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Etudier l'art de Victor Hugo dans ce passage des Pauvres Gens

Publié le 14/03/2011

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hugo

Jeannie veille dans sa pauvre chaumière pendant que dorment ses cinq enfants. Son mari pêche en mer, par une nuit mauvaise.

Elle prend sa lanterne et sa cape. — C'est l'heure D'aller voir s'il revient, si la mer est meilleure, S'il fait jour, si la flamme est au mât du signal. Allons! — Et la voilà qui part. L'air matinal Ne souffle pas encor. Rien. Pas de ligne blanche Dans l'espace où le flot des ténèbres s'épanche. Il pleut. Rien n'est plus noir que la pluie au matin ; On dirait que le jour tremble et doute, incertain, Et qu'ainsi que l'enfant l'aube pleure de naître. Elle va. L'on ne voit luire aucune fenêtre. Tout à coup à ses yeux qui cherchent le chemin, Avec je ne sais quoi de lugubre et d'humain Une sombre masure apparaît décrépite; Ni lumière, ni feu; la porte au vent palpite; Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux. La bise sur ce toit tord des chaumes hideux, Jaunes, sales, pareils aux grosses eaux d'un fleuve. — Tiens! je ne pensais plus à cette pauvre veuve, Dit-elle; mon mari, l'autre jour, la trouva Malade et seule; il faut voir comment elle va. Elle frappe à la porte, elle écoute; personne Ne répond. Et Jeannie au vent de mer frissonne. — Malade! Et ses enfants! Comme c'est mal nourri! Elle n'en a que deux, mais elle est sans mari. — Puis, elle frappe encore. Hé! voisine! Elle appelle. Et la maison se tait toujours. — Ah! Dieu! dit-elle, Comme elle dort, qu'il faut l'appeler si longtemps! — La porte, cette fois, comme si, par instants, Les objets étaient pris d'une pitié suprême, Morne, tourna dans l'ombre et s'ouvrit d'elle-même.

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