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En quoi le Romantisme de Madame de Staël diffère-t-il de celui de Chateaubriand ?

Publié le 17/02/2012

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chateaubriand

Il existe presque autant de romantismes que d'auteurs romantiques. Vouloir ramener à deux types opposés ce mouvement si complexe; tenter de grouper autour de Mme de Staël tous ceux qui se rattachent à elle, et autour de Chateaubriand tous ceux qui ont navigué dans son « sillage «, semble une entreprise aussi vaine que hasardeuse. Tout au plus peut-on parler de « Mme de Staël et de ses amis « (1), de « Chateaubriand et son groupe littéraire « (2); pousser plus loin, c'est s'exposer à des classifications factices.

Toutefois on ne saurait nier qu'ils sont tous deux à l'origine de notre Romantisme français au xixe siècle et que, plus que Diderot et Rousseau — deux précurseurs, authentiques —, ils l'ont orienté d'une façon directe et définitive. D'autre part, on ne peut s'empêcher de remarquer les divergences profondes qui se manifestent en leur personne et en leurs oeuvres et qùi, en passant dans le Romantisme de 1830, se traduisent par une sorte de dualisme quelque peu illogique....

chateaubriand

« peut oser.

La faculte d'admirer appelle l'elan et l'audace...

Ainsi pense Alm' de Stael.

Mais déjà Chateaubriand a donne de cette critique elargie, compre- hensive, sympathique, d'admirables modeles dans le Genie : tels les immor- tels portraits de Pascal et de Bossuet orateur. Jusqu'ici nous n'avons pas encore touché le fond du romantisme.

Sa marque distinctive, selon Brunetiere, serait l'individualisme.

Elle et lui sont passionnement individualistes.

g Le romantisme, d'apres l'une, c'est tout ce qui exprime l'individualite.

v A cette enseigne, rien de plus roman- tique que les livres de Mm' de Stael; l'on n'y rencontre pas autre chose que l'auteur, telle qu'elle est, croft, ou voudrait etre.

Et l'autre, bien qu'il re- pousse dedaigneusement le titre de romantique, ne l'est pas moins par une propension, constante jusqu'au tic, a se mettre en scene.

g L'individualisme le plus effrene s'etale dans sa vie comme dans son oeuvre v (R.

Canat).

De la ce lyrisme continu, et cette impuissance a creer des Ames autres que la sienne :Chactas, Rene, Eudore, Lautrec c'est Chateaubriand; tout comme Delphine et Corinne c'est Alm' de Stael.

Le meme Brunetiere voyait dans le romantisme la rupture de l'equilibre classique : la raison, jadis maitresse, cedant le pas a la sensibilite et a l'imagmation.

Il semble bien que nos deux initiateurs out fortement con- tribue a cette rupture.

Sensilnlite tourmentee, imagination insatiable, do- minent leur g moi v.

La raison n'en est pas absente, mais elle se reduit Je plus souvent, au role de servante; elle n'est plus la reine en ces 'Ames boule- versees par la passion, enchantees par les spectacles exterieurs ou par ceux que cree leur fantaisie toujours en quete de nouvelles images. Et comme les &sirs eveilles depassent infiniment les jouissances que ta terre et la vie peuvent procurer a l'homme, ils sont thus deux plonges dans une melancolie poussee parfois jusqu'au marasme et au desespoir.

Its se sen- tent superieurs, et se croient you& de par leur genie a la solitude morale, a l'indifference, a l'hostilite jalouse.

Its eprouvent un vague, un vide de Fame, une lassitude et un &gout de vivre a la fois torturants et delicieux...

Bs offrent tous les symptOmes de ce qui s'appellera le mal du siecle.

Et tous deux font de la melancolie nn element de la poesie des choses, sont hantes par la pensee de la mort, se complaisent dans les rapprochements lugubres.

Le meme besoin de consolation et d'espoir, les memes elans vers des biens infinis les jettent aux pieds de la Divinite.

a La religion n'est rien, si elle n'est pas tout.

» Cette pensee n'est pas extraite du Genie du Christianisme, mais du livre de l'Allemagne.

D'eux procede, en grande partie, cette religio- site, ce christianisme sentimental et esthetique, partie integrante du Roman- tisme de 1830.

Oui, Chateaubriand et Mme de Stael se ressemblent, mais, nous l'allons constater, g a travers v pas mal de g differences v Ce philosophe-femme n'est point de chez nous : ni par son ame, ni par sa religion, ni par ses goats.

Le Celte reveur et fier est, au contraire, sorti de notre sol, it incarne cer- tains elements essentiels de notre race, it est plus proche de nous par sa religion, par sa maniere de sentir, de parler, de peindre.

Les Necker sont des Suisses venus de Prusse.

Et la fille du ministre de Louis XVI aura beau faire, adorer notre capitale, parler et ecrire notre langue, elle ne sera jamais une Francaise de Paris.

Peu lui importe la qualite des mots qu'elle emploie.

Elle dit et ecrit sans broncher : absorbation pour absorption, inconvenable pour inconvenant; elle a des gaucheries, des tour- nures qui sentent l'etranger : « Je souffrais jusqu'au fond de mon cceur par mes circonstances personnelles.2.

Malherbe l'eut envoyee a l'ecole des cro- cheteurs du Port Saint-Jean, et lui etit donne ensuite quelques bonnes lecons de grammaire.

