exlique du chapitre 11 de la naissance de la tragédie de Neitzsche
Publié le 26/06/2023
Extrait du document
«
La naissance de la tragédie
La naissance de la tragédie est un ouvrage dans lequel Nietzsche explore l’origine et
la nature de la tragédie grecque antique précisément celle d’Eschyle et de Sophocle, dans le
cadre de son projet qui consiste à donner une identité à la culture allemande en cherchant le
national dans l’universel.
Il trouve, à l’instar de Wagner, dans la tragédie grecque une source
d’inspiration, en retraçant la vie de cette dernière et en faisant revivre l’esprit qui a donné
naissance et forme à la tragédie.
Selon Nietzsche la tragédie est la représentation parfaite de
l’unité entre Apollon et Dionysos, la mesure et la démesure, ces deux puissances autrement dit
ces deux pulsions sont à l’origine de l’harmonie artistique qui sans cette unité serait
impossible.
Cette réflexion sur l’art menée par Nietzsche cherche à souligner les raisons de la
mort de la tragédie grecque.
En effet, si l'apollinien et le dionysiaque, le rêve et l’ivresse, la
mesure et la démesure sont la clé de la tragédie, le socratisme en est la décadence, autrement
dit la rationalité en tant que puissance négative n’a pour objectif que de s’élever contre la
force de la création.
En particulier, le texte objet de notre explication se situe dans cette
perspective.
Notamment, la nouvelle comédie est plus particulièrement celle d’Euripide est la
source de l’agonie de la tragédie attique.
Cette comédie a engendré la mort de la tragédie et le
responsable de ce fléau est Euripide.
Effectivement, en vidant la tragédie de l’élément
dionysiaque original, Euripide a tué cette dernière, la cause majeure réside dans la dégradation
du rôle du chœur qui devient pauvre en accompagnant l’action sans représenter la
réconciliation des deux pulsions qui sont à l’origine de de la tragédie.
Dès lors nous allons
voir comment à travers un raisonnement par analogie Nietzsche critique « la nouvelle
comédie » et blâme les meurtriers de la tragédie attique.
Alors il ne serait pas sans intérêt de lire le passage extrait du chapitre 11 de la page
156-160 pour mener une réflexion sur ce projet de lecture.
LECTURE
En suivant le processus de raisonnement de l’auteur ce texte peut se subdiviser en trois
mouvements :
Le premier mouvement commence à la ligne 1 et se termine à la ligne 144 [c’est à
une masse aussi préparée et éclairée ….
Fondement de leur existence]
Intitulé : une parodie de la « sérénité grecque »
Idée véhiculée : dans ce mouvement Nietzsche dévoile les coulisses de la naissance de
« la nouvelle comédie » tout en critiquant sa vision limitée de l’art.
Autrement dit la nouvelle
comédie a raté la quintessence de la tragédie attique.
Le deuxième mouvement s’étale de la ligne 45 à la ligne 108 [Notre affirmation
précédente … par la justice du public]
Intitulé : L’énigme du spectateur monté sur scène
Idée : Nietzsche soupçonne la tendance radicale d’Euripide et cherche à résoudre
l’énigme du spectateur monté sur scène par le biais de questions oratoire.
Le troisième mouvement s’étale de la ligne 109 à la fin du teste [De ces deux
spectateurs …sa vision de la tragédie]
1
La naissance de la tragédie
Intitulé : les deux spectateurs meurtriers de la tragédie
Idée : Euripide en tant que penseur est non plus en tant que poète dégénéré la tragédie
par sa volonté de rationaliser l’art.
Le premier mouvement
La nouvelle comédie est destinée à une masse préparée et éclairée
Le premier mouvement s’ouvre par la formule [c’est … que] une expression
emphatique qui met en relief le mot « la masse » qui signifie le peuple ou le public et qui met
l’accent sur la quantité/le nombre.
Cet énoncé affirme que cette masse est bien préparée et
éclairée ce qui nous renvoie donc au propos de la page 155 où Nietzsche met l’accent sur le
spectateur qui s’identifie à son double monté sur scène ; ce dernier qui a appris à parler, à
juger et à débattre selon les règles de l’art.
Alors cette nouvelle comédie est destinée à ce
profil déjà préparé pour recevoir ce genre dramatique.
Euripide devient « le chef de chœur » un « chœur des spectateurs » mais le chœur ici n’est
point le chœur de la tragédie composé des choreutes qui chantent des Dithyrambes en l’honneur de
Dionysos.
« Ce chœur des spectateurs » est dépourvu de sa sagesse qui en chantant « sur le mode
euripidien » limite son rôle à des répétitions.
