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Evolution psychologique du personnage de Prospéro de Shakespeare à Césaire

Publié le 13/08/2012

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Si chez Shakespeare le personnage de Prospéro évolue de le rancune et la vengeance au pardon et à la compassion, chez Césaire, il ne varie pas psychologiquement et même, il empire à cause de son obsession a dominer Caliban qui va donc le pousser à rester sur l‘île. En effet, il s‘en va, il ne sera plus le maitre incontesté. Dans la « dialectique du maître et de l’esclave « dans l’analyse hégélienne de la conscience, Hegel tente de démontre que la rivalité des désirs engendre un conflit proprement humain : la lutte pour la reconnaissance. L’enjeu du conflit est d’être reconnu comme incarnant une valeur me plaçant au dessus du troupeau sachant que l’autre est peut-être près à relever le défit… La lutte pour la reconnaissance trouvera donc son accomplissement dans une forme de défit mettant ma propre vie en jeu. Le désir de reconnaissance aboutit ainsi à une asymétrie entre celui qui est reconnu (le « maître «, l’idée de maîtrise étant associée à celle de liberté), et celui qui est forcé de reconnaître (« l’esclave «, celui qui a préféré la vie à la liberté). Voilà pourquoi le « vaincu « doit survivre pour satisfaire le désir de reconnaissance du vainqueur. Le conflit semble néanmoins indépassable, chacun voulant sans cesse être le « maître « de l’autre… chacun ayant sans cesse à lutter pour être reconnu comme homme, c’est à dire comme liberté : est libre celui qui fait la preuve de son absolue indépendance à l’égard de la vie, mais il reste à accéder au savoir de soi. 

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« notamment lors de passages très importants qui sont des ajouts de Césaire : leur dialogue polémique sur la colonisation, ainsi que la fin de la pièce où ils restent seulssur l'île à se livrer un combat éternel.

Ce qui importe pour Césaire, c'est donc le conflit entre « races » et entre classes sociales, alors que pour Shakespeare, l'intriguecentrale est politique.

Chez Césaire, Prospéro renonce à retrouver son duché pour régler ses comptes avec Caliban.

Raphaël CONFIANT analyse l'œuvre de Césaireet affirme :« En 1971, reprenant un thème de Shakespeare et le modifiant, le détournant même, Césaire revisite dans Une tempête la dialectique du maître et de l'esclave.

Surune île déserte, le maître blanc Prospéro, l'esclave noir Caliban et le mulâtre Ariel vont s'affronter dans des dialogues grinçants, sardoniques par endroits, qui nelaissent place à aucun message final d'espoir en dépit de ce qu'ont cru y voir la plupart des césairologues patentés.

L'idée que retient le spectateur est celle d'unCaliban dégoûté et désespéré qui veut faire sauter toute l'île à coups de barils de poudre.

Vision plus nihiliste qu'humaniste de toute évidence.

» Il y a deux autres ajouts importants : la spécification de la « race » des esclaves.

Ariel est « mulâtre », c'est-à-dire métis, alors qu'il est un « esprit de l'air », un êtreféérique chez Shakespeare.

Caliban est, quant à lui, un esclave « nègre ».

Il en est de même dans l'Acte III scène 3.

Alors que le mariage de Ferdinand et Miranda seprépare, et que tous les dieux (Iris, Cérès, Junon) sont convoqués, Césaire fait s'inviter à la fête « Eshu : dieu-diable nègre » dont le but est de perturber la fête par sesprovocations grossières.

C'est une manière d'imposer encore une fois la rébellion, la révolte, comme thème fondamental de la pièce.

Le véritable enjeu de l'œuvre estdonc la liberté des esclaves, comme l'atteste le leitmotiv qui sera aussi le dernier mot de la pièce : « La liberté ohé, la liberté », prononcé par Caliban.

Enfin, chezCésaire, Ariel et Caliban, qui ont la même condition d'esclave sont bien plus proches que dans la pièce de Shakespeare où ils n‘ont pas de scène d‘échange et ouProspéro et Ariel ont une relation d‘amour réciproque.

