Elsa, de la femme réelle au mythe poétique (Aragon)

« E X P 0 S É S F C H E S téristiques: le bleu qui sera la couleur emblén1atique d'Elsa, leur éclal, leur protOn­ deur ( « tes yeux i,ont &Î profonds >-> ), leur grandeur.

Au commence1nent de !' érolique aragonienne, il y a le regard, la fascination pour les yeux de la fe1nme airnée : «Elles diront Ces yeux sont les yeux qui lui plurent»(« Cantique à Elsa», 2).

Autre partie du corps chantée par le poète, fQtii lèvres, associées au baiser par le biais de la 1nétaphore du verre : c,'fa lè;vre est le verre où j'ai bu.

•.

» («_La nuit de Dunkerque»).

Image récurrente et obsédante de ! 'amour comparé~ vin et emprun­ tée à la fois à I' Apollinaire d'Alcools et au thème médiéval du philtÎ"e amoureux.

Enfin, le thème des tlaev~ Cfll sera orchestré tout au long du cycle, notam­ ment le célèbre « Elsa au miroir >> de la Diane française.

La rousseur de J' Elsa réelle est réinscrite dans le poème.

n'apparaissant que dans « Le cantique à Elsa » mais magnifiée et grandie, élargie aux dimensions de l'histoire et du cosmos; la chevelure est d'abord un «braséro flambant>> qui s'oppose à« la nuit de l'Eu­ rope », source de chaleur et de lumière.

refuge et espoir.

Elle devient ensuite «constellation».

Si la référence au poème de Baudelaire est évidente(« lri:aet•• -tore»), l'image est ici reprise dans un autre sens: les cheveux d'Elsa sont un astre nouveau qui se lève dans le ciel de l'histoire, la promesse d'une ère nouvelle (cf.

la dernière strophe du« Cantique», 3) .

....

Ill- RôLE D'ELSA Une médiatrice Elsa est celle qui 'llllie le poète à-l'uni~ (« ~ux sont si profonds qµ;:~n me penchant pour boire_/ J'ai vu tous les~~ venir.._-»).

Ses bras n'en­ ferment pas lamant, l'étreinte llÎllllt pas-fermetl:lre.~tMMlpie..aur lui-mime, ~'­ ~verture: bru ...

mudemc---.iM.lsa est en harmonie avec le -.i\Onde natureL.: (< Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent ».

Un pouvoir magique Elsa est investie d'un don de double vue, d'un pouvoir visionnaire qui lui pennet de dépasser les limites de l'espace et du temps:« Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche ...

>>.

On retrouve ici la veine surréaliste d'Aragon qui confère à la femme une dimension magique.

Elsa, ainsi, métamorphose tout ce qu'elle touche, transfigurant-le mmtde: «C'est de tes belles mains que neige la clarté», elle est I' «étoile aux doigts de chloroforme».

Elsa est décrite comme une fée moderne.

L'inspiratrice Elsa n'est pas seulement l'objet passif de l'évocation du poète.

Au terme du recueil, elle prend la parole par l'intermédiaire du poète qui rapporte ses paroles «Ce que dit Elsa».

em·T ant&a_·~r~!Pl..~ ...

~.

(«Tu me dis que ces vers sont obscurs», l~.~s al1115ÎoA8-~ «Laisse-là Lancelot»).

l'invitant à inaugurer un langage poétique nouveau, plus direct,•­ -.ptible d'être compris par~ C'atft monde oil l'on aime à parler simple­ ment » ).

Rejetant toute idéalisation, toute abstraction de 1° amour ( « Lis l'amour dans mes yeux et non pas dans les nombres » ).

Conclusion : Elsa est celle qui ramène le poète au sens des réalités et la poésie à sa vocation populaire : elle doit être comprise par tous.

exprimer les souffrances et les espoirs des hommes dans une histoire tragique.

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