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EPREUVE ANTICIPEE DE FRANÇAIS - JUIN 2016 - SERIE L ELEMENTS POUR L'EVALUATION

Publié le 06/04/2023

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« EPREUVE ANTICIPEE DE FRANÇAIS - JUIN 2016 - SERIE L ELEMENTS POUR L'EVALUATION Recommandations générales : — Le corrigé suggère des pistes permettant le traitement du sujet par les élèves dans le temps imparti. — Il ne s'agit en aucun cas d'une correction exhaustive, mais d’une base de travail susceptible d'être enrichie et ajustée au sein des commissions académiques. — Le corrigé s‘articule en trois entrées qui permettent d'étalonner les copies : - les attentes légitimes qui doivent permettre à la copie d'obtenir la moyenne ; - les éléments relevant d’une analyse fine et permettant une valorisation de la copie ; - les erreurs et/ou déficiences qui pénalisent la copie. — On utilisera tout l'éventail des notes : on n'hésitera pas à attribuer aux très bonnes copies des notes allant jusqu'à 20; la qualité est à évaluer par rapport aux connaissances et compétences que l'on peut attendre d'un candidat de 1ère.

Les notes inférieures à 5 correspondent à des copies véritablement indigentes. — L‘appréciation sera précise et nuancée et ne se limitera pas à pointer les faiblesses du devoir ; on se posera prioritairement la question suivante : « quelles sont les qualités de la copie ? » QUESTION SUR LE CORPUS Quelles sont les caractéristiques principales des sphinx dans les textes du corpus ? On attend : • Une réponse à la question illustrée par des citations correctement insérées et bien choisies • Une structure claire ; la présentation des documents n’est pas exigible • L’exploitation de l’ensemble des textes du corpus On valorise : • Une réponse synthétique et organisée, qui mette les textes en relation, s’appuie sur des références précises et rende compte de la réception du lecteur. • L’élégance du style On pénalise : • L’absence d’organisation de la réponse • L’absence de citations ou leur mauvaise insertion • L’absence d’exploitation d’un ou de plusieurs documents Éléments de réponse : Le sphinx est d’abord physiquement un « monstre » au sens propre, un être qui est mi-homme, mi-animal : - Voltaire insiste sur ce caractère monstrueux : le terme « monstre » est répété à cinq reprises, dont une en anaphore, à la première occurrence (v.

6-7). - éléments descriptifs : Voltaire (v.

12-13), Heredia (v.

3-4), Samain (v.

2 : « énorme et féminin », v.

10 : « seins aigus »), Cocteau (femme ailée, puis sans ailes, l.

49). ! ! Un monstre puissant au pouvoir mortifère : - cf.

adjectifs chez Voltaire : « épouvantable » (v.

5), « funeste » (v.

6), « furieux » (v.

8), « affreux » (v.

32).

Associé à « la rage » (v.

14).

Cf.

aussi v.

9-10. - Heredia : évocation de « la mort » (v.

8).

repris par le verbe « tu meurs » (dernier vers), évocation du « supplice » (v.

11-12), décrit crûment (« tes os vont se briser ; / Mes ongles dans ta chair »). - Cocteau : cf.

2ème et 3ème réplique du sphinx et effroi d’Œdipe.

Mais le monstre s’adoucit au point de libérer Œdipe. - aspect monstrueux peu sensible chez Samain, du fait que le sphinx évoque plutôt le monument égyptien. ! Un être mystérieux, gue les hommes doivent vaincre, afin d‘obtenir la gloire : - parce qu’il est lui-même énigmatique et impénétrable (Samain, v.

4, « ...

garde l’énigme immense »), ou parce qu’il pose des questions (Heredia, vers 6, 7 et 8) ; ou parce qu’il pose la fameuse énigme résolue par Oedipe dans le mythe initial (Voltaire et Cocteau) - la résolution de l’énigme proposée par ce personnage puissant et monstrueux procure la gloire aux hommes : cf.

les deux derniers vers d’Œdipe, au rythme rapide mimant la facilité de la victoire du jeune Œdipe ; mais « la gloire et le « triomphe » sont immédiatement suivis de la mort du héros chez Heredia ; et chez Cocteau, Œdipe n’a aucun mérite à s’écrier « Vainqueur ! » (l.

