En quoi l'écriture littéraire est-elle particulièrement apte à dénoncer les problèmes de société ?

« atteints d'une maladie de la vue et du jugement » peut en effet porter à confusion.

Onreconnaît dans cet exemple le procédé de l'antiphrase : prise à la lettre, la formule sembleindiquer une circonstance atténuante pouvant excuser les trois graphologues.

En réalité, iln'y a chez Zola aucune volonté d'excuser qui que ce soit mais plutôt celle d'ajouter une ironieà une insulte.L'écriture littéraire, par la variété de ses genres, de ses registres, peut séduire le lecteur etconvaincre celui-ci à réfléchir aux différents faits dénoncés. Ainsi, grâce à cela, l'écriture littéraire peut dénoncer et contribuer à transformer la société.Comme le dit Jean-Paul Sartre : « Les écrivains ont souvent pris leur plume pour une épée ».Les écrivains ont pour but de défendre les droits fondamentaux de l'Homme, ou de montrerau lecteur ce que celui-ci n'est parfois pas capable de percevoir.Par leur engagement contre les oppressions religieuses, morales et politiques, les membresdu mouvement des lumières, qui se voyaient comme une élite avancée œuvrant pour unprogrès du monde, ont procédé au renouvellement du savoir.

L'influence de leurs écrits a étédéterminante dans les grands événements de la fin du XVIIIe siècle.

Voltaire, dans sescontes philosophiques, excelle à montrer toutes les misères de son temps.

A travers demultiples mésaventures, dans Candide ou l'Optimisme, Voltaire fait défiler la cruauté (« Descervelles étaient répandues sur la terre à coté de bras et de jambes coupés » Chapitre troisième), le fanatisme religieux (« il voulut savoir comment on priait Dieu dansl'Eldorado(…) Il nous a donné tout ce qu'il nous faut, nous le remercions sans cesse »Chapitre dix-huitième) et les innombrables atteintes à la dignité humaine (« En approchantde la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre n'ayant plus que la moitié de sonhabit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambegauche et la main droite.

» Chapitre dix-neuvième).

Dans De L'esprit des lois, Montesquieuévoque l'esclavage des nêgres.

Apparaissant dans un premier temps comme favorable àl'Esclavage, l'œuvre se révèle être en réalité un réquisitoire sous forme de plaidoyer contre latraite des hommes, dans son chapitre « De l'esclavage des nêgres ».

Les deux premiersparagraphes présentent des arguments d'ordre économique et historique, comme parexemple les phrases« Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ont dû mettre en esclavage ceuxde l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres » ou encore « Le sucre serait trop cher,si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par les esclaves ».

Le paragraphe suivantprésente quant à lui des arguments religieux et raciaux, justifiant ainsi qu' « On ne peut semettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âmebonne, dans un corps tout noir ».

Enfin, Zola, chef de file des naturalistes, entend bienexpliquer le fonctionnement de la société, soumise aux lois de l'hérédité par l'exemple de lafiction.

Tous les personnages des Rougon-Macquart, sont les preuves d'une théorie qui faitde l'individu le fruit d'une hérédité et d'un milieu social.

La vie de la blanchisseuse Gervaise,l'héroïne de l'Assommoir, qui subit les foudres de l'alcool et les conséquences du malheurouvrier, est aussi le reflet de l'existence de bien des femmes, vers 1860 dans les quartierspopulaires de Paris.

Ainsi, Zola décrit : « Au milieu de cette existence enragée par la misère,Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle.

Ce coin de la maisonétait le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pourne pas avoir du pain tous les jours.

» ou encore « On était là dans une crampe au gosiergénérale, bâillant par toutes ces bouches tendues ; et les poitrines se creusaient, rien qu'àrespirer cet air, où les moucherons eux-mêmes n'auraient pas pu vivre, faute de nourriture.

»(Chapitre 10).Les écrivains révèlent aussi souvent ce que les autres ne perçoivent pas ou ne sont pascapable de percevoir.

Ainsi, dans La Fonction du poète, Victor Hugo écrit « Ecoutez le rêveursacré ! Dans votre nuit, sans lui complète, Lui seul a le front éclairé ».

Les auteurs ont aussiune puissance imaginative qui leur fait entrevoir l'avenir et ses dangers.

C'est ce que faitLouis-Sébastien Mercier dans L'An 2440, Rêve s'il en fut jamais.

Un homme se réveille en2440 et retrouve à Paris une société corrigée de tous les maux du XVIIIe siècle: plus depauvreté, plus d'inégalités criantes, des écoles et des bibliothèques pour tous, deshabitations propres et décentes.

Le futur idéal fait voir ce qu'un auteur acquis aux Lumièresdéplore dans le présent.

Au chapitre XVII de Candide, celui-ci et son valet arrivent au paysd'Eldorado.

A cette étape de leur voyage, les deux personnages ont déjà été témoins despires horreurs.

A la recherche d'un monde meilleur, ils arrivent dans ce pays idéal.

Voltaireprésente une société exemplaire.

Il force ici l'aspect merveilleux de ce pays en y annonçant. »