Étude Linéaire : le portrait de Pamphile

« Séquence n°3 : La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle Étude linéaire n°3, Les Caractères de La Bruyère, Le portrait de Pamphile, IX, 50 (p.141, l.414 à 444) Début de l’intro à rédiger par les élèves (LB.

sa vie, les cara) : faire court. Dans le livre IX des Caractères, La Bruyère achève sa description de la société d’Ancien Régime en s’intéressant à la caste la plus privilégiée, celle des Grands, dernier cercle de l’entourage du Roi.

Pamphile est l’un de ces Grands, courtisan versaillais aussi incontournable qu’inaccessible, et que LB nous le peint avec vivacité en maître des intrigues, des faux-semblants et des jeux de la sociabilité.

Dans le texte, grâce à l’antonomase, Pamphile devient tour à tour un Pamphile, puis des Pamphiles, passant subrepticement du particulier au général, et invitant le lecteur à interroger sa propre sociabilité ainsi que les acteurs de sa propre société. Pbt : Comment LB, à travers la satire d’un individu, parvient-il à dénoncer des défauts universels, fondant ainsi un véritable type social ? Mouvements du texte : - Pamphile, le courtisan prétentieux (l.1 à 5) - le modèle de l’homme de cour, hypocrite et opportuniste (l.6 à 14) - du spectacle vivant à la dénonciation du theatrum mundi (l.14 à la fin) 1er mouvement (1er paragraphe) : Pamphile, le courtisan prétentieux Dès le premier mot, nom propre Pamphile, on saisit l’ironie mordante de LB : onomastique ⇒ pan-phile (racines grecques) : qui aime tout : antiphrase (Pamphile ici semble n’aimer rien ni personne à part lui mm et ses intérêts).

L’ironie de cette figure négative est renforcée par la négation totale qui ouvre le texte : Pamphile [l’ami de tous, celui qui aime tout le monde]ne s’entretient pas avec les gens qu’il rencontre ⇒ antithèse, renforcée par l’emploi du nom “gens”, nom aussi indéfini qu’anonyme : dans cette phrase, on voit bien que personne d’autre n’existe que lui, et qu’il considère les autres par rapport à lui (qu’il rencontre : c’est lui qui est sujet, ôtant la possibilité de l’égalité). Ton moqueur du moraliste souligné par l’emploi de l’épanorthose (figure de correction : Figure de style dans laquelle on souhaite retirer ce qu'on avait dit précédemment, pour dire quelque chose de plus fort) : “P.

ne s’entretient pas avec les gens qu’il rencontre [...] il les reçoit” : LB se corrige lui-mm pour souligner le snobisme de P.

qui parle avec une autorité de monarque. ⇒ donc, contrairement à ce que suppose l’art de la conversation (et idéal de l’honnête homme), P ne converse pas avec les autres, mais, comme l’indique la prop.

juxtaposée : “si l’on en croit sa gravité et l’élévation de sa voix, il les reçoit, leur donne audience, les congédie” ⇒ l’expression “si l’on en croit” dénonce la posture de P.

(LB dénude le procédé : nous, lecteur, n’allons pas y croire, c’est bien le theatrum mundi, jeu d’acteur auquel il s’agit de croire : P est dans le paraître). P.

est empli de fatuité (“sa gravité et l’élévation de sa voix) et il réserve à ceux qu’il rencontre un traitement expéditif, comme le souligne la parataxe : “il les reçoit, leur donne audience, les congédie” (+ gradation).

Par ailleurs, le champ lexical utilisé rappelle celui de la justice ce qui renforce l’idée que P traite tout le monde comme des inférieurs, des subalternes. - S’ensuit alors une description assez exhaustive de sa manière de se comporter (juxtaposition + coordination + subordination : phrase longue), P.

est tout en antithèse, voire en oxymore : “civils et hautains” “honnêteté impérieuse” (impérieux = qui commande d'une façon qui n'admet ni résistance ni réplique) > la deuxième partie de l’antithèse (hautains et impérieuse) à chaque fois invalide la première partie, la dément, et montre aussi que P.

est un personnage de composition (fabriqué), un personnage double (auquel on ne peut se fier). → P.

emploie son “honnêteté impérieuse” “sans discernement” : litote (ironique) >> il incarne mal les vertus sociales qu’en tant que Grand il est censé représenter; ce que souligne une nouvelle antithèse : “fausse grandeur qui l’abaisse”.

La grandeur, qui devrait être une vertu, est ici fausse, soit corrompue par le jeu de paraître méprisable auquel se livre ce Pamphile.

Le jeu des antithèses renverse la noblesse (civil, grandeur, amis) en médiocrité (hautain, abaisse, mépriser) ⇒ l’écart entre l’homme prétentieux et le rôle de prince magnanime qu’il joue est mis en avant. >> la présentation de Pamphile se clôt sur le regard porté sur lui (cf.

société de paraître) : il "embarrasse fort ceux qui sont ses amis, et qui ne veulent pas le mépriser” ⇒ jusqu’à ses amis sont gênés par son comportement, mais ils sont hypocrites : un fat vaniteux et double entouré d’une Cour d’hypocrites > condamnation sociale. Courtisan médiocre mais prétentieux, P.

joue devant ses pairs le rôle du grand prince courtois ; mais le moraliste n’est pas dupe et voit clair dans son jeu qu’il ridiculise en le mettant en lumière aux yeux du lecteur. Deuxième mouvement : le modèle de l’homme de cour, hypocrite et opportuniste (l.6 à 14) → L’ouverture de ce 2e para.

fait passer la description du particulier au général grâce à l’antonomase : “Un Pamphile est plein de lui-mm” : Pamphile devient par ce procédé mm un archétype (=un original qui sert de modèle), et c’est maintenant la description, plus abstraite, de ce modèle d’homme de cour que nous allons lire.

Pamphile, par l’antonomase, devient le représentant d’une catégorie d’individus qui ont ce même défaut (= procédé de généralisation). → “lui-mm”, “se”, 3 x “sa”, “ses” : avec ces pronomes personnels et déterminants possessifs, LB insiste sur l’amour-propre et l’autosatisfaction de ce personnage narcissique. → Parataxe + énumération (plein de lui mm, ne se perd pas de vue ; ne sort point de l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité” = orgueil de l’artistocrate convaincu de sa supériorité sur les autres, portrait de l’homme borné dont l’idée est totalement autocentrée. La formulation ironique tourne au ridicule ce que ces Pamphile considèrent comme primordial (les alliances, la dignité …).

Par son regard, le moraliste invite ses lecteurs à interroger les valeurs qui semblent fonder la société de Cour (appelle à exercer un regard critique et ne pas se laisser dicter une échelle de valeur absurde). “il ramasse, pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe pour se faire valoir” : l’argent (toutes ses pièces = hyperbole) devient un habit, un costume, dont l’essence même est la démonstration : il cherche à prouver sa grandeur par la fortune qu’il étale. “mon ordre, mon cordon bleu” : le portrait s’incarne grâce à ce discours direct (vivacité du portrait) + reprise anaphorique du déterminant possessif “mon” > ces insignes (cordon bleu = marque des chevaliers du saint esprit, ordre le plus prestigieux de l’Ancien Régime) sont vidés de leur importance, ils ne sont réduits à des avoirs, que P “cache ou montre par ostentation” (antithèse) => l’inconstance d’un personnage opportuniste est ici soulignée.

Il feint son humilité mais est.... »