ERASME
Publié le 02/09/2013
Extrait du document

1467-1536
ERASME est un parfait exemple de l'humanisme de la Renaissance. Il en a connu les contra¬dictions (paganisme — christianisme, tradition — liberté, etc.). Il a réussi une synthèse qui est restée valable presque jusqu'à nos jours; l'humanisme éclairé, désireux de garder le maximum des acquisitions de l'homme antique et de les amalgamer avec celles du moyen âge; ensuite, avec les acquisitions des sciences et des voyages, puis avec celles des métiers.
La grandeur de cette entreprise n'a d'égale que sa fragilité. Elle peut aussi bien aboutir à un éclectisme sans valeur, pareil à celui de certains Alexandrins, qu'à cet équilibre souverain dont Goethe a fourni plus tard le modèle.
Desiderius Erasmus était le nom grec et latin (le désiré très aimé) que lui donna sa mère, suivant une mode significative de cette époque où tout le monde voulait être Grec ou Latin. Quel autre nom aurait-il pu avoir d'ailleurs? Fils naturel, il ne pouvait s'appeler que Geert Geerts (Gérard fils de Gérard). Une légende mal éclaircie veut que son père ait fréquenté sa mère en lui promettant le mariage, puis qu'il soit allé faire un voyage en Italie; que recevant la fausse nouvelle de la mort de sa maîtresse, il se soit fait prêtre à Rome, et qu'à son retour il ait appris la naissance de l'enfant (Rotterdam 1467). Cette origine ne pouvait pas nuire à Erasme au xve siècle comme elle lui aurait nui plus tard, dans une société bourgeoise. Son grand ennemi, Scaliger, ne la lui reprochera pas dans les deux harangues qu'il composa contre lui — peut-être, il est vrai, par ignorance du fait.

«
les rois, les évêques et les papes sont facilement des Mécènes.
Erasme est protégé en Angleterre par
Henri VIII; il professe le grec et la théologie à Cambridge; Adrien VI lui offre le chapeau, qu'il
refuse; il devient, à Bruxelles, le conseiller du futur Charles-Quint.
Ses livres se succèdent avec un succès croissant : les Adages en 1500 (très augmenté en 1508);
les Apophtegmes en 1531, - ces deux recueils composés de pensées empruntées aux Anciens;
!'Eloge de la folie, publié en 1509, eut un succès qui s'est continué jusqu'à nos jours; cette satire
est reprise
et amplifiée dans les Colloques familiers (1518) dont il se vendit jusqu'à vingt-quatre mille
exemplaires, chiffre jamais atteint à cette époque.
Comme il arrive souvent, ce sont ces écrits de
circonstance,
tout chauds des polémiques en cours, qui ont survécu; les ouvrages très sérieux
d'érudition
qui faisaient estimer leur auteur par les doctes et les lettrés de toutes les nations ne sont
jamais plus réédités.
Une troisième catégorie des œuvres d'Erasme intéresse encore quelque peu
les philosophes et les croyants: c'est celle qui concerne ses débats avec Luther.
Erasme, qui critique
très vivement
la corruption des moines et du clergé de l'époque en général, prit position contre la
Réforme et quitta même Bâle pour Fribuurg-en-Brisgau lorsque la Réforme y triompha.
«Erasme
est l'ennemi du Christ ? » écrivit Luther.
C'est qu'Erasme ne concevait pas le christianisme sans
l'Eglise, bien
que sévère pour celle-ci.
Il n'admet pas non plus que la toute-puissance de Dieu
prive
l'homme de son libre arbitre.
Il ne veut pas non plus couper les ponts entre l'antiquité
et la religion.
Dans ce sens vont le De libero arbitrio ( 1525) et Hyperaspites, écrit polémique
contre les protestants.
Il put revenir à Bâle et il y mourut en 1536.
Erasme apparut à ses contemporains un peu comme un Voltaire par ses attaques contre les
abus de la société : l'érudition indigeste, les extorsions des ordres mendiants, la vénalité et la
simonie, les prétentions des faux nobles, les mariages disproportionnés, l'allaitement par les
nourrices, etc.
Dans son
Eloge de la folie il va plus loin : il rattache tous les vices des hommes qu'il
énumère à une puissance démoniaque d'illusion qui, si le ton ne demeurait pas plaisant, ferait
penser
au Vouloir-Vivre de Schopenhauer ou au Malin génie de Descartes, parce qu'elle est le
moteur universel du monde; mais il y a une heureuse folie qui contrebalance la mauvaise et c'est
la folie de la croix.
Erasme
demeura toujours dans une sorte.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Exposé Érasme: Erasme, Prince des humanistes ?
- ESSAI SUR LE LIBRE ARBITRE, Didier Erasme de Rotterdam
- Fiche de bac Eloge de la folie Erasme chap 40 ²
- Erasme
- On ne nait pas homme on le devient - Erasme