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Etude du personnage de Catherine Leroux dans madame Bovary de Flaubert

Publié le 07/10/2018

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leroux

Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements. Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et, le long des hanches, un grand tablier bleu. Son visage maigre, entouré d'un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses. La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire ; et, à force d'avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d'elles-mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies. Quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure. Rien de triste ou d'attendri n'amollissait ce regard pâle. Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité. C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une

 

compagnie si nombreuse ; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s'il fallait s'avancer ou s'enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient. Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude.

C’est cette réserve excessive qui a poussé les examinateurs du jury

 

à se demander si elle était saine d’esprit. Ils ne comprennent pas sa réaction. « Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. » L’expression « demi-siècle de servitude » renforce bien l’aspect du travail dur qu’exécute Catherine Leroux. Elle contraste étonnamment avec « ces bourgeois épanouis ». Ils ne connaissaient certainement que l’opulence et se cachent la misère. Enfin, nous pouvons voir la dernière réplique de Catherine Leroux : « Je la donnerai au curé de chez nous, pour qu'il me dise des messes. ». Cette phrase met en avant son coté dévot mais aussi sa simplicité de vie.

 

Ainsi, le personnage de Catherine Leroux dénonce la misère des paysans par rapport aux bourgeois grâce à ce portrait et aux remarques de l’auteur. La vie simple accompagnée d’un dur labeur de Madame Leroux est mise en avant.

leroux

« «Où est -elle, Catherine Leroux ?» répéta le Conseiller. Elle ne se présentait pas, et l'on entendait des voix qui chuchotaient : – Vas-y ! – Non. – À gauche ! – N'aie pas peur ! – Ah ! qu'elle est bête ! – Enfin y est -elle ? s'écria Tuvache. – Oui !...

la voilà ! – Qu'elle approche donc ! Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements.

Elle avait aux pieds de grosses galoches de bois, et, le long des hanches, un grand tablier bleu.

Son visage maigre, entouré d'un béguin sans bordure, était plus plissé de rides qu'une pomme de reinette flétrie, et des manches de sa camisole rouge dépassaient deux longues mains, à articulations noueuses.

La poussière des granges, la potasse des lessives et le suint des laines les avaient si bien encroûtées, éraillées, durcies, qu'elles semblaient sales quoiqu'elles fussent rincées d'eau claire ; et, à force d'avoir servi, elles restaient entrouvertes, comme pour présenter d'elles -mêmes l'humble témoignage de tant de souffrances subies.

Quelque chose d'une rigidité monacale relevait l'expression de sa figure.

Rien de triste ou d'attendri n'amollissait ce regard pâle.

Dans la fréquentation des animaux, elle avait pris leur mutisme et leur placidité.

C'était la première fois qu'elle se voyait au milieu d'une compagnie si nombreuse ; et, intérieurement effarouchée par les drapeaux, par les tambours, par les messieurs en habit noir et par la croix d'honneur du Conseiller, elle demeurait tout immobile, ne sachant s'il fallait s'avancer ou s'enfuir, ni pourquoi la foule la poussait et pourquoi les examinateurs lui souriaient.

Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. – Approchez, vénérable Catherine -Nicaise -Élisabeth Leroux ! dit M.

le Conseiller, qui avait pris des mains du président la liste des lauréats. Et tour à tour examinant la feuille de papier, puis la vieille femme, il répétait d'un ton paternel : – Approchez, approchez ! – Êtes -vous sourde ? dit Tuvache, en bondissant sur son fauteuil. Et il se mit à lui crier dans l'oreille : – Cinquante-quatre ans de service ! Une médaille d'argent ! Vingt -cinq francs ! C'est pour vous. Puis, quand elle eut sa médaille, elle la considéra.

Alors un sourire de béatitude se répandit sur sa figure, et on l'entendit qui marmottait en s'en allant : – Je la donnerai au curé de chez nous, pour qu'il me dise des messes. – Quel fanatisme ! exclama le pharmacien, en se penchant vers le notaire.. »

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