Chez Césaire Ariel et Caliban se batte pour la même cause, même si leurs méthodes diffèrent : « nous sommesfrères, frères dans la souffrance et dans l'esclavage, frères aussi dans l'espérance ».Prospéro utilise l'hypnose collective sur les autres personnages; selon Stéphane Laurens cette science « bouleverse les rapports entretenus habituellement puisque tous ceux qui connaissent ces techniques peuvent influencer et manipuler autrui.

Dans ce cas, c'est ledésir de manipulation, le désir d'avoir une emprise sur l'autre, d'en obtenir quelque chose, de s'en servir pour assouvir ses propres intérêts, qui vont être, en définitive,les véritables mobiles de l'influence.

Or, en l'occurrence, les mobiles sont bien peu glorieux et la légitimité de telles influences est contestable.

on perd ainsi la formede garantie morale de lasupériorité que donne la source de pression (prestige, autorité, compétence, domination numérique...

).» Tous les personnage subisse de cette influence chez Shakespeare et on peut se demander dans quelle mesure il affecte le jugement et les sentiments, des lors on peutmême se demander si les sentiment de Ferdinand pour Miranda sont vraiment réel puisque c'est-ce que Prospéro voulait.

Prospéro est le colonisateur autoritaire.

Ilemploie souvent des impératifs : « Dépêche-toi », « Occupe-toi de lui », des verbes de volonté : « je veux », « j'exige », « il faut », et les didascalies qui lui sont leplus souvent associées sont : « hurlant », « criant ».

Il se sent supérieur jusqu'à considérer Caliban comme un sous-homme, d'où son langage péjoratif et injurieux : «monstre », « pauvre sot », « bête brute », « vilain singe ».

Il est tyrannique et incarne le droit du plus fort : « C'est à cela que se mesure la puissance.

Je suis laPuissance », « Je suis le plus fort et à chaque fois le plus fort ».

La violence verbale de Prospéro témoigne d'une dégradation morale qui se vérifie à la fin de l'œuvre.Prospéro trahi le projet de qui prévoit de mettre à disposition celui que l'on cherche à civiliser l'intégralité, de la pensée philosophique et des outils technologiquesissue de l'évolution.

Or Caliban dénonce la duplicité du maitre qui ne lui distribue que des rudiments du langage et qui lui serviront à lui donner des ordres et àl'asservir.

De même Caliban exprime sa compréhension d'une stratégie d'inégalité siemens organisé: les valeurs et organisation morales ne valent que pour l'esclave etsont destiné à honorer le maître.

Enfin, le jugement esthétique, réfuté avec hauteur par Caliban dénonce l'étroitesse d'esprit de Prospéro réduit à de tels argumentsd'une telle mesquinerie avéré. Si chez Shakespeare le personnage de Prospéro évolue de le rancune et la vengeance au pardon et à la compassion, chez Césaire, il ne varie pas psychologiquement etmême, il empire à cause de son obsession a dominer Caliban qui va donc le pousser à rester sur l‘île.

En effet, il s‘en va, il ne sera plus le maitre incontesté.

Dans la« dialectique du maître et de l'esclave » dans l'analyse hégélienne de la conscience, Hegel tente de démontre que la rivalité des désirs engendre un conflit proprementhumain : la lutte pour la reconnaissance.

L'enjeu du conflit est d'être reconnu comme incarnant une valeur me plaçant au dessus du troupeau sachant que l'autre estpeut-être près à relever le défit… La lutte pour la reconnaissance trouvera donc son accomplissement dans une forme de défit mettant ma propre vie en jeu.

Le désirde reconnaissance aboutit ainsi à une asymétrie entre celui qui est reconnu (le « maître », l'idée de maîtrise étant associée à celle de liberté), et celui qui est forcé dereconnaître (« l'esclave », celui qui a préféré la vie à la liberté).

Voilà pourquoi le « vaincu » doit survivre pour satisfaire le désir de reconnaissance du vainqueur.

Leconflit semble néanmoins indépassable, chacun voulant sans cesse être le « maître » de l'autre… chacun ayant sans cesse à lutter pour être reconnu comme homme,c'est à dire comme liberté : est libre celui qui fait la preuve de son absolue indépendance à l'égard de la vie, mais il reste à accéder au savoir de soi.

