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Expliquer ce vers de Victor Hugo : Corneille est à Rouen, mais son âme est à Rome.

Publié le 09/02/2012

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hugo

De son vivant même, Corneille apparut à ses contemporains comme un fils spirituel de Rome. Balzac l'en felicitait chaleureusement après Cinna. Le poète Segrais assurait que son collègue était « échappé des· Cornelius de Rome«. Un siècle plus tard, Voltaire saluait en lui un «grand Romain parmi les Français«. Victor Hugo n'est donc ici, comme en beaucoup de ses vers, qu'un « écho sonore «. Il a du moins le mérite, en cet alexandrin, de ne point trop déformer la vérité. Plus que Montaigne, en effet, Corneille eût mérité le titre de « citoyen romain «. Il le fut par éducation et par élection; il le fut par sa vie et par son oeuvre....

hugo

« faible pour Sénèque et Lucain); les actions héroïques avaient le don de l'enthousiasmer; la politique, avec les grands débats d'idées qu'elle soulève, l'intéressait au plus haut point.

Or, Rome lui offrait tout cela en abondance.

Aussi, plus qu'aucun de ses contemporains, qui reçurent la même forn;ta­ tion, a-t-il fouillé l'histoire de Rome chez les auteurs latins.

Il n'est pomt de recoin de ses annales qu'il n'ait exploré, pas d'auteur si obscur qu'il n'ait interrogé en sa vaste enquête sur le monde romain.

Et il y cherchait autre chose que des sujets de tragédies : la satisfaction d'une curiosité sympathique.

Rome fut vraiment la patrie de son esprit, sinon de toute son âme.

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Sa vie et son œuvre sont l'épanouissement logique de la formation qu'il avait reçue et de celle qu'il s'était donnée à lui-même.

Ce bourgeois provincial, gauche et timide, assez peu curieux de sa personne, quasi négligé dans sa mise, porte en lui une âme noble et fière, digne de celle que, sur la foi de leurs historiens, nous prêtons aux anciens Romains.

Noble par ses conceptions, elle ne l'est pas moins par les actions qui, çà et là, 'émaillent une existence tout unie.

Il donne deux de ses fils à son pays.

Il n'est pas riche, et se saigne aux quatre veines pour entretenir aux armées ces deux capitaines.

Le cadet, blessé devant Douai, est tué au siège de Grave.

Il porte stoïquement son deuil.

L'une de ses filles entend l'appel de Dieu, comme ses frères avaient entendu celui de la Patrie.

Il ne la refuse pas davantage, et la dote convenablement pour qu'elle entre aux Bénédictines du faubourg Cauchoise.

Chef de famille admirable qui donne généreusement ses enfants à Dieu, au pays, qui se sacrifie au bon­ heur des siens! ...

Vertu digne de Rome! se fût écrié le vieil Horace.

Cette noblesse de sentiments s'accompagne à l'occasion, d'une fierté de hon aloi.

Il n'a point cet « esprit de suite» qui met les poètes qe son temps à la remorque des grands.

Il rompt avec Richelieu et les « Cinq Auteurs » pour conserver son indépendance.

A plusieurs reprises il oppose au déni- .

grement de ses ennemis des déclarations qui sont comme le ciuis Romanus sum des Romains, conscients de leur dignité, de leur valeur : Je sais ce que je uaux, et crois ce qu'on m'en dit ...

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Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée ...

Affirmations sans vanité, cri du génie qui se connaît et qui entend être reconnu.

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•• A part les comédies du début, quelques pièces comme le Cid, le Menteur et sa Suite, Psyché (en collaboration avec Molière), l'œuvre de Corneille· - est toute romaine.

Elle embrasse l'histoir·e entière de Rome, depuis les origines légendaires (Horace), jusqu'à la destruction de l'empire par les Barbares (Attila).

Il nous suffira, pour justifier le mot de Victor Hugo, de noas rappeler les chefs-d'œuvre· incontestés : Horace, Cinna, Polyeucte.

Rien· ne prouve mieux comment le génie de Corneille s'est identifié avec le génie de Rome.

Horace nous présente une famille romaine au début de la royauté.

Le père y est omnipotent; il a, sur ses enfants, le droit de vie et de mort : ...

Ces mains, ces propres mains Laueront dans son sang la honte des Romains.

Il est respecté, obéi; les enfants rebelles, comme Camille, sont des cas exceptionnels, monstrueux.

La rudesse des mœurs s'allie, en ces temps. »

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