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Etude de titre « une vie » de Maupassant

Publié le 27/12/2012

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        Nous allons à présent nous attarder sur le titre du premier roman de Maupassant qui nous pousse également à en faire « un livre sur rien «, un livre du rien, un titre, en somme, qui gomme toute substance, toute épaisseur.    Commençons par rappeler le propos tenu par Marcoin dans Les romans de Maupassant : « Unevie : un roman presque sans titre112 «. En intitulant son roman « une vie « et non pas « la vie «, unevie simplement, sans ajouter aucun complément du nom par exemple, Maupassant laisse planer unsentiment indéniable de vague. Une vie mais laquelle ? Rappelons au passage l’importance du titreau même titre que le paratexte ou l’incipit dans le « contrat de lecture «. Un titre bref, laconique (undéterminant indéfini et un syntagme monosyllabique), un titre qui existe à peine, qui s’excusepresque d’être là, un titre presque aspiré, presque effacé.           En cela, ce titre dit une vie à peine esquissée, une vie sans épaisseur, une vie qui se meurt. Une vie sans vie, une « vie morne « comme il est dit plusieurs fois dans le roman, une vie… morte. La polysémie du mot vie est d’ailleurs explicitée par Henri Mitterand qui met en relief l’antiphrase du titre du roman de Maupassant, antiphrase que nous allons être contraint malgré tout de nuancer.           Dans sa préface à Une vie, reprise d’ailleurs dans Le regard et le signe, il déclare : « une vie de femme [...] c'est donc en fait la mort à petit feu, par étouffement, par asphyxie progressive de la sensibilité [...] du désir [...] d'être heureux. Le titre est à prendre comme une antiphrase113 «. Cela nous amène alors à pointer du doigt le pessimisme de Maupassant (hérité de Schopenhauer), pour lequel la vie est l’« éternullité «. A l’instar de Flaubert qui déclarait que l’existence n’est qu’une « triste plaisanterie «, le père de Pierre et Jean disait qu’elle était un « drame sans trêve «, une « honteuse comédie « (L’Endormeuse. In C.N., II, p.1170). Dans Maupassant par lui-même, est bien décrit ce sentiment « villonesque « qui anime notre auteur et selon lequel la mort ronge la vie. « La mort se dresse au coin de toutes nos actions, à chaque instant de la vie, ricanante, complice indésirable, hantise qui ne cesse jamais « déclare le poète de Bel-ami dans lequel on a pu souvent voir le porte-parole de notre auteur. Et de conclure dans une surprenante antithèse : « Vivre c’est mourir «. (Op. cit., p.130 et sv.) Nous sentons bien entendu l’empreinte de Schopenhauer, lequel déclarait : « A considérer la vie sous l’aspect de sa valeur objective, il est au moins douteux qu’elle soit préférable au néant «. Ainsi, derrière Une vie, c’est la mort qui se dessine, le néant, vivre étant mourir à petit feu. Dès lors, la vie n’est qu’une illusion de vie : « la vie c'est la mort, l'existence c'est la condamnation 114«. Et si nous faiso...
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« par lui-même, est bien décrit ce sentiment « villonesque » qui anime notre auteur et selon lequel la mort ronge la vie.

« La mort se dresse au coin de toutes nos actions, à chaque instant de la vie, ricanante, complice indésirable, hantise qui ne cesse jamais » déclare le poète de Bel-ami dans lequel on a pu souvent voir le porte-parole de notre auteur.

Et de conclure dans une surprenante antithèse : « Vivre c'est mourir ».

(Op.

cit., p.130 et sv.) Nous sentons bien entendu l'empreinte de Schopenhauer, lequel déclarait : « A considérer la vie sous l'aspect de sa valeur objective, il est au moins douteux qu'elle soit préférable au néant ».

Ainsi, derrière Une vie, c'est la mort qui se dessine, le néant, vivre étant mourir à petit feu.

Dès lors, la vie n'est qu'une illusion de vie : « la vie c'est la mort, l'existence c'est la condamnation 114».

Et si nous faisons un grand bond dans le temps, nous pouvons lire dans le très saisissant Microfictions de Régis Jauffret, sans conteste l'un des meilleurs écrivains français du moment : « Et puis, ce que les gens appellent la vie m'ennuie, j'ai même la sensation que c'est la mort ».         Lorsque Jeanne sort du couvent, dans la fleur de l'âge, nous avons l'impression d'assister à sa naissance, à sa renaissance, après plusieurs années passées derrière les murs austères du couvent.

Les pages initiales sont pour nous comme une promesse, une éclosion de vie.

Or, cette vie n'est, semble t-il, qu'une course vers la mort (nous avons pu évoquer plus haut l'omniprésence de la mort dans le roman : mort des personnages, des illusions, mort de la vie et peut-être même mort symbolique de l'auteur comme nous verrons plus loin).

Ainsi, lire Une vie, c'est lire le mot mort en bas des pages, entre les lignes, la vie, apparaissant comme un « corridor tout noir et qui avait au fond sa porte bien fermée » pour reprendre les termes de Madame Bovary (Op.

cit., Gallimard, 1951,p.382).

La vie se voit synonyme de piège, de mort.

D'une vie résulte donc une non-vie, une simple survie.

Une vie sous scellés.

L'arrachement à la propriété familiale est, par exemple, à lire comme une espèce de mort : Jeanne est d'ailleurs décrite à ce moment-là « comme morte » .

De surcroît, ce cheminement vers la mort de Jeanne nous conduit à faire un parallèle avec le roman de Flaubert Un coeur simple, à propos duquel Maupassant a pu dire, dans Pour Flaubert, qu'il s'agissait de l'« histoire d'une pauvre servante de campagne honnête et bornée, dont la vie va tout droit jusqu'à la mort, sans qu'une lueur de bonheur vrai l'éclaire jamais115 ».. »

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