Devoir de Philosophie

Esquissez le portrait moral et littéraire de Villon

Publié le 15/02/2012

Extrait du document

villon

 

Pauvre homme, vrai poète : voilà Villon en quatre mots. Son nom, quand on en connaît l'origine, éveille la sympathie. François de Moncorbier - selon l'état-civil - se fit appeler François Villon, en souvenir de son oncle et bienfaiteur, chapelain de Saint-Benoît. La bonté de cet excellent homme ne se laissa point décourager par 'les frasques précoces de son neveu, si bien que celui-ci le nommait son « plus que père «.

Un coeur reconnaissant n'est jamais tout à fait perverti....

Et puis ce drôle, clerc sans vocation, écolier sans courage,

villon

« Denonce par un complice mecontent de sa part de benefices, il est inculpe apres l'affaire de Navarre, et il fuit.

Six annees durant, it vagabonde a travers les provinces.

Les hasards de la route, la renommee de Charles d'Orleans le conduisent au château de ce prince.

Le voila poke de tour, heberge et pensionne par son confrere en Apollon.

Raisonnable, il se rat fixe 1A.

Mais la domesticite, les jalousies dont il est l'objet le revoltent.

II se fatigue d'être sage; le gait de l'aventure l'emporte.

II reprend sa liberte. Par ordre de l'autorite ecclesiastique dont il releve, ilest, derechef, emprisonne a Meung-sur-Loire pour un forfait que nous ignorons.

11 estime cette captivite injuste et disproportionnee a la faute.

Et il legue a la pos- terite des vers indignes, on ii voue aux gemonies l'eveque d'Orleans et ses supperts.

Relache, it s'avere incapable d'user de sa liberte.

II efit pu vivre paisible- ment a Moulins, sous le patronage du duc de Bourbon.

Non.

Inquiet, turbu- lent, il vent, a tout prix, revoir son Paris.

Et comme, decemment, it ne peut plus se presenter chez Guillaume de Villon, it vegete dans la banlieue jusqu'au jour oa.il va gaiter a nouveau du Chatelet. Il a trente ans.

C'est un vieillard.

Parfois it accuse l'eveque d'Orleans de cette decheance prematuree, et parfois it s'en prend a lui -meme.

Con- damne a la potence, puis gracie et banni pour dix ans, it quitte definiti- vement la capitale, temoin de ses folies et de ses hontes, et s'en va mourir on ne salt oia, ni quand, ni comment.

Singuliere destinee, physionomie &range! Durant ces annees agitees, Villon ne cesse de rimer.

A-t-il done, comme tant de ses contemporains, ate piqué par la tarentule versificatrice? est-il un metromane? Non point; il ne ressemble a aucun autre; it &lit pour dire quelque chose.

Et si, de temps en temps, il sacrifie a la mode du, jour, le plus souvent il la brave et Is &passe. Rien de plus interessant, a cet egard, qu'une comparaison avec son hote, le chAtelain de Blois.

Celui-ci represente la poesie courtoise dans ce qu'elle a de plus conventionnel.

11 dessine de jolis motifs sur un modele archalque. Villon ne se borne pas a chanter I'amour a la maniere traditionnelle; it ne se pique ni de tact, ni de mesure, il est &bride, it touche a toute sorte de sujets, voire les plus scabreux; rie ou qu'il pleure, it n'a cure de decence : tel en ses vers qu'en sa Plusieurs de ses pieces prouvent, neanmoins, qu'il eut pu rivaliser avec quiconque dans la poesie courtoise.

A Blois, il commente avec ingeniosite ce theme allegorique : Je meurs de soif aupres de la fontaine. Des douze concurrents, parmi lesquels figure Charles d'Orleans, c'est lui le triomphateur, et ses vers recoivent les honneurs du manuscrit ducal.

II cut pu egalement etaler dans son oeuvre une erudition pedantesque, comme on s'y croyait alors oblige.

Par IA encore, il echappe a l'ambiance. On ne saurait lui reprocher sa trop longue enumeration des beautes dis- parues, dans la ballade célèbre des « Dames du temps jadis » ; on sent qu'il y met une sorte de vanite, d'affectation, et que ce n'est pas son genre.

Ce qui plait, chez lui, c'est, avant tout, la spontaneite, la sincerite, le nature'.

Tout le monde qui fut son monde revit intensement dans ses vers : ribauds et ribaudes, joueurs et buveurs, truands et &oilers, toute la pegre parisienne du xv' siecle, peinte avec un realisme cru, brutal, trivial et tru- culent.

Mais plus que ce triste milieu, c'est lui qui nous interesse.

Quand il nous decouvre son Ame, it n'est pas plus apprete que lorsqu'il evoque son entou- rage.

Son lyrisme devient vite douloureux, et il nous emeut, parce que la detresse qu'il y exprime est profondement humaine.

On serait presque tente de lui appliques ce que Pon a dit de Musset, ce frere lointain, pari- sien devergonde et ivrogne comme Jul : C'etait plus qu'un poke, c'etait un homme.

