Eloge de la folie Lecture Analytique
Publié le 06/10/2012
                             
                        
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                                «
                                                                                                                            bien agréable  ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Volonté d’être concret par la multiplication d’exemples, et l’association de saint aux «  
miracles   » qu’ils sont censés accomplir : «   s’ils aperçoivent un Polyphème, (…) ils ne mourront pas  
dans   la   journée…   »   (le   choix   de   l’hypothétique   n’est   à   ce   titre   anodin   puisqu’il   permet   de   ne   pas  
utiliser de connecteur entre les deux proposition signifiant ainsi l’absence de lien logique entre les 2  
actions même si elles sont associées.
                                                            
                                                                                
                                                                    De même, il utilise des énumérations et des renchérissements : «  
tant   de   parjures,   tant   de   débauches,   tant   d’ivrogneries,   tant   de   rixes,   tant   de   meurtres,   tant  
d’impostures, tant de perfidies, tant de trahisons   »(énumération)/ «   non seulement à soulager l’ennui  
des  heures, mais  aussi à  procurer quelque profit,  surtout  pour les  prêtres et les  prédicateurs   »  ou «  
sont   approuvées   non   seulement   du   vulgaire   mais   de   ceux   qui   enseignent   la   religion   »  
(renchérissement).
II.
                                                            
                                                                                
                                                                    La dénonciation de la religion
Si la critique de la crédulité humaine se fait de façon légère, la dénonciation de la religion qui est faite  
doit   être   considérée   avec   plus   de   sérieux,   car   les   religieux   manipulent   le   peuple,   eux,   étant   plus  
instruits, ils encouragent l’absence de sens critique du peuple pour mieux le posséder et en tirer profit.
1.
                                                            
                                                                                
                                                                    L’hypocrisie : un repentir de façade
La première critique mise en relief par le texte est le fait que la religion chrétienne favorise un repentir  
apparent,   de   façade,   totalement   disproportionné   vis-à-vis   des   fautes   qu’il   est   supposé   racheter.
                                                            
                                                                                
                                                                     
Disproportion entre les attentes et les efforts : «  ceux qui s’appuient sur certaines petites formules ou  
prières magiques qu’un pieux imposteur a inventées pour son plaisir ou son profit, et s’en promettent  
tout   :   richesses,   honneurs,   plaisirs,   abondance,   santé   toujours   florissante,   très   longue   vie,   verte  
vieillesses, et pour finir une place auprès du Christ, mais le plus tard possible, quand les voluptés de  
cette vie les abandonneront, malgré leurs efforts opiniâtres pour les retenir, et céderont la place aux  
délices célestes   ».
                                                            
                                                                                
                                                                    Ton  ironique, présence d’oppositions : longueur excessive de la 2ème partie de la  
phrase   faisant   état   des   attentes,   par   rapport   aux   efforts   déjà   minimisés   par   une   caractérisation  
péjorative («   petites », « magiques » , ou l’oxymore ironique : «   pieux imposteur   »).
                                                            
                                                                                
                                                                    Au contraire, les  
attentes sont amplifiées par le pronom indéfini «  tout  », l’énumération qui suit, l’utilisation de pluriels,  
la   multiplication   d’adjectifs   mélioratifs   et   qui   donne   l’impression   que   le   phrase   qui   devrait   être  
terminée ne cesse d’être rallongée.
                                                            
                                                                        
                                                                    On trouve le même procédé à l’inverse quelques lignes plus loin,  
cette fois c’est l’énumération de méfaits qui s’oppose au faible investissement qui doit les effacer : «  
estime que tant de parjures, tant de débauches, tant d’ivrogneries, tant de rixes, tant de meurtres, tant  
d’impostures, tant de perfidies, tant de trahisons sont rachetés comme par un comme par un contrat,  
et   si   bien   rachetés   qu’il   peut   maintenant   repartir   à   neuf   pour   un   nouveau   cycle   de   crimes   ».
                                                            
                                                                                
                                                                      La  
disproportion   entre   les   crimes   et   les   actes   de   repentir   permettant   soit-   disant   le   pardon   est   mise   en  
avant par le choix des métaphores utilisées : «   s’imagine, avec une petite pièce de monnaie prélevée  
sur   ses   rapines,   avoir   purifié   d’un   seul   coup   ce   marais   de   Lerne   qu’est   sa   vie   »   (métaphore   :   vie  
comparée à un marais malsain, celui où vivait l’hydre de Lerne mythologique tué par Hercule).
2.
                                                            
                                                                                
                                                                      La   religion   chrétienne   mise   sur   le   même   plan   que   les   croyances   irrationnelles   et   les  
superstitions
La religion est progressivement mise en cause au sein même des exemples.
Habile transition entre de véritables superstitions et des pratiques chrétiennes ce qui implicitement les  
place   sur   le   même   plan   :   on   passe   ainsi   insensiblement   de   ceux   qui   adorent   le   cheval   de   Saint  
Hippolyte,   sorte   de   paroxysme   dans   l’énumération   d’exemples   de   croyances   populaires   à   ceux   qui  
comptent avec précision la durée de leur séjour au Purgatoire (ce qui n’est pas encore tout à fait une  
pratique   chrétienne)   aux   prières   prononcées   pour   demander   le   pardon   du   seigneur.
                                                            
                                                                                
                                                                      On   voit   donc  
comment Erasme a réussi à faire des rites religieux une manifestation supplémentaire de la croyance  
des   hommes   dans   des   superstitions.
                                                            
                                                                                
                                                                        D’ailleurs   le   sens   critique   du   lecteur   est   déjà   sollicité   lors   des  
différents   exemples,   il   devra   donc   se   méfier   vis-à-vis   de   ce   qui   lui   est   relaté   :   la   répétition   de   «  
certains   »   marquant   justement   le   caractère   incertain   de   ce   genre   de   croyances   est   un   indice   du   fait  
qu’il faut rester vigilant : «  si on rend visite à saint Erasme  (ironie),  certains jours, avec certains petits  
cierges, certaines petites prières, on deviendra bientôt riche  ».
                                                            
                                                                                
                                                                    De même, il souligne la «  magie  » qu’il  
associe depuis le début du texte à la religion lorsqu’il dit : «  tant de parjures, tant de débauches, tant  
d’ivrogneries,   tant   de   rixes,   tant   de   meurtres,   tant   d’impostures,   tant   de   perfidies,   tant   de   trahisons.
                                                                                                                    »
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