité, qui touche humains, animaux et végétaux, et appelle les concepts de santé, de beauté, de jeunesse, de volupté. Cette idéologie ne commande pas une expression directe mais symbolique, lisible dans la théologie, dans les mythes, dans la littérature épique, dans l'histoire même qui oblige à interpréter annales et chroniques suivant cette image « idéale » de l'ordre social. De l'Inde jusqu'à Rome et en Scandinavie (Loki, 1948; les Dieux des Germains, 1959; Apollon sonore, 1982 ; la Courtisane et les Seigneurs colorés, 1984 ; l'Oubli de l'homme et l'honneur des dieux, 1985), se dessine ainsi un seul et vaste système de représentation sociale, qui apparaît par intermittence chez Platon, chez Virgile, dans la structure de la monarchie française, et même chez les Allemands d'après 1918 : tant il est vrai qu'un peuple ne peut vivre sans mythes. Cette lecture comparée et continue dégage une structure théologique première et unique, dont, chez les Indo-Iraniens, les anciens Romains et les Scandinaves, seuls les noms diffèrent : Mitra et Varuna, Indra, les Açvin chez les premiers ; Jupiter, Mars, Quirinus chez les seconds ; Odin, Thor, Freyr chez les troisièmes. Chacun de ces peuples, par ses récits fondateurs, redouble, de manière différente, cette structure tri-partite : les Indiens développent une poésie épique qui aux divinités substitue des héros terrestres ; les Romains, afin de dire leur histoire, identifient ces trois fonctions à des rois qui, successivement, confèrent à la société ses attributs : la puissance, dont Romulus symbolise l'aspect magique et Numa l'aspect juridique ; puis la force guerrière avec Tullus Hostilius ; la prospérité enfin avec Ancus Martius. Les traditions mythiques et légendaires, des races d'Hésiode aux peuples divins d'Irlande, témoignent de

 

la persistance de ce modèle. Avec Mythe et Épopée (1968-1973) et Romans de Scythie et d'alentour (1978), Dumézil propose une lecture transversale des littératures épiques de l’Inde, de Rome et du Caucase, en faisant se correspondre les images du héros, du roi et du sorcier. Il contribue ainsi à élucider l'historiographie romaine, et, plus essentiellement, à travers la continuité du thème indo-européen, à marquer l'origine du littéraire, comme il l'avait déjà fait avec Du mythe au roman (1970), où il montre comment la transcription en prose de la Saga de Hadingus fait « sortir » le roman de l'épopée parce que la narration devient une fin en soi.

« considéré dans sa totalité ou dans tel de ses aspects particuliers, vivent et durent par Je jeu de trois fonctions hiérarchi­ sées : au sommet, la puissance souve­ raine qui prend deux aspects, l'un magi­ que, l'autre juridique; puis la force physique principalement représentée par Je guerrier; enfin, la fécondité, qui touche humains, animaux et végétaux, et appelle les concepts de santé, de beauté, de jeunesse, de volupté.

Cette idéologie ne commande pas une expres­ sion directe mais symbolique, lisible dans la théologie, dans les mythes.

dans la littérature épique, dans l'histoire même qui oblige à interpréter annales et chroniques suivant cette image « idéale » de l'ordre social.

De l'Inde jusqu'à Rome et en Scandinavie (Loki, 1948 ; les Dieux des Ger17Ulins, 1959 ; Apollon sonore, 1982; la Courtisane et les Seigneurs colorés, 1984 ; l'Oubli de I'Jwmme et l'honneur des dieux, 1985), se dessine ainsi un seul et vaste systéme de représentati on sociale, qui apparaît par intermittence chez Platon, chez Virgile, dans la structure de la monar ­ chie française, et même chez les Alle­ mands d'après 1918 : tant il est vrai qu'un peuple ne peut vivre sans mythes.

Cette lecture comparée et continue dégage une structure théologique pre­ mière et unique, dont, chez les Indo­ lraniens, les anciens Romains et les Scandinaves, seuls les noms diffère nt : Mitra et Varuna, Indra, les Açvin chez les premiers ; Jupiter, Mars, Quirinus chez les seconds ; Odin.

Thor, Freyr chez les troisièmes.

Chacun de ces peuples, par ses récits fondateurs, redouble, de manière différente, cette structure tri­ partite : les Indiens d6veloppent une poésie épique qui aux divi.nités substitue des héros terrestres ; les Romains, afin de dire leur histoire, identifient ces trois fonctions à des rois qui, successivement, confèrent à la société ses attributs : la puissance, dont Romulus symbolise l'aspect magique et Numa l'aspect juridi­ que ; puis la force guerrière avec Tullus Hostilius ; la prospérité enfin avec Ancus Martius.

Les traditions mythiques et légendaires.

des races d'Hésiode aux peuples divins d'Irlande.

témoignent de la persistance de ce modèle.

Avec Mythe et Épopée ( 1968-1973) et Romans de Scythie et d'alentour (1978), Dumézil propose une lecture transversale des littératures épiques de l'Inde, de Rome et du Caucase, en faisant se correspon­ dre les images du héros, du roi et du sorcier.

Il contribue ainsi à élucider l'historiographie romaine, et, plus essen­ tiellement, à travers la continuité du thème inde--européen, à marquer l'ori­gin e du littéraire, comme il l'avait déjà fait avec Du mythe au roman ( 1970), oil il montre comment la transcription en prose de la Saga de Hadingus fait «sortir» le roman de l'épopée parce que la narration devient une fin en soi.. »

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