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Explication linéaire et plan de commentaire composé Portrait de Mme Dutour depuis : « Cette Marchande… » jusqu’à : « … ce que je cherchais. » (Première partie, pages 85-87)

Publié le 17/09/2022

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« Explication linéaire et plan de commentaire composé Portrait de Mme Dutour depuis : « Cette Marchande… » jusqu’à : « … ce que je cherchais.

» (Première partie, pages 85-87) Plan de commentaire : Une description plutôt sobre de la bonté de Mme Dutour, femme aux airs bourgeois (« meilleure femme du monde ») : Porteuse de bonté, elle semble bienveillante (portrait physique et discours de consolation) Porteuse de sympathie, elle semble franche (portrait physique et discours de consolation) Un portrait annonciateur de la Dutour, lingère grossière et théâtrale (« grosse réjouie ») : Une absence d’identité chez le personnage de la « Marchande » (l’importance des noms) Premier épisode de la révélation de sa nature profonde : sa grossièreté (rapportée par Marianne) Marianne, une aristocrate de cœur et d’orgueil : Relation entre les deux femmes marquées par une inégalité de finesse/ différence dans la qualité des « âmes » (pensées de Marianne) Mme Dutour représente une régression sociale pour Marianne (convaincue d’être d’origine noble, d’être « déplacée », elle se sent supérieure) Explication linéaire : Alfred Cismaru, critique littéraire, a récemment analysé une galerie de portraits, qu’il considère peu flatteurs, des personnages féminins dans les romans marivaudiens : mères jalouses de leur progéniture ; veuves égoïstes ; religieuses perverses ; « femmes calculatrices, rapaces, conspiratrices et rancunières ».

Dans cette étude, nous ferons l’explication linéaire d’un extrait de La Vie de Marianne.

Il s’agit du portrait de Mme Dutour, depuis : « cette Marchande… » jusqu’à : « … ce que je cherchais.

» (pages 85-87).

Ainsi, nous pourrons constater si la vision désavantageuse de ce critique entre en corrélation avec la description de ce personnage féminin important, bien que secondaire.

Le passage se situe dans la première partie de l’œuvre.

Il s’agit du moment où Marianne rencontre Mme Dutour pour la première fois, lorsque M.

de Climal la conduit chez cette lingère pour qu’elle puisse y loger et travailler.

Ce portait reflète alors les premières impressions de Marianne envers ce personnage.

Pour procéder à cette explication, nous diviserons le texte en trois mouvements.

Le premier s’étend de « Cette Marchande » à « sa fille de boutique », le deuxième débute de « Quand je serais tombée des nues » et fini par « qui me rebutait », et enfin, le troisième mouvement s’ouvre sur « Je n’avais pourtant encore vécu » et se termine par « ce que je cherchais.

». L’extrait débute par la divulgation du nom du personnage de la lingère : « Elle s’appelait Mme Dutour », alors qu’elle était jusque-là nommée par sa fonction de « Marchande » avec un ‘’M’’ majuscule (ce qui suggère bien la fonction, plus que la personne).

Néanmoins, le nom propre paraît toujours moins important que la profession puisqu’il est à priori donné « pour la facilité de l’histoire.

».

De ce fait, Mme Dutour semble exister qu’au travers de son métier, de ce qu’elle représente pour Marianne, c’est-à dire le choix qu’elle a dû faire parmi les propositions de M.

de Climal.

(celui qu’elle a jugé le plus conforme à la morale de sa mère adoptive), l’éloignant de son rang présumé.

La classe sociale de la lingère est rappelée par son nom qui n’a vraisemblablement pas de connotation noble (ce n’est pas un nom composé, il ne contient pas de particule etc.).

Par ailleurs, si l’on va plus loin en termes de symbolique du nom, on pourrait penser qu’une allusion à la ruse y est faite (thématique présente dans le roman).

Le ‘’tour’’ (dans le sens de l’expression ‘’jouer un tour’’) qui est dissimulé à l’intérieur du nom annoncerait le caractère quelque peu ‘’roublard’’ du personnage.

En effet, si Mme Dutour est nommée de cette façon, ce n’est pas uniquement pour que lecteur puisse l’identifier ou encore présenter sa personnalité (Du/tour), c’est aussi afin qu’il perçoive une certaine violence sociale, en tout cas un traitement différent du fait qu’elle soit simple lingère (réduite à une fonction). « C’était une veuve qui, je pense, n’avait pas plus de trente ans ; une grosse réjouie qui, à vue d’œil, paraissait la meilleure femme du monde ; aussi l’était-elle » : La beauté physique est très présente dans le roman.