47), puisque le sphinx lui a donné la solution... Bilan : Un mythe renouvelé avec des interprétations très différentes du monstre, dans deux genres majeurs, théâtre et poésie : lecture traditionnelle chez Voltaire ; thème de l’attrait funeste, de l’amour jusqu’à la mort chez Heredia ; portrait d’un personnage hiératique chez Samain ; la représentation du sphinx est particulièrement originale chez Cocteau, la jeune fille, amoureuse, dévoilant tout au héros pour le sauver. COMMENTAIRE (texte de Cocteau, La Machine infernale). Rappelons qu‘un plan en trois parties n‘est pas nécessairement attendu.

Tout projet de lecture cohérent est recevable. Ce que l’on peut attendre du candidat : • Un commentaire organisé autour d’un projet de lecture cohérent. • • • Un plan en deux ou trois parties, divisées chacune en plusieurs sous-parties. Une attention au traitement (nouveau) du mythe, qui joue sur la surprise (personnages, ton, étapes de la scène). Des éléments de réflexion sur le dialogue théâtral, sur son rythme animé, et sur les multiples jeux de scène, effets visuels et sonores apparaissant dans le passage. Ce que l’on valorisera : • Les plans qui proposent une complexification progressive dans les niveaux de lecture. • La finesse des analyses et la pertinence des interprétations, concernant notamment la subtilité des répliques, le caractère des personnages et/ou la qualité dramatique de la scène. • La capacité du candidat à percevoir les allusions littéraires du passage et le traitement particulier et neuf du mythe. Ce que l’on pénalisera : • La juxtaposition de remarques • Les contresens manifestes • La simple paraphrase et l’absence d’analyses stylistiques • Une langue mal maîtrisée et fautive. Une problématique possible : Comment Cocteau revisite-t-il d’une façon surprenante l’épisode particulièrement célèbre de la rencontre d’Œdipe avec le Sphinx ? ! Un moment tragique tourné en une étonnante scène de comédie : - une suite de rebondissements : le Sphinx commence par poser l’énigme et à donner elle-même la réponse ; l’entrée d’Anubis ; l’interrogation imposée par Anubis à un Sphinx qui s’exécute bon gré mal gé, l’énigme qui n’en est plus une, le cri victorieux et la sortie d’Œdipe, les commentaires désobligeants du Sphinx et d’Anubis (« L’imbécile ! Il n’a donc rien compris.

») qui désamorcent totalement la notion de victoire. - des gestes et des mouvements, très visuels, rythment la scène: la paralysie du héros, l’apparition hiératique d’Anubis, les pas titubants d’Œdipe, les jeux de regards entre le Sphinx et Anubis, l'élan d'Œdipe, le Sphinx qui roule, disparaît, réapparaît sans ses ailes. - un mélange de registres : Œdipe est paralysé, il est entre les mains d‘un Sphinx tout puissant, il est épouvanté par Anubis, mais le Sphinx est plein d’une attention toute maternelle pour lui : elle le rassure comme un enfant (« Là ! », l.

1), le met sur la voie de l’énigme, le calme, lui parle même comme à un toutou qu’elle fait mettre à genoux (l.

18) et lui fait la leçon à propos du mode conditionnel (l.

21)… ; en outre sa capitulation devant Anubis, ligne 39, avec la répétition « Je l’interrogerai ...

je l’interrogerai ...

» et le dernier regard indiqué par la didascalie, est purement comique. ! Un mythe désacralisé : - L’énigme est dévoilée avant même d’être posée, à l’intérieur d’une série d’hypothèses au conditionnel la transformant en une devinette enfantine (l.

4 à 6) ; le Sphinx a profité de l’absence d’Anubis pour révéler la solution, il repose en suite la question en des termes strictement identiques (l.

40). - Un héros dépossédé de son statut de héros : sans mérite, faible, implorant (l.

16 « Oh ! Madame ! ...), piteux même quand il a peur du loup (son cri l.

20 quand le Sphinx évoque les « mâchoires de loup » d’Anubis), qui fanfaronne (l.

43 « L’homme, parbleu ! ») et triomphe sans gloire (l.

47, « Vainqueur ! »).

Le héros n’a « rien compris » (l.

59-61) : il n’a rien compris, ni à l’amour que lui voue le Sphinx, ni sans doute aux énigmes ; ce n’est pas en raison de sa sagacité qu’il a.... »

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