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Georg Lukacs et le Roman Historique

Publié le 02/10/2011

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lukacs

La grande thématique de ce cours et de cet exposé tourne autour de l’idée que l’art est enraciné dans un contexte historico-social. Nous l’avons dejà vu auparavant avec Julien et son exposé sur Riegl, et à travers le cours. Le Roman historique de Lukacs s’inscrit dans cette perspective, en prenant pour objet l’art littéraire et plus particulièrement le roman historique. Dans ce cadre, cet objet d’étude ne se soustrait pas au fait qu’un être ne surgit jamais ex nihilo, mais est préparé, conditionné, et finalement permis par un certain contexte historico-sociologique. Il y a donc un déterminisme absolu de l’art a travers l’histoire et il n’y a pas d’autonomie de l’esthétique pure. Mais qu’est-ce que le roman historique à proprement parlé ?

lukacs

« Scott insiste sur le fait que son roman se déroule à une époque bien précise : ce n’est ni le Moyen Age, ni uneépoque moderne.

Les événements qu’il décrit se sont déroulés il y a soixante ans de cela : c’est déjà un autretemps.

Waverley est donc bien un roman historique.

Walter Scott pose également la question du réalisme historiquedans cette préface : il respecte scrupuleusement les codes vestimentaires de la période qu’il évoque..la question de la vraisemblance est une obsession dans le roman historique.

Tout doit être « crédible »,« vraisemblable ».

Citation de Gérard Gengembre : « l’intrigue est fictive mais elle est vraisemblabilisée par soncadre ».

Il ne faut pas seulement une culture livresque, mais aussi une grande familiarité avec les lieux décrits pourpouvoir évoquer le passé.

De ce point de vue, Waverley est l’un des romans de Walter Scott les mieux réussis.Scott connaît parfaitement bien l’Ecosse et son Histoire récente. Plus loin dans la préface du roman, Scott évoque les passions humaines : « ces passions communes aux hommes detous les échelons de la société et qui ont agité le cœur humain de la même façon, qu’il palpitât sous une cuirasse enacier du quinzième siècle, la veste de brocart du dix-huitième ou la redingote bleue et le gilet en basin blancd’aujourd’hui.

» (ch.

1) Walter Scott semble donc penser que l’homme est resté fondamentalement le même d’une époque à l’autre.

Lesmœurs et les traditions ont certes changé, mais la nature humaine reste inchangée.

Etant donné que ce sontsurtout ces passions qui intéressent l’auteur, il place volontiers son héros au cœur de la tourmente historique.Qu’est ce qu’apporte scott au roman ?Une grande nouveauté que Scott introduit dans le genre romanesque est le réalisme et l’objectivé des portraits.

Ilétait rare auparavant que les paysans par exemple soient présentés de façon positive dans les romans.

Scotts’intéresse au petit peuple : aux pauvres, aux criminels qui s’expriment dans leur propre langage, mais sans que cesportraits ne deviennent des caricatures.Lukacs considère que Walter Scott est l’inventeur du roman historique moderne.

Il admet qu’il y a évidemment eudes romans à thèmes historiques avant la parution de Waverley en 1814, mais s’il rechigne à les qualifier de romanshistoriques, c’est parce qu’il considère que ces textes ne sont pas assez historiques.« Ce qui manque au prétendu roman historique avant Walter Scott, c’est justement ce qui est spécifiquementhistorique : le fait que la particularité des personnages dérive de la spécificité historique de leur temps.

» (p.

17)Les auteurs des récits historicisés se contentaient souvent de décrire des costumes historiques pour ajouter un peude couleur locale.

Ils n’étaient pas préoccupés par les réalités sociales de l’époque à laquelle leur récit était censése dérouler et ils ne cherchaient pas à transposer ces réalités d’un autre temps dans leurs œuvres.

Ainsi, les romansde mœurs qui étaient tellement à la mode au XVIIIe siècle présentaient des personnages qui agissaient, parlaient etraisonnaient comme s’ils étaient des contemporains de l’auteur (Voltaire, zadig ou la destinée).

Ils n’étaient pasancrés dans l’Histoire.

En revanche, chez Walter Scott, les personnages sont plongés au cœur même de l’Histoire.Ils sont déterminés par leur environnement, par la société à laquelle ils appartiennent et l’auteur en fait des figuresqui incarnent des idées et des courants sociaux.

Les personnages deviennent des types historico-sociaux.

Lesdétracteurs de Walter Scott lui ont d’ailleurs beaucoup reproché d’avoir négligé la psychologie des personnages.Mais ce n’est pas tellement le personnage qui est au centre de l’action dans les romans historiques de Scott : cesont les événements historiques.

L’auteur s’interroge sur le cours de l’Histoire, il cherche à l’expliquer à travers lespersonnages.

L’Histoire fait donc irruption dans leur vie quotidienne et ils deviennent les témoins privilégiés degrands bouleversements et d’événements importants.

D’où cette préférence pour les périodes de conflit.Dans ses romans, Walter Scott s’intéresse avant tout à ce que Lukacs appelle « des grandes crises de l’histoireanglaise ».

Pour décrire la complexité des bouleversements historiques de la façon la plus objective possible, il estdonc absolument essentiel de donner à voir des personnages appartenant aux deux camps ennemis.

Cesreprésentants d’opinions diamétralement opposées peuvent ainsi s’exprimer et exposer leurs points de vue sur lesujet de la discorde.

Exemple dans le cas de Waverley : le camp jacobite et les clans écossais d’un côté, et lesWhigs et les partisans de la dynastie hanovrienne de l’autre côté.

Le lecteur peut de cette façon embrasser toute lacomplexité de la situation.Le choix du héros est donc crucial : il faut un protagoniste qui puisse passer d’un camp à l’autre.

Il ne peut enaucun cas s’agir d’un personnage historique, un personnage qui ait réellement existé, puisque l’auteur de romanshistoriques ne peut pas délibérément trahir l’Histoire.

Il lui faut donc inventer un héros fictif sans grandesconvictions, qui se laisse ballotter par les événements historiques.Lukacs décrit parfaitement bien le héros scottien :« Le "héros" de Scott est toujours un gentleman anglais plus ou moins médiocre, moyen.

Il possède généralement uncertain degré, jamais éminent, de sagesse pratique, une certaine fermeté et une certaine bienséance morale, qui vamême jusqu’à l’aptitude au sacrifice de soi, mais ne devient jamais une passion impétueuse, n’est jamais undévouement enthousiaste à une grande cause.

» (p.

33).Plus loin, Lukacs parle d’un « héros "moyen", seulement correct et jamais héroïque ».

Cet être en somme assezinsignifiant peut croiser sur son chemin des grandes personnalités historiques, mais Walter Scott ne choisit jamaisune figure historique et héroïque comme personnage principal.Donc nous avons vu les conditions d’emergences du roman historique.

Puis nous avons étudier brievement waverlyde walter scott, montre en quoi c’est Le roman historique par exellence, et donc forcement objet d’étude principalede lukacs pour définir ce qu’est ce type de roman et comment il émerge.

Un roman basé sur une histoire respecté,une connaissance parfaite de cette dernière, un apport fictif qui se laisse guider par l’histoire dans le but d’éclaircirobjectivement les opinