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Gargantua: La satire des « vices » du temps

Publié le 13/01/2020

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gargantua

Claude Chappuys, bibliothécaire du roi), « Tenaud » (chap. xvi, p. 150, Jean Thenaud, moine proche de François Ier), le « commandeur jambonnier de Bourg » (chap. xvii, p. 156, Antoine du Saix, responsable de l'ordre monastique de Saint-Antoine à Bourg-en-Bresse)..,

Dans le cadre de la satire, ces allusions amicales jouent un rôle de contrepoint, voire d’antidote : à côté des moines nuisibles (chap. xl), il existe certes des moines imaginaires comme Frère Jean, mais aussi des moines réels comme Jean Thenaud (en qui certains voient d’ailleurs le modèle de Frère Jean), qui œuvrent positivement pour la société. De même, deux « commandeurs jambonniers » figurent dans Gargantua : l’imaginaire, personnage malhonnête qui tente de dérober les cloches, et le réel, « amy » de Rabelais, te second exorcisant la présence néfaste du premier.

Ces allusions constantes à la réalité interdisent de voir dans Gargantua un roman exclusivement bouffon. Sous les plaisanteries de la fiction se dissimule la vérité, qui est dénoncée dans toute sa gravité.

DÉNONCER LES THÉOLOGIENS

La cible plus dangereuse de la satire rabelaisienne est la Sorbonne. Cette toute-puissante faculté de théologie cherchait à conserver ses importants privilèges octroyés dans le passé. Elle s’agrippait à son indépendance, allant jusqu’à censurer les écrits de la propre sœur de François Ier, Marguerite de Navarre1, pour leur contenu évangélique. Le Quartier latin, où était Implantée cette université, avait ainsi quasiment ses propres lois, où l’autorité royale devait s’imposer par la force. L’épisode du vol des cloches de Notre-Dame et du discours ridicule du vaniteux Janotus

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« L'ART DE L'ALLUSION La satire repose sur un équilibre subtil entre le vrai et le faux, l'histoire et la fiction, le réel et l'imaginaire (-+ PROBLÉMATIQUE 15, p.

112).

t.:invention romanesque rabelaisienne est souvent une mise en scène plus ou moins explicite de " vices ,, authentiques dont on se moque.

Derrière chaque nom imaginaire, chaque situation fictive, on peut lire une alfusion à un nom ou une situation authentiques que Rabelais « blasonne ».

1 Des allusions aux ennemis Picrochole représente ainsi, pour l'essentiel, Charles Quint, raillé pour ses prétentions à conquérir le monde (chap.

xxxin) : c'est la tyran­ nie, la volonté d'envahir et de dominer autrui, qui est dénoncée.

Dans Ga!!Jantua, Rabelais s'avère très influencé par le traité d'Érasme intitulé La Complainte de la paix.

Il adopte une attitude bien plus pacifiste que dans Pantagroel; si ses héros partent en guerre, c'est uniquement dans un but défensif.

Par ailleurs, Rabelais est très proche du pouvoir royal français.

Son roman fait donc également la satire de Charles Quint dans un but politique, voire courtisan.

Quant à Janotus de Bragmardo (chap.

xx), Thubal Holofeme et Jobelin Bridé (chap.

xrv), une fois débarrassés de leurs caractéristiques excessives de personnages absurdes et comiques, ils apparaissent comme de ridicules représentants du monde scolastique.

Le bien nommé Lasdaller («fatigué d'avancer; de voyager»), avec ses congé­ nères pèlerins, est un produit de la superstition populaire entretenue à des fins lucratives par l'Église de l'époque (chap.

XLV).

Plus subtilement, 1'« oracle de Lucece,, disparu (chap.

XVII, p.

158) est une allusion à Noël Béda, administrateur de la Sorbonne, défenseur des privilèges de la faculté de théologie, envoyé en exil par François I"'.

1 Des allusions aux amis Rabelais adresse également divers clins d'œil à ses propres amis: le « capitaine Chappuys ,, (chap.

vm, p.

104, vraisemblablement PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 101. »

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