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Genre et ton en littérature

Publié le 05/10/2018

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Un théâtre hybride

Le mélange des tons

 

Plusieurs tonalités sont présentes dans les pièces des dramaturges modernes : tragique, dramatique, lyrique, pathétique, voire épique, mais aussi comique, humoristique, ironique... Une des caractéristiques de ce théâtre (et en cela il annonce celui d’Ionesco et de Beckett), c’est qu’il mêle les tons et les niveaux de langue, pouvant passer sans transition de la trivialité à la poésie, du réalisme au merveilleux, du tragique à la scène de boulevard, du pathétique à la farce. Des dramaturges tels que Gide, Cocteau ou Giraudoux tirent des effets saisissants de ces ruptures.

 

La caricature et la parodie auxquelles recourent ces auteurs ont une utilité à la fois esthétique et fonctionnelle qui renforce le tragique par effet d’image et de contraste. Quant à Anouilh, il s’est fait une spécialité d’un pessimisme et d’une ironie dramatiques fondés sur le mélange du réalisme cru et de l’idéalisme, sur la représentation d’un univers de la médiocrité et du mensonge qui s’accorde au caractère hybride de ce théâtre.

 

Réalisme et fantaisie

 

D’une part, l’orientation et la veine réalistes caractérisent le théâtre d’Anouilh, mais également celui de Cocteau, de Giraudoux ou de Sartre. Le réel ne peut être escamoté, entre autres choses, parce qu’il détermine un contexte spatiotemporel. Le décor, même s’il est stylisé, répond souvent à cette nécessité qui permet de donner aux éléments du mythe une assise, presque une matérialité. Les Mouches s’ouvrent

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Il -UN THÉÂTRE HYBRIDE Le mélange des tons Plusieurs tonalités sont présentes dans les pièces des dramaturges modernes : tragique, dramatique, lyrique, pathétique, voire épique, mais aussi comique, humo­ ristique, ironique ...

Une des caractéristiques de ce théâtre (et en cela il annonce celui d"lonesco et de Beckett), c'est qu'il mêle les tons et les niveaux de langue, pouvant passer sans transition de la trivialité à la poésie, du réalisme au mer­ veilleux, du tragique à la scène de boulevard, du pathétique à la farce.

Des drama­ turges tels que Gide, Cocteau ou Giraudoux tirent des effets saisissants de ces rup­ tures.

La caricature et la parodie auxquelles recourent ces auteurs ont une utilité à la fois esthétique et fonctionnelle qui renforce le tragique par effet d'image et de contraste.

Quant à Anouilh, il s'est fait une spécialité d'un pessimisme et d'une ironie dramatiques fondés sur le mélange du réalisme cru et de l'idéalisme, sur la représentation d'un univers de la médiocrité et du mensonge qui s'accorde au caractère hybride de ce théâtre.

Réalisme et fantaisie D'une part, l'orientation et la veine réalistes caractérisent le théâtre d' Anouilh, mais également celui de Cocteau, de Giraudoux ou de Sartre.

Le réel ne peut être escamoté, entre autres choses, parce qu'il détermine un contexte spatio­ temporel.

Le décor, même s'il est stylisé, répond souvent à cette nécessité qui per­ met de donner aux éléments du mythe une assise, presque une matérialité.

Les Mouches s'ouvrent sur un décor qui fait découvrir une statue de Jupiter à propos de laquelle la didascalie précise:« Yeux blancs, face barbouillée de sang».

Les cos­ tumes jouent une fonction identique à quoi s'ajoute celle de l'actualisation qu'on retrouve également dans la présence matérielle ou verbale des objets les plus divers.

D'autre part, ce théâtre est celui de la fantaisie, orientation qui colore la visée réaliste d'une teinte libertaire.

Car les dramaturges prennent beaucoup de liberté avec les mythes et la réinterprétation qu'ils en proposent passe par l'invention à di­ vers degrés : utilisation de l'anachronisme, parodie d'une entrevue diplomatique entre Hector et Ulysse dans La guerre de Troie n'aura pas lieu, recours aux appa­ ritions surnaturelles (le fantôme de Laïus, puis celui de Jocaste dans La Machine infernale, M.

Henri dans Eurydice, le cheval à la parole prophétique dans Orphée, Iris et La Paix dans La guerre de Troie n'aura pas lieu).

Un humanisme irrévérencieux et sceptique Ce théâtre qui trouve son fondement dans des valeurs humanistes est celui du clin d'œil et de la connivence culturelle.

Il est aussi celui de l'irrévérence qui s'appuie sur l'humour, sur le détournement des références littéraires ( « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé»), sur le jeu de mots(« Pâris sera toujours Pâris»), sur l'usage de grossièretés inattendues dans l'univers mythique(« Moi je t'appelle beau-frère de pute ! »).Cependant cette irrévérence n'est pas qu'une ré­ jouissance intellectuelle, qu'un« merveilleux festin spirituel» comme l'écrivait un critique à propos d'Électre.

Elle correspond à une remise en cause des valeurs hu­ manistes mises à mal par deux guerres.

L'acte de foi culturel est devenu expression d'un pessimisme désabusé.. »

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