En effet, le savoirde soi faisant de nous une conscience ne gagne son objectivité que pour autant qu'il est validé par autrui.

La seule conviction personnelle de nos propres qualités nevaut que si celles-ci sont reconnues par les autres consciences.

Le maître semble donc avoir gagné cette difficile reconnaissance conférant vérité et objectivité ausavoir qu'il prend ainsi de lui même.

Mais voilà… il n'est reconnu que par des esclaves qu'il ne reconnaît pas comme pleinement humains.

Or la reconnaissance n'estsatisfaisante que si il y a reconnaissance réciproque et donc égalité entre les protagonistes du conflit…Le maître est donc dans une impasse.

L'esclave s'affranchi parle travail; il devient le maître de la nature.

Du coup le rapport de servitude s'inverse puis disparaît.

L'esclave devient le maître de la nature et par là maître du maître,alors que le maître devient l'esclave de l'esclave dont il est devenu dépendant.

L'esclave devenu maître, n'est plus le maître d'un esclave mais le maître de lui mêmereconnu dans sa maîtrise par ses alter ego… une tempête de Césaire semble être l'adaptation théâtrale de l'idée énoncer par Hegel.Mannoni propose dans Psychologie de la colonisation un modèle dans lequel le colonial européen typique ne parvient pas à affronter ses pairs et choisit la voie de ladomination sur des colonisés vus comme inférieurs en vertu d'un racisme latent.

Mannoni utilise pour synthétiser cette proposition une formule lapidaire : Le Nègre,c'est la peur que le Blanc a de lui-même, dans laquelle le terme nègre porte toutes les connotations de l'époque et du milieu colonial.

En même temps, Mannoni ydéveloppe une thèse selon laquelle le colonisé attendrait, espérerait être dominé, dirigé, en établissant un parallèle entre l'attitude des Malgaches avec celle des Incasdevant les conquistadores.

Cette double analyse, formulée alors que l'ère coloniale française était remise en question de toutes parts dans les colonies, a donc été trèsmal perçue par les auteurs issus justement de peuples colonisés surtout de la part de Fanon et de Césaire qui réfutent entièrement cette idée.

Cependant ce livre avecdu recul est maintenant vu comme une piste potentielle pour comprendre les affrontements de cultures. Prospéro est forcé de constater que l'esclave c'est emparé de sa magie la plus puissante: le verbe et de reconnaître enfin l'égalité entre Caliban et lui.

À l'offre de paixproposé par l'ancien maître, Caliban oppose un ultime refus au nom d'une irréductible liberté.

C'est que Caliban n'est pas dupe de l'incapacité de Prospéro à assumersa culpabilité.

Sans doute Prospéro accepte-t-il d'être responsable d'une situation douloureuse pour Caliban.

Mais il trouve des justificatifs dans les aspects positif dela colonisation: « tu ne parviendra pas à me faire croire que je suis un tyran ».

Néanmoins Prospéro ne peut nié l'échec de sa mission humaniste échec qui met à malson pouvoir et remet en cause sa supériorité.

Il ne peut donc quitter l'île sans avoir le dernier maux, dans la mesure ou une reddition installe une faiblesse dans le lieude son pouvoir.

Mais Prospéro se fait des illusion sur les raisons de sa dépendance.

Et Caliban vient ici lui rappeler que nul ne peut sortir indemne d'une tempête etque le destin de Prospéro est désormais lié au sien.

C'est désormais Caliban qui est libre, tandis qu'il reste esclave de son envie de domination sur une île qu'il necontrôle plus.

On peut dire que la qualification du personnage shakespearien renvoi au regard du colonisateur du 17ème siècle: dépréciateur et péjoratif, renvoyantcatégoriquement l'esclave dans le lieu de la barbarie et de la monstruosité.

Le requalification du personnage par Aimé Césaire (esclave nègre) permet de donner àCaliban la stature du rebelle qui se dresse face au maître blanc.

En effet il ne s'agit pas ici d'un pléonasme puisque dans l'espace antillais le mot nègre est synonymed'esclave.

C'est surtout la volonté de conscience de l'esclave qui revendique sa négritude et qui le retourne contre les valeurs de la pseudo société occidentale.. »

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