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En quoi Électre est-elle une tragédie à dimension humaine ?

Publié le 04/08/2014

Extrait du document

(INTRODUCTION)

En choisissant un thème ancien comme le mythe d'Électre, Giraudoux a

voulu renouveler le genre de la tragédie et lui donner un sens qui puisse

toucher ses contemporains. Peut-on dire qu'en adaptant la tragédie, il lui

a donné une dimension humaine?

On montrera comment !'écrivain a imité les anciens modèles tragiques en

en bouleversant les règles, comment il a infléchi la portée de la tragédie,

en introduisant des éléments nouveaux, décisifs pour l'action.

« LE MYTHE ANTIQUE DANS ÉLECTRE DE GIRAUDOUX Le règne du destin.

Comme dans les tragédies antiques, l'homme est ici écrasé par la fatalité et dépassé par des événements et par des forces qu'il ne comprend pas.

Oreste agit en aveugle après s'être laissé persuadé (II, 9).

Il est persécuté par des divinités vengeresses et ne peut leur résis­ ter.

L'humanité semble vouée au malheur : innocents et coupables péris­ sent dans l'embrasement et le carnage final, et Électre s'est rendue cou­ pable en accomplissant ce qui pour elle était la justice absolue (II, 10).

L'infléchissement de la tragédie Malgré ces éléments pessimistes, la tragédie de Giraudoux prend un visage plus humain grâce à l'introduction de notes comiques, du fait de la dimen­ sion familiale de l'histoire et aussi à cause du rôle joué par les personnages confrontés à la disparition du divin.

Le comique est présent sous de nombreuses formes : personnages amusants (les fillettes-Euménides insolentes et espiègles du début de la pièce, le mari trompé) ; jeux de mots (remarques du Mendiant, 1, 3 et 1, 4, chansons ambiguës des Euménides) ; comique de situation (Agathe poursuivie par son mari furieux et quiproquo, II, 6 : voir Texte 6, p.

158 et Thème d'entretien 1, p.

172).

Il résulte aussi de l'intrusion d'éléments anachroniques (vocabulaire, réalités de la vie quotidienne : voir Thème d'entretien 4, p.

176).

L'intrigue familiale, avec ses pathologies, bien identifiées par la psycha­ nalyse (complexe d'Œdipe d'Électre : voir Texte 3, p.

146), et ses méandres psychologiques (frustrations de la mère, de l'épouse, haine jalouse de la fille et tyrannie de la sœur) occupe le devant de la scène, si bien qu'on a le sentiment très net d'assister à ce que Giraudoux appelle «une tragédie bourgeoise» ; les drames domestiques successifs (1, 4 et 5; II, 5 à 8), qui ont toutes les caractéristiques des psychodrames modernes, entraînent l'inté­ riorisation de l'action: la fatalité liée aux Atrides s'apparente à la transmis­ sion d'une maladie qui accable tous les membres de la famille.

L'absence ou l'indifférence des dieux, enfin, est constatée à plusieurs reprises, et par des personnages aussi différents qu'Égisthe, le jardinier et Électre (1, 3; Lamentodujardinier; Il, 8).

Cette «laïcisation» de l'action sou­ ligne la possibilité pour les personnages d'infléchir leur destinée, tout comme l'introduction par Giraudoux de l'épisode de la guerre (Il, 7) : en effet, Électre pourrait inverser l'ordre des priorités pour sauver son peuple, en différant le châtiment ou en accordant son pardon (II, 8).

Le person­ nage tragique dispose ainsi d'une liberté aussi dangereuse qu'enivrante: ce qu'Électre conserve, à la fin du drame, c'est son orgueil, désormais inutile ( «j'ai l,a justice.

j'ai tout.»).. »

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