Elle est cosmopolite.

eg Les nations doivent se servir de guides les unes aux autres...

On se trouve bien, dans tout pays, d'accueillir les pensees etrangeres.

v Elle convie les Francais non a copier les Allemands mais creer comme eux une litterature vraiment nationale.

Car ses preferences vont aux litteratures du Nord.

L'Italie et l'Espagne, pays de lumiere, sont trop gais, trop voluptueux, trop images, trop decoratifs a son gre; elle retrouve dans les brumes du Nord l'ambiance ancestrale.

La melancolie d'Ossian, le pathetiqne shakespearien, le serieux, la reverie, la religiosite, peut oser. La faculté d'admirer appelle l'élan et l'audace...

Ainsi pense Mme de Staël. Mais déjà Chateaubriand a donné de cette critique élargie, compré- hensive, sympathique, d'admirables modèles dans le Génie : tels les immor­ tels portraits de Pascal et de Bossuet orateur.

Jusqu'ici nous n'avons pas encore touché le fond du romantisme. Sa marque distinctive, selon Brunetière, serait Y individualisme. Elle et lui sont passionnément individualistes. « Le romantisme, d'après l'une, c'est tout ce qui exprime l'individualité.

» A cette enseigne, rien de plus roman­ tique que les livres de Mme de Staël; l'on n'y rencontre pas autre chose que l'auteur, telle qu'elle est, croit, ou voudrait être.

Et l'autre, bien qu'il re­ pousse dédaigneusement le titre de romantique, ne l'est pas moins par une propension, constante jusqu'au tic, à se mettre en scène.

« L'individualisme le plus effréné s'étale dans sa vie comme dans son œuvre » (R. Ganat). De là ce lyrisme continu, et cette impuissance à créer des âmes autres que la sienne : Chactas, René, Eudore, Lautrec c'est Chateaubriand; tout comme Delphine et Corinne c'est Mme de Staël.

Le même Brunetière voyait dans le romantisme la rupture de l'équilibre classique : la raison, jadis maîtresse, cédant le pas à la sensibilité et à l'imagination. Il semble bien cme nos deux initiateurs ont fortement con­ tribue à cette rupture. Sensibilité tourmentée, imagination insatiable, do­ minent leur «moi».

La raison n'en est pas absente, mais elle se réduit Je plus souvent, au rôle de servante; elle n'est plus la reine en ces âmes boule­ versées par la passion, enchantées par les spectacles extérieurs ou par ceux que crée leur fantaisie toujours en quête de nouvelles images.

Et comme les désirs éveillés dépassent infiniment les jouissances que la terre et la vie peuvent procurer à l'homme, ils sont tous deux plongés dans une mélancolie poussée parfois jusqu'au marasme et au désespoir.

Ils se sen­ tent supérieurs, et se croient voués de par leur génie à la solitude morale, à l'indifférence, à l'hostilité jalouse. Ils éprouvent un vague, un vide de l'âme, une lassitude et un dégoût de vivre à la fois torturants et délicieux...

Ils offrent tous les symptômes de ce qui s'appellera le mal du siècle.

Et tous deux font de la mélancolie un élément de la poésie des choses, sont hantés par la pensée de la mort, se complaisent dans les rapprochements lugubres.

Le même besoin de consolation et d'esçoir, les mêmes élans vers des biens infinis les jettent aux pieds de la Divinité.

« La religion n'est rien, si elle n'est pas tout. » Cette pensée n'est pas extraite du Génie du Christianisme, mais du livre de Y Allemagne.

D'eux procède, en grande partie, cette religio­ sité, ce christianisme sentimental et esthétique, partie intégrante du Roman­ tisme de 1830.

Oui, Chateaubriand et Mme de Staël se ressemblent, mais, nous Talions constater, «à travers» pas mal de «différences».

Ce philosophe-femme n'est point de chez nous : ni par son âme, ni par sa.

religion, ni par ses goûts.

Le Celte rêveur et fier est, au contraire, sorti de notre sol, il incarne cer­ tains éléments essentiels de notre race, il est plus proche de nous par sa religion, par sa manière de sentir, de parler, de peindre.

Les Necker sont des Suisses venus de Prusse. Et la fille du ministre de Louis XVI aura beau faire, adorer notre capitale, parler et écrire notre langue, elle ne sera jamais une Française de Paris. Peu lui importe la qualité des mots qu'elle emploie.

Elle dit et écrit sans broncher : absorbation pour absorption, inconvenable pour inconvenant; elle a des gaucheries, des tour­ nures qui sentent l'étranger : « Je souffrais jusqu'au fond de mon cœur par mes circonstances personnelles. » Malherbe l'eut envoyée à l'école des cro- cheteurs du Port Saint-Jean, et lui eût donné ensuite quelques bonnes leçons de grammaire.

Elle est cosmopolite. « Les nations doivent se servir de guides les unes aux autres... On se trouve bien, dans tout pays, d'accueillir les pensées étrangères.

» Elle convie les Français non à copier les Allemands mais à créer comme eux une littérature vraiment nationale. Car ses préférences vont aux littératures du Nord.

L'Italie et l'Espagne, pays de lumière, sont trop gais, trop voluptueux, trop imagés, trop décoratifs à son çré; elle retrouve dans les brumes du Nord l'ambiance ancestrale. La mélancolie d'Ossian, le pathétique shakespearien, le sérieux, la rêverie, la religiosité,. »

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