FÉNELON

FÉNELON (François de Salignac de La Mothe-), prélat et écrivain français (château de Fénelon, Périgord, 1651 - Cambrai 1715). Figure ambiguë et controversée que celle de ce prélat qui sera de son vivant le centre de querelles religieuses et politiques inexpiables (la passion de Saint-Simon en témoigne), que Marie-Joseph Chénier présentera, en pleine Terreur, comme modèle aux patriotes {Fénelon, ou les Religieuses de Cambrai, 1793), avant que l'abbé Bremond {Apologie pour Fénelon, 1910) ne l'établisse comme une figure majeure de l'histoire religieuse et littéraire. Auteur déroutant que Fénelon : par sa polygraphie, qui fait de lui aussi bien un politique et un pédagogue, un romancier et un théoricien de la littérature qu'un maître de la spiritualité catholique ; par son écriture, empreinte de classicisme et riche d'innovations ; par son attitude idéologique, où l'attachement à des principes nets et les nuances subtiles se mêlent en une dialectique complexe. Au total, un écrivain aujourd'hui largement méconnu, mais qui émerge comme un type original d'attitude face à ce qui fut, selon le mot de P Hazard, « la crise de la conscience européenne ».

Fénelon était issu d'une famille de noblesse périgourdine ancienne mais de fortune modeste. Un de ses oncles, l'évêque de Sarlat, surveilla sa formation au collège jésuite de Cahors. Il étudia ensuite à Paris, au collège du Plessis, où il retrouva un autre oncle, membre de la Compagnie du Saint-Sacrement et ami de Vincent de Paul et de M. Olier, fondateur du séminaire de Saint-Sulpice. Surtout, il subit l'influence de M. Tron-son, supérieur de ce séminaire et devint prêtre, avec une vocation sincère (ordination en 1675 ; doctorat en théologie de l'université de Cahors en 1677). Sa situation en ces années est un peu singulière ; certains détails en restent aujourd'hui mal connus ou controversés