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En quoi Théophile Gautier est-il un précurseur du Parnasse ?

Publié le 17/02/2012

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gautier

À vingt-quatre ans, Théophile Gautier, ancien chef de claque, toujours fervent admirateur de Victor Hugo, toujours enchanté par le souvenir de la bataille d'Hernani, se détache de l'école romantique. Dans la préface d'un roman, Mlle de Maupin (1835), il déclare que cette poésie ne répond plus aux aspirations de la société nouvelle. Selon l'expression d'un parnassien, il brise « les chaînes étroites de la formule romantique, pour se précipiter sur la grande route du beau éternel «. C'est son culte pour Chénier qui l'a détourné de son premier idéal et lui a révélé la doctrine de l'art pur, article fondamental du Credo parnassien. Aussi les poètes du Parnasse reconnaîtront-ils en lui le plus immédiat, le plus complet de leurs précurseurs. L'on peut, en effet, découvrir en son oeuvre tous les traits essentiels de la future «école (1866).

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« ces nobles chimeres.

Il declare, des 1835 : « Nous croyons a l'autonomie de l'Art.

L'Art, pour nous, n'est pas un moyen, mais un but; tout artiste qui se propose autre chose que le Beau n'est pas un artiste a nos yeux.

» Conse- quence immediate : le (Wain de la pensee et de toute preoccupation morale.

Victor Hugo a cru etre un profond penseur; Vigny fut le philosophe du grand quatuor.

Gautier n'a jamais nourri pareille ambition.

Sa philosophie se resume en cette formule qu'il aimait a repeter : «Rien ne sert a rien, et d'abord it n'y a rien; cependant tout arrive, mais cela est bien indifferent.

v Nihilisme tout verbal, qui ne saurait passer pour un systeme preconcu. Partir de la pour demontrer que Gautier fut un mediocre penseur serait Egarer l'opinion.

Si le poke a mis peu de pensee en ses vers, il en mettait beaucoup dans sa conversation et il en a laisse plus encore dans ses innom- brables articles; il a, en particulier, emis sur l'esthetique des idees que l'on discute encore.

Il ne veut pas voir dans l'Art un generateur du Bien, mais du Beau, exclu- sivement, quelle qu'en soit la source.

Le Beau, selon lui, n'a rien a faire avec la morale.

II disait a son gendre, le poke Emile Bergerat : « Je ne travaille pas pour le prix Montyon, et mon cerveau fait du mieux qu'il peut son métier de chambre noire.

) La formule fameuse et equivoque : l'Art pour l'Art n'est pas de lui, it preconise seulement l'art pur, celui .qui ne tend a aucune fin utilitaire : « II n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir a rien.

Tout ce qui est utile est laid.

3. Le culte du Beau est chez lui predominant et, pour ainsi dire, congenital : « Epris, tout enfant, de statuaire, de peinture et de plastique, nous avons pousse jusqu'au (Mire l'amour de l'Art.

» Oa va-t-il chercher ce Beau, objet de sa poesie? « J'ai use ma vie a poursuivre, pour le depeindre, le Beau sous toutes ses formes de Protee, et je ne l'ai trouve que dans la nature et dans les arts.

v Etrange conception, il renonce a le chercher dans l'homme : « L'homme est laid, partout et toujours, et il me gate la creation.

3.

La beaute grecque l'a enchante.

Son hellenisme procede de Chenier, mais aussi d'une etude directe et prolongee.

« On peut, ecrit-il, dater de Chenier la poesie moderne...

Un frais souffle venu de la Grece traversa les imagina- tions; l'on respira avec deices ces fleurs au parfum enivrant qui auraient trompe les abeilles de l'Hymette...

» Malade, presque mourant, it promene encore ses yeux affaiblis sur l'Iliade en grec, qu'il lit comme son journal.

C'est cette intimite avec la Grece qui l'eloigne a jamais du romantisme et lui fait concevoir une poesie avant tout pittoresque et plastique.

Car son domaine propre, c'est la peinture, c'est la forme et la couleur; il abandonne a d'autres la musique.

On lui prete ce mot : « C'est le plus coil- teux et le plus importun des bruits.

v II ecrit une symphonie, mais c'est la celebre Symphonie en Blanc majeur.

Il veut « &hanger son luth contre la palette du Titien v.

Myope, it prefere aux grandes ffesques a la Chateau- briand, a la Hugo, les miniatures, les tableautins, les « emaux et camees v. Il s'attache d'abord plus a la couleur qu'a la ligne, puffs plus an relief qu'a la couleur.

« Le vers est une matiere kincelante et dure comme le marbre de Carrare, qui n'admet que des lignes pures et correctes et longuement meditees.

On a dit que la peinture kali sceur de la poesie; cela serait bien plus vrai de la sculpture.

v Il se plait a ces transpositions d'art qui seront la marotte des Parnassiens. Gautier, ayant assigne a la poesie un but purement esthetique, doit, logi- quement, accorder a la forme le pas sur le fond.

Il estime par-dessus tout le style.

Il applaudit quand un jeune disciple lance, un jour, ce paradoxe : « De la forme nail l'idee.

v Pour son compte, it corrige cette formule trop osee : « Une belle forme est une belle idee.

» Il est d'une exigence meticu- leuse pour la correction grammaticale, le choix des mots et la facture du vers.

