Étudiez le personnage d'Oreste dans Andromaque de Racine, en essayant de montrer le travail et les intentions de l'auteur.

« ...Non, tes conseils ne sont plus de saison,Pylade, je suis las d'écouter la raison.

(v.

711-712) Dans son aveuglement il s'en prend à Pyrrhus sans savoir que Pyrrhus est aussi à plaindre que lui.

Il se fait desillusions sur Hermione.

Pylade lui révèle qu'elle aime Pyrrhus plus que jamais.

Ce redoublement de malheur faitapparaître la véritable personnalité d'Oreste : Non, non, à mes tourments je veux l'associer; (760)Je prétends qu'à mon tour l'inhumaine me craigne.

(762)Mon innocence enfin commence à me peser;Je ne sais de tout temps quelle injuste puissanceLaisse le crime en paix et poursuit l'innocence.

(772-774) La victime veut passer dans les rangs des persécuteurs, renverser l'ordre moral, trop absurde : Je ne vois que malheurs qui condamnent les dieux;Méritons leur courroux, justifions leur haine,Et que le fruit du crime en précède la peine.

(776-778) Ce caractère annonce par ses nuances certains accents de Baudelaire, certains points de vue d'Albert Camus dansL'homme révolté. Mais, plus que criminel, il est un malheureuxQue tout le monde hait, et qui se hait lui-même.

(798) Trop faible, inférieur à sa destinée qu'il ne sait pas dominer comme Auguste de Corneille, il se croit persécuté et s'enprend aux dieux et aux hommes.

Il se tourmente lui-même et s'imagine que les autres le tourmentent.

Les premierseffets du changement de sa personnalité se manifestent dans la scène 2 de l'acte III lorsqu'il dissimule devantHermione ses vrais sentiments.Ensuite il ne paraît plus jusqu'à la scène 3 de l'acte IV : Hermione a besoin de lui pour sa vengeance.

Mais là encore,Oreste ne sera pas à la hauteur.

D'abord il est plein d'illusions, croit qu'Hermione l'aime.

Il se montre ensuite unamoureux maladroit en n'entrant pas immédiatement dans les vues d'Hermione, en s'embarrassant de scrupules.Hermione le surclasse par l'absolu de sa passion.

Oreste ne sait ni être un aveugle instrument de son idole, ni leparaître en rusant.

Écrasé par la superbe personnalité d'Hermione, insulté par elle, traînant et geignant, il finit parcéder, par se résigner à l'assassinat.Était-il vraiment amoureux, passionné? Les personnages de la Renaissance italienne évoqués par Stendhal nereculaient pas devant un crime pour satisfaire leur passion.

La vie d'autrui ne comptait pas pour eux.

Encomparaison de ces impulsifs, Oreste paraît indécis, mou, pessimiste, malhabile, naïf.Maintenant les malheurs ne cesseront plus de s'abattre sur lui; Hermione le désavoue et le maudit : Qui te l'a dit? (1543)...Tu m'apportais, cruel, le malheur qui te suit.

(1556) Après la trahison d'Hermione il apprend son suicide, et s'écrie avec une ironie amère : Grâce aux dieux ! Mon malheur passe mon espérance (1613)J'étais né pour servir d'exemple à ta colère, (1618)Pour être du malheur un modèle accompli.

(1619) Mais sa raison ne résiste pas à de telles épreuves : « Il perd le sentiment.

» Le remords, symbolisé par la légendairepoursuite par les Erinnyes, le tourmente :Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes? (1638) III.

- LE TRAVAIL ET LES INTENTIONS DE RACINE L'Oreste de Racine a déçu certains critiques parce que, dans la tragédie antique, ce personnage était généralementprotagoniste.

Ici il est le dernier, le plus humilié des quatre personnages, mais il n'en sait rien; au début il estaveuglé.

Tout retombe sur lui.Il est toujours inférieur à la situation; il n'a pas assez de prestige ou de ruse pour séduire Hermione, pas assez de. »