Ce changement dans le rôle du chœur a engendré un
genre dramatique semblable à un jeu d’échecs basé sur la ruse et la feintise.
Le fait d’évoquer le jeu
d’échec dans ce rapport d’analogie, entre la nouvelle comédie et le jeu d’échec, nous pousse à se
demander pourquoi le jeu d’échec proprement dit.
On peut interpréter ce choix à travers la symbolique
de ce jeu qui s’est enrichi depuis son apparition de connotation, il s’agit probablement dans ce
contexte d’une image allégorique car les échecs apportent leur témoignage sur le rapport que les
hommes entretiennent avec le monde, ici le spectateur joue sur scène sa propre vie alors pour survivre
il utilise la ruse et les astuces et c’est le même principe de ce jeu d’échec, celui qui ne maîtrise pas la
feintise dans la vie tombe comme les pions dans l’échiquier.
Le jeu d’échec est aussi un jeu rationnel
ce qui ne rime pas avec la création artistique sans oublier qu’il s’agit d’une conception socratique, le
côté rationnel de cette nouvelle comédie parait comme une dégénération de la comédie attique.
Par le
biais de l’adversatif « Cependant » qui exprime l’opposition Nietzsche met l’accent sur la glorification
d’Euripide en tant que « chef de chœur » par cette masse éblouie et qui semble prête à sacrifier sa vie
pour apprendre de lui.
Cette opposition met en relief un paradoxe lié à cette attitude qui paraît absurde
étant donné que les poètes fondateurs de cette œuvre d’art originelle sont morts ainsi que leurs
œuvres d’art.
L’emploi de l’adversatif « mais » est explicatif et sert à montrer que l’Hellène en
perdant la tragédie il a perdu sa pérennité, normalement le passé prépare et influence le futur, cela dit
la déformation du passé éradique la potentialité d’un avenir idéal.
Une image vient illustrer ce propos,
l’emploi d’une métalepse1 à travers l’emploi de ‘l’épitaphe’ qui désigne la mort, une inscription gravée
sur le tombeau « insouciant et frivole en sa vieillesse » cette expression est une qualification indirecte
de l’état dégradé de la tragédie attique durant sa décadence avant sa mort.
Aussi en suivant la note 14
nous avons constaté qu’il s’agit d’une formule extraite d’un court poème de jeunesse de Goethe.
Les
divinités de la nouvelle comédie sont remplacées par : « Le moment présent » [l’instant immédiat « ici
et maintenant », vivre l’instant présent c’est garantir une vie satisfaisante par opposition à vivre dans
le passé ou s’inquiéter de l’avenir.] ; « La finesse de l’esprit »[ la ruse] ; « L’insouciance » [ l’esprit qui
ne se soucie de rien] ; Le caprice [envie subite et passagère fondée sur la fantaisie, la jouissance
immédiate et facile] ; le cinquième état en référence à l’esclave non plus en un être appartenant à un
maître mais un type d’homme que caractérise un certain nombre de traits affectifs , de pulsions, et par
1
Expression indirecte d’une idée ou d’un fait à l’aide de circonstances ou d’éléments qui
l’accompagnent il a vécu = il est mort
2
La naissance de la tragédie
là de « modes de pensée » (l’attachement au moment présent, la jouissance immédiate et facile et
l’incapacité ou le refus d’aspirer à autre chose ) par opposition au type grec antérieur (
Ulysse/prométhée).
Ce que Nietzsche critique ici, c’est que ce type humain soit désormais considéré
comme le type humain suprême voire comme le seul type humain possible.
Celui-ci assume à travers
ces modes de pensée « la sérénité grecque » [le sens du tragique originaire dont les héros grecs tirent
la force et la noblesse qu’ils savaient opposer au destin qui les accables.] 2 En effet, il s’agit de la
sérénité de l’esclave « une fausse sérénité » ; une imitation déformée de la « sérénité grecque »
dépourvue de toute grandeur et qui sera rejetée et méprisée par les chrétiens durant les quatre premiers
siècles pour sa couardise.
Une sérénité antichrétienne, « couleur de rose », emblème de la féminité
associé à l’optimisme et à la fantaisie ».
La critique continue sur un ton ironique, l’emploi de la
locution conjonctive de subordination « comme si » qui indique la manière, employée précédée de
l’adverbe « voire » dans le sens est « = et même » met l’accent sur les œuvres d’art de la période de la
naissance de la tragédie négligée et marginalisée avec « ses mystères » ;« ses fondateurs » les
philosophes présocratiques (Pythagore le point de départ de la philosophie) et (Héraclite un des
principaux philosophes grecs).
Nietzsche insiste sur cette idée liée à....
»
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