Beaucoup de pokes en ont pris a leur aise avec la grammaire; il en a, lui, le respect superstitieux.

On a vite fait de baptiser « licence poetique » une aute de syntaxe.

Il n'admet pas ces faiblesses.

Il reproche a Soumet d'ac- coupler « un verbe positif » a « un substantif metaphysique » :« on n'in- cruste pas une souffrance dit-il.

Sa rigueur parait ici excessive.

Mais it n'a pas tort de demander aux pokes de respecter la difficile et delicate ces nobles chimères.

Il déclare, dès 1835 : « Nous croyons à l'autonomie de l'Art.

L'Art, pour nous, n'est pas un moyen, mais un but; tout artiste qui se propose autre chose que le Beau n'est pas un artiste à nos yeux.

» Consé­ quence immédiate : le dédain de la pensée et de toute préoccupation morale.

Yictor Hugo a cru être un profond penseur; Vigny fut le philosophe du grand quatuor.

Gautier n'a jamais nourri pareille ambition.

Sa philosophie se résume en cette formule qu'il aimait à répéter : « Rien ne sert à rien, et d'abord il n'y a rien; cependant tout arrive, mais cela est bien indifférent. » Nihilisme tout verbal, qui ne saurait passer pour un système préconçu.

Partir de là pour démontrer que Gautier fut un médiocre penseur serait Égarer l'opinion.

Si le poète a mis peu de pensée en ses vers, il en mettait beaucoup dans sa conversation et il en a laissé plus encore dans ses innom­ brables articles; il a, en particulier, émis sur l'esthétique des idées que l'on discute encore.

Il ne veut pas voir dans l'Art un générateur du Bien, mais du Beau, exclu­ sivement, quelle qu'en soit la source.

Le Beau, selon lui, n'a rien à faire avec la morale.

Il disait à son gendre, le poète Emile Bergerat : « Je ne travaille pas pour le prix Montyon, et mon cerveau fait du mieux qu'il peut son métier de chambre noire.

» La formule fameuse et équivoque : l'Art pour l'Art n'est pas de lui, il préconise seulement l'art pur, celui qui ne tend à aucune fin utilitaire : « 11 n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien.

Tout ce qui est utile est laid.

» Le culte du Beau est chez lui prédominant et, pour ainsi dire, congénital : « Epris, tout enfant, de statuaire, de peinture et de plastique, nous avons poussé jusqu'au délire l'amour de l'Art.

» Où va-t-il chercher ce Beau, objet de sa poésie? « J'ai usé ma vie à poursuivre, pour le dépeindre, le Beau sous toutes ses formes de Protée, et je ne l'ai trouvé que dans la nature et dans les arts.

» Etrange conception, il renonce à le chercher dans l'homme : « L'homme est laid, partout et toujours, et il me gâte la création. » La beauté grecque l'a enchanté. Son hellénisme procède de Chénier, mais aussi d'une étude directe et prolongée. « On peut, écrit-il, dater de Chénier la poésie moderne...

Un frais souffle venu de la Grèce traversa les imagina­ tions; l'on respira avec délices ces fleurs au parfum enivrant qui auraient trompé les abeilles de l'Hymette...

» Malade, presque mourant, il promène encore ses yeux affaiblis sur Y Iliade en grec, qu'il lit comme son journal.

C'est cette intimité avec la Grèce qui l'éloigné à jamais du romantisme et lui fait concevoir une poésie avant tout pittoresque et plastique.

Car son domaine propre, c'est la peinture, c'est la forme et la couleur; il abandonne à d'autres la musique.

On lui prête ce mot : « C'est le plus coû­ teux et le plus importun des bruits. » Il écrit une symphonie, mais c'est la célèbre Symphonie en Blanc majeur.

Il veut « échanger son luth contre la palette du Titien ».

Myope, il préfère aux grandes fresques à la Chateau­ briand, à la Hugo, les miniatures, les tableautins, les « émaux et camées ».

Il s'attache d'abord plus à la couleur au'à la ligne, puis plus au relief qu'à la couleur.

« Le vers est une matière etincelante et dure comme le marbre de Carrare, qui n'admet que des lignes pures et correctes et longuement méditées. On a dit que la peinture était sœur de la poésie; cela serait bien plus vrai de la sculpture.

» Il se plaît à ces tram positions d'art qui seront la marotte des Parnassiens.

Gautier, ayant assigné à la poésie un but purement esthétique, doit, logi­ quement, accorder à la forme le pas sur le fond.

Il estime par-dessus tout le style.

Il applaudit quand un jeune disciple lance, un jour, ce paradoxe : « De la forme naît l'idée. » Pour son compte, il corrige cette formule trop osée : « Une belle forme est une belle idée. » Il est d'une exigence méticu­ leuse pour la correction grammaticale, le choix des mots et la facture du vers.

Beaucoup de poètes en ont pris à leur aise avec la grammaire; il en a, lui, le respect superstitieux.

On a vite fait de baptiser « licence poétique » une faute de syntaxe.

Il n'admet pas ces faiblesses.

Il reproche à Soumet d'ac­ coupler « un verbe positif » a « un substantif métaphysique » : « on n'in¬ cruste pas une souffrance », dit-il.

Sa rigueur paraît ici excessive.

Mais il n'a pas tort de demander aux poètes de respecter la difficile et délicate. »

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