Elle n’est pas superficielle ou accessoire, elle est essentielle car elle fait partie de la nature du personnage.

Le corps et le visage expriment souvent le caractère.

Nous pouvons ainsi pu faire une liaison entre cette phrase et la description physique qui avait été faite de M.

de Climal : « un visage doux et sérieux, où l’on voyait un air de mortification qui empêchait qu’on ne remarquât tout son embonpoint ».

Celle-ci suggère un contraste qui n’est pas très précis mais qui est tout de même inscrit entre la mortification et l’embonpoint et qui révèle un homme pieux dissimulant ses péchés mignons.

Pour en revenir à la description de Mme Dutour, ici, elle est décrite comme « la meilleure femme du monde », autant en apparence qu’en vérité, ce qui accentue l’idée que le physique représente fidèlement le caractère.

Il s’agit donc d’une description plutôt méliorative.

Cependant, elle est aussi décrite comme étant une « grosse réjouie » et malgré le caractère enthousiaste et joyeux que cela confère au personnage, le choix des termes utilisés pour le dire sous-entend autre chose.

Ces termes, étant d’origine familière, contrastent avec tout le reste de la phrase.

Presque grossiers, ils apportent la révélation de l’autre côté de sa personnalité, c’est-àdire la lingère vulgaire, manquant de tact, et intéressée, que l’on connaîtra mieux par la suite. « Son domestique était composé d’un petit garçon de six ou sept ans qui était son fils, d’une servante, et d’une nommée Mlle Toinon, sa fille de boutique » : L’énumération des personnes présentes chez Mme Dutour montre que deux femmes constituent son personnel (une « servante » et une « fille de boutique »).

Le fait que le personnel soit peu conséquent en nombre rappelle que cette dernière n’appartient pas à la noblesse.

Cependant, par le fait même qu’elle en possède un (des pronoms possessifs sont utilisés : « son domestique », « sa fille de boutique »), il est induit qu’elle peut être considérée comme bourgeoise.

On comprend, par l’expression « une nommée » (que l’on pourrait remplacer par « une prétendue »), que « Toinon » est un diminutif.

Ce dernier, en plus de rappeler la toile et la toilette, inscrit de façon phonique la différence de destin des deux lingères (elle et Marianne) : « Toi/non ».

Ce patronyme, annonciateur de la future relation entre cette fille de boutique et Marianne (car il est montré plus tard que Mlle Toinon est jalouse de la condition, du physique et de la coquetterie de Marianne, qui la destinent à s’élever socialement contrairement à elle.), symbolise en effet un rejet du personnage lui-même mais également de sa classe sociale (comme c’est le cas pour Mme Dutour).

De plus, elle est citée en dernière dans la hiérarchie des domestiques, après l’enfant de Mme Dutour et la servante, ce qui insiste sur le peu d’importance sociale de ce personnage et du peu de considération que Marianne lui confère par rapport à cela. D’ailleurs, une « fille de boutique » est définit en bas de page comme étant une « employée chargée de travaux pénibles », ce qui accentue cette idée. « Quand je serais tombée des nues, je n’aurais pas été plus étourdie que je l’étais ; les personnes qui ont du sentiment sont bien plus abattues que d’autres dans de certaines occasions, parce que tout ce qui leur arrive les pénètre ; il y a une tristesse stupide qui les prend, et qui me prit : Mme Dutour fit de son mieux pour me tirer de cet état-là.

» : Dans cet extrait, Marianne emploie l’expression « tristesse stupide » pour parler de l’état de paralysie dans lequel elle se trouve à son arrivée chez la lingère.

Cette paralysie qui l’empêche de réagir et son étourdissement (« étourdie ») mettent son corps à l’épreuve (on le voit notamment à travers les verbes employés : « tombée », « abattues », « pénètre »).

Cet état de stupeur renvoie aux désillusions de son amour-propre.

La description du caractère de la Marchande se poursuit avec la parole rapportée de cette dernière : « Allons Mademoiselle Marianne, me disait-elle (car elle avait demandé mon nom), vous êtes avec de bonnes gens, ne vous chagrinez point, j’aime qu’on soit gaie ; qu’avez-vous qui vous fâche ? Est-ce-que vous vous déplaisez ici ? Moi, dès que je vous ai vue, j’ai pris de l’amitié pour vous ; tenez voilà Toinon qui est une bonne enfant, faites connaissance ensemble.

».

On cerne une façon de parler assez directe et on le devine, théâtrale.

Mme Dutour livre toutes ses pensées en une seule fois sans se soucier de la réception de Marianne, et sans.... »

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