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Étudiez le comique dans « De la cour » et « Des grands

Publié le 10/08/2014

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La métaphore

 

Souvent, chez La Bruyère, les métaphores et les comparaisons sont ironiques et ont un effet comique. Dans DC, 61 : « l'on voit des gens enivrés, ensorcelés de la faveur « ; la métaphore est filée et aboutit peu à peu à la description de fous. Par contraste, Théodote « a une plus douce manie «, celle d'aimer la faveur en secret ! Lui aussi est fou... mais il réus­sira ! Le ton spirituel a ainsi un but de dénonciation mais sans le ton de la prédication morale.

« un air mécanique.

Dans DC, 15, l'accumulation des verbes manifeste une hâte croissante.

Cette accumulation est suivie d'un arrêt brutal après «il se nomme» qui mime la rentrée dans le rang du courtisan, avec un effet de surprise puisqu'on s'attend à ce qu'en se nommant il bénéficie d'un régime de faveur (même effet dans DG, 32).

Dans DG, 15, pour décrire un courtisan qui s'insinue partout, La Bruyère nomme des lieux de plus en plus petits et intimes: «palais», «chambre», «embrasure», «cabinet».

La caricature Le souci de révéler l'intérieur par l'extérieur amène à la caricature.

Les personnages, parce que nous ne voyons que leurs attitudes, apparaissent ridicules.

Ils sont réduits à leurs gestes : «Il se tourne à droite, où il y a grand monde, et à gauche, où il n'y a personne» (DG, 48).

L'antithèse La chute, art d'achever la remarque par une pointe spirituelle qui s'oppose à ce qui précède, est un procédé très souvent utilisé par La Bruyère.

Ainsi dans DC, 40, le début : «Vous êtes homme de bien» aboutit à: «vous êtes perdu».

Le comique peut aussi provenir d'une antithèse dans la construction.

Le portrait de DC, 61 est comique parce que Théodote s'occupe avec grand soin de choses sans importance.

Antithèse et gradation sont souvent liées.

Tel est le cas dans DC, 32, où la moitié de la description mime la réussite et l'autre moitié la chute du courtisan.

Ill.

Le goût du travestissement La Bruyère utilise deux types de comique très prisés au xvne siècle : le burlesque et l'héroï-comique, travestissements littéraires qui transgressent les codes sociaux et littéraires.

Le burlesque Il consiste à prendre une situation noble et digne en en rabaissant aussi bien les protagonistes que le style.

Ainsi, quand, dans DC, 74, La Bruyère nous décrit la cour comme un pays situé« à plus d'onze cent lieues de mer des Iroquois et des Hurons», il rapproche pourtant la cour de ces « sauvages » puisque la description qui est faite ( « une épaisseur de cheveux étrangers ») rap­ pelle celle de voyageurs découvrant des peuplades inconnues.

Dans DC, 19, Cimon et Clitandre se croient chargés de toutes les affaires de l'État mais la description les transforme en marion­ nettes inadaptées.

Même procédé de décalage dissonant dans DG, 32, où La Bruyère peint les « hommes nés inaccessibles » sous la forme de figures de carton auxquelles on attache un pétard : «Ils jettent feu et flamme, ils tonnent et foudroient» : la comparaison filée permet de démysti­ fier ces grands imbus de leur pouvoir.

L'héroï-comique C'est le procédé inverse.

Il consiste à utiliser un style noble pour décrire une réalité triviale.

La Bruyère l'utilise moins, car c'est un procédé subversif.

Il l'emploie dans DG, 45 : «Écoutez, peuples, dit le héraut».

Le moraliste corrige aussitôt cette image pompeuse et revient à un style simple qui condamne la première attitude.

Par ce travestissement, La Bruyère montre ce qui se cache de vanité sous les apparences brillantes.

Burlesque et héroï-comique ont en commun de manifester une dissonance.

Or, dans une société où des règles strictes régissent les comportements et les conditions, manifester le comique de certaines situations en les rabaissant ou en les haussant faussement, par jeu, c'est aussi ébranler les certitudes sociales des gens de la cour, les relativiser.

C'est la fonc­ tion générale du comique chez La Bruyère.. »

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