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EMBLÈME

Publié le 06/12/2018

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EMBLÈME (xvie siècle). L’emblème est un genre qui se développe au xvie siècle, à la suite des Emblemata latins du juriste italien Alciat (1531); il connaît aussitôt un succès considérable, qui se perpétue au xvne siècle. Suscitant de nombreuses définitions, qui ne viennent pas à bout de son ambiguïté, il joue sur les rapports entre figure, intitulé et texte et profite à la fois du développement du livre illustré propre à cette période, et d'une réflexion très intense sur les différents modes d’expression et leurs interactions.

 

Chaque figure est en effet une chose signifiante, en même temps qu’elle est faite d’une ou plusieurs choses signifiées; interprétation d'une leçon ou d’un savoir, elle peut elle-même être commentée : ainsi les humanistes du xvie siècle ont-ils vu, dans les hiéroglyphes transmis par la tradition de l’Horapollon, des figures symboliques, dont ils ont cherché le ou les sens cachés. De cette icono-logie mystique naît l’emblème trinitaire : outre la figure, qui est le « corps », l’emblème comporte un intitulé (inscription, sentence, proverbe, etc., ou simple titre), situé au-dessus de la figure, puis le texte, développement du signe de l’image et de l’intitulé, ou « âme » de l'emblème. Ce texte peut se décomposer lui-même en une épigramme et un poème explicatif plus long, et en particulier plus narratif, dont le propos est didactique ou moral. Dans ce dernier cas, l’emblème sort du cadre de la page, où il est initialement traité comme un ensemble décoratif composite sur une paroi, offert à l’œil dans sa totalité pour qu’il s’y livre au plaisir des va-et-vient. Peu à peu, cependant, on tend à appeler « emblème » le seul poème, mais le caractère composite fondamental à l’emblème justifie le terme lancé par Alciat, qui désigne, ainsi que le rappellent ses traducteurs (Jean Lefèvre, en

 

1536, et Barthélemy Aneau, en 1549), une « marqueterie »; c’est encore cette métaphore que Montaigne a dans l’esprit lorsqu’il évoque sa propre manière de composer : « Je me donne loy d’y attacher (comme ce n’est qu’une marqueterie mal jointe) quelque emblème supernuméraire. » Mais, au sens strict, l’emblème est un jeu entre signifiant et signifié, aucun des deux ne tenant son rôle à la perfection : d'où la variété des solutions adoptées par les créateurs italiens et français, et, parmi ces derniers, La Perrière (1539), Corrozet (1540), Guéroult (1550) et Aneau (1552), qui ont disposé de gravures existantes sur lesquelles leur imagination a brodé, selon le beau titre d’Aneau — l’Imagination poétique —, ou qui ont pu commander leurs propres gravures à un dessinateur, imposant alors plus nettement leur programme didactique ou moral.

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M.-M.

FONTAINE. »

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