Expression écrite, L'incipit secret de Moderato Cantabile

« sais pas.

Maman soupira derrière moi.

La dame me redemanda encore, histoire d'être sûr que je savais pas ! Quelle entêtée ! Moi aussi je peux jouer aux entêtés ! Alors je répondis pas.

Elle poussa un cri, un cri étouffé, en flanquant une nouvelle fois un coup de crayon au piano, comme pour me montrer son exaspération.

Mais j'ai rien dit, j'ai pas bougé, une nouvelle fois.

Puis elle se retourna et parla avec maman, comme pour se changer les idées.

 Moi aussi j'aurai bien aimé me changer les idées.

Voilà que la nuit était déjà tombée.

Dehors, il faisait tout noir.

J'en frémi rien qu'à l'idée.

J'avais l'impression d'être resté des heures assis sur ce fauteuil devant ces partoches à la noix.

J'en avais mal aux fesses rien que d'y penser.

Maman soupira encore.

La dame me fit un de ces sermons...

Je te l'ai dit, dit et redit ! Mais je m'en fiche, moi ! J'aime pas le piano !. »