» Malgre sa decheance lamentable, nous sentons pres de nous ce miserable. 'Ses repentirs nous touchent, et son universal desenchantement.

On aime cette humilite non feinte, on plaint ce desillusionne qui fait sur tout ce D,énoncé par un complice mé~onte!lt dt; sa par~ de bénéfice.s, il est inculp~ apres l'affaue de Navarre, et 11 fu~t .

.S1x annees durant, Il vagabonde a travers les provinces.

Les hasards de la route, la renommée de Charles d'Orléans le 'conduisent au château de ce prince.

Le voilà poète de cour, hébergé et pensionné par son confrère en Apollon.

Raisonnable, il se fût fixé là.

Mais la domesticité, les jalousies dont il est l'objet le révoltent.

Il se fatigue d'être sage; le ~oût de l'aventure l'emporte.

II reprend sa liberté.

Par ordre de l'autorite ecclésiastique dont il relève, il est, derechef, emprisonné à Meung-sur-Loire pour un forfait que nous ignorons.

Il estime cette captivité injuste et disproportionnée à la faute.

Et il lègue à la pos­ térité des vers indignés, où il voue aux gémonies l'évêque d'Orléans et ses suppôts.

Relâché, il s'avère incapable d'user de sa liberté.

Il eût pu vivre paisible­ ment à Moulins, sous le patronage du duc de Bourbon.

Non.

Inquiet, turbu­ lent, il veut, à tout prix, revoir son Paris.

Et comme, décemment, il ne peut plus se présenter chez Guillaume de Villon, il végète dans la banlieue jusqu'au jour où .il va goûter à nouveau du Châtelet.

Il a trente ans.

C'est un vieillard.

Parfois il accuse l'évêque d'Orléans de cette déchéance prématurée, et parfois il s'en prend à lm-même.

Con­ damné à la potence, puis grâcié et banni pour dix ans, il quitte définiti­ vement la capitale, témoin de ses folies et de ses hontes, et s'en va mourir on ne sait où, ni quand, ni comment.

Singulière destinée, physionomie étrange! .

.

.

Durant ces années agitées, Villon ne cesse de rimer.

A-t-il donc, comme tant de ses contemporains, été piqué par la tarentule versificatrice? est-il un métromane? Non point; il ne ressemble à aucun autre; il écrit pour dire quelque chose.

Et si, de temps en temps, il sacrifie à la mode du jour, le plus souvent il la brave et la dépasse.

Rien de plus intéressant, à cet égard, qu'une comparaison avec son hôte, le châtelain de Blois.

Celui-ci représente la poésie courtoise dans ce qu'elle .

a de plus conventionnel.

Il dessine de jolis motifs sur un modèle archaïque.

Villon ne se borne pas à chanter l'amour à la manière traditionnelle; il ne se pique ni de tact, ni de mesure, il est débridé, il touche à toute sorte de sujets, voire les plus scabreux; qu'il rie ou qu'il pleure, il n'a cure de décence : tel en ses vers qu'en sa vie.

Plusieurs de ses pièces prouvent, néanmoins, qu'il eût pu rivaliser avec quiconque dans la poésie courtoise.

A Blois, il commente avec ingéniosité ce thème allégorique : Je meurs de soif auprès de la fontaine.

Des douze concm·rents, parmi lesquels figure Charles d'Orléans, c'est lui le triomphateur, et ses vers reçoivent les honneurs du manuscrit ducal.

Il eût pu également étaler dans son œuvre une érudition pédantesque, comme on s'y croyait alors obligé.

Par là encore, il échappe à l'ambiance.

On ne saurait lui reprocher sa trop longue énumération des beautés dis­ parues, dans la bàllade célèbre des « Dames du temps jadis » ; on .

sent qu'il y met une sorte de vanité, d'affectation, et que ce n'est pas son genre.

Ce qui plaît, chez.

lui, c'est, av~nt tout, la spontanéité, la sincérité, le naturel.

Tout le monde qui fut son monde revit intensément dans ses vers : ribauds et ribaudes, joueurs et buveurs, truands et écoliers, toute la pègre parisienne du xv• siècle, peinte avec un réalisme cru, brutal, trivial et tru­ culent.

Mais plus que ce triste milieu, c'est lui qui nous intéresse.

Quand il nous découvre son âme, il n'est pas plus apprête que lorsqu'il évoque son entou­ rage.

Son lyrisme devient vite douloureux, et il nous émeut, parce que la détresse qu'il y exprime est r.rofondément humaine.

On serait presque tenté de lui appliquer ce que l on a dit de Musset, ce frère lointain, pari­ sien dévergondé et ivrogne comme lui : « C'était plus qu'un poète, c'était un homme.» Malgré sa déchéance lamentable, nous sentons près de nous ce misérable.

·ses repentirs nous touchent, et son universel désenchantement.

On aime cette humilité non feinte, on plaint ce désillusionné qui fait sur tout ce. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles