Extrait : Lorrenzaccio (Acte IV, scène 3) - Commentaire
Publié le 30/03/2015
Extrait du document
De quel tigre a rêvé ma mère enceinte de moi ? Quand on pense que j'ai aimé .../...
« Quand je pose ma main là, sur mon coeur et que je réfléchis « - I. 18-19 : « Sont-ce bien les battements d'un coeur humain, que je sens là, sur les os de ma poitrine ? «).
Absurdité, étrangeté, angoisse
Ce sentiment tragique de l'absurde s'exprime par l'interrogation permanente et multiple et par l'absence de réponse qui néantise toute certitude. Le monologue, qui est à la fois mouvance intellectuelle et mouvement discursif, traduit le double aspect d'une conscience de l'étrange (« Cela est étrange «, I. 9 et 13) et d'une profonde angoisse (au sens physique et métaphysique du terme).
«
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l E C T U R E S M~THOOIQUES
Suis-je le bras de Dieu ? Y a-t-il une nuée au-dessus de ma tête 2 ? Quand
j'entrerai dans cette chambre, et que
je voudrai tirer mon épée du fourreau,
j'ai peur de tirer l'épée flamboyante de l'archange 3 et de tomber en cendres
sur ma proie.
(Il sort.)
1) Le village de l'enfance de Lorenzo, près de Florence
2) Dans la Bible, une colonne de nuées guide les Hébreux pendant leur traversée du désert
3) Saint Michel
L'acte IV présente trois monologues de Lorenzo.
Au moment d'agir, le héros
opère un retour sur lui-même et tente de se définir entre parole et action.
On
étudiera, dans ce monologue, le double jeu de la parole comme composition
et décomposition, la quête du sens et l'identité complexe du héros.
1- COMPOSITION ET DÉCOMPOSITION
Un monol()g~e décousu
Interrogations (une douzaine), exclamations, ruptures du discours
(1.
7-8),
reprises, changements multiples de sujets (la généalogie, la jeunesse, la cause et la
finalité, la destinée) sont autant de marques d'une parole subjective et perturbée.
Le
monologue a toutes les apparences d'un discours peu cohérent.
Des thèmes lancinants
L'utilisation des formes interrogatives :
«pourquoi ? »ou« de quel(le) ....
? »,le
constat« cela est étrange», l'évocation de l'origine et de la conception(« le tigre», « les entrailles fauves », «les veuls embrassements » ), l'évocation du spectre (1.
2
et 1.
12), la présence matérialisée du corps (les os, le cœur, le frisson et la brûlure)
apparaîssent comme autant de motifs fondamentaux et lancinants.
Une~paEole décomp()sée
Questions qui restent sans réponse, images de la mort et de la décomposition (le
spectre, les rêves tombés en poussière, la
« ruine », « les cendres ») sont significa
tives d'une thématique du néant, renforcée par une parole elle même décomposée et
chaotique (chez les grecs,
le chaos est l'absence d'ordre dans un monde incréé).
Il- LA QUÊTE DU SENS
Une interrogation existentielle
Ces interrogations sont existentielles
et essentielles (le héros s'interroge sur sa
propre existence et sa raison d'être).
La parole qui convoque dans un mouvement
chaotique naissance (le ventre de la mère) et mort
(le spectre du père et le meurtre
d'Alexandre) est celle d'un héros pré-sartrien : son acte seul peut
le déterminer.
Mais cet acte a-t-il un sens, est-il mise en ordre de soi-même
et du monde?
Mesurer et peser
Dans
ce monologue, la pensée est en quête de points d'ancrage pour échapper au
sentiment tragique de l'absurde.
Aussi ne faut-il pas s'étonner que
le héros prenne la
mesure matérielle de son être, de sa propre réalité physique et mentale (I.
6 :
LEDRAMEROMANTIQUE=rl!].
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