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Écrits théoriques

Publié le 27/03/2015

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La mission civilisatrice du dramaturge

Dans ce passage de la préface de Lucrèce Borgia, Hugo identifie le rôle du dra¬maturge à une véritable mission moralisatrice et civilisatrice. Comme l'es¬thétique du drame qui repose sur une alliance objective des contraires, sa morale apparaît quand se retrouvent confrontés le sublime et le grotesque, la grandeur et la misère, la vie et la mort. Le spectacle du mal doit être en permanence vivifié par la représentation du bien, comme le sublime doit être ravivé par la menace du grotesque. (Voir Approche 4, p. 129).

Le drame, mélange de comique et de tragique

 

Huit ans après Hernani, la préface de Ruy Blas réaffirme les principes du drame. Cherchant à donner à son analyse le prestige d'une démarche scientifique, un peu à la manière dont procédera plus tard Zola, dans le Roman expérimental, Hugo cherche à saisir, en la classant par catégories, la diversité des publics du théâtre, pour déterminer ce que doit être le drame romantique s'il veut satisfaire tous ces publics. L'écrivain commence par distinguer trois sortes de public allant au théâtre : les femmes, les penseurs et le peuple. Puis il montre que le drame romantique répond aux attentes de chacun.

« LE DRAME ROMANTIQUE il~~ce>uleur JC>C:3:~~ En 1827, Hugo publie une importante théorie du drame romantique, en guise de préface à son drame intitulé Cromwell.

L'extrait ci-dessous affirme le lien entre le drame romantique et l'histoire.

Après avoir montré que le premier travail du dramaturge doit être de se documenter ("l'art feuillette les siècles,feuillette la nature, interroge les chroniques»), afin d'atteindre son but («ouvrir au spectateur un double horizon, illuminer à la fois l'intérieur et l'extérieur des hommes»), il insiste sur la façon dont le drame doit représenter l'histoire («ce n'est pas à la surface de l'œuvre que doit être la couleur locale, mais au fond, dans le cœur même de l'œuvre »).

On conçoit que, pour une œuvre de ce genre, si le poète doit choisir dans les choses (et il le doit), ce n'est pas le beau mais le caractéristique.

Non qu'il convienne de faire, comme on dit aujourd'hui, de la coukur locale, c'est-à-dire d'ajouter après coup quelques touches criardes çà et là sur un ensemble du reste parfaitement faux et conventionnel.

Ce n'est point à la surface du drame que doit être la couleur locale, mais au fond, dans le cœur même de l'œuvre, d'où elle se répand au dehors, d'elle-même, naturellement, égale­ ment, et, pour ainsi parler, dans tous les coins du drame, comme la sève qui monte de la racine à la dernière feuille de l'arbre.

Le drame doit être radi­ calement imprégné de cette couleur des temps; elle doit en quelque sorte y être dans l'air, de façon qu'on ne s'aperçoive qu'en y entrant et qu'en en sor­ tant qu'on a changé de siècle et d'atmosphère.

(Victor Hugo, Préface de Cromwell, 1827) (] La n~c:essité du vers au t~~âtre Ce passage fameux de la préface de Cromwell est un plaidoyer en faveur de l'emploi du vers au théâtre.

À la différence de Stendhal, qui dénonçait l'as­ pect apprêté du vers, Hugo n'entend pas, même au nom de la liberté, renoncer à la poéticité d'un énoncé.

Mais il ne fait pas du vers une fin en soi: il le libère des contraintes de la prosodie classique pour faire entrer dans le mètre la prose des dialogues.

Il prône un usage revu et corrigé de l'alexandrin, qui déplace les limites du vers et lui donne toute son efficacité.

Si nous avions le droit de dire quel pourrait être, à notre gré, le style du drame, nous voudrions un vers libre, franc et loyal, osant tout dire sans pru­ derie, tout exprimer sans recherche; passant d'une naturelle allure de la comédie à la tragédie, du sublime au grotesque; tour à tour positif et poé­ tique, tout ensemble artiste et inspiré, profond et soudain, large et vrai; sachant briser à propos et déplacer la césure pour déguiser sa monotonie d'alexandrin; plus ami de l'enjambement qui l'allonge que de l'inversion qui l'embrouille; fidèle de la rime, cette esclave reine, cette suprême grâce de notre poésie, ce générateur de notre mètre; inépuisable dans la variété de ses 135. »

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