POISSARD (genre) (Histoire de la littérature)
Publié le 27/11/2018
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POISSARD (genre) [xviiie-xixe siècle]. Au xvie siècle, le mot est synonyme de voleur : le « poissard » est celui dont les doigts collent aux objets comme de la poix. Puis l’étymologie qui rattache « poissarde » à « poisson » lui confère un sens nouveau, sans lui ôter sa tonalité péjorative : « Terme injurieux que se disent les harengères les unes aux autres pour se reprocher leur vilenie et leur malpropreté » (Furetière, 1684). Le mot a désormais son sens moderne; il implique, pour l’écrivain, à la fois une référence (le monde de la halle) et une poétique : des situations conflictuelles qui justifient l’échange d’insultes. Ainsi se définit le « genre poissard », créé dans les années 1740-1750 par Jean-Joseph Vadé dont Charles Collé décrit la manière en ces termes :
« Peindre des bouquetières et des harengères qui se querellent ». C’est dire l’ambiguïté du genre, peinture réaliste d’un milieu précis, procédé d’écriture propre à renouveler les conventions fatiguées de la parade, prétexte à injures et « mots bas » susceptibles d’égayer la bonne société : « Vieille allumette sans soufre », « Qu’un cent d’Suisses vous bouche », etc.
Après avoir régné sur les théâtres de la Foire, le poissard pénètre ainsi à la Cour et sur les théâtres privés à partir de 1760; vers 1760, Beaumarchais débutant fait jouer chez Lenormant d’Étioles les Députés de la Halle et du Gros-Caillou, et des poissardes authentiques sont convoquées pour « styler les acteurs » (Bachaumont, Mémoires secrets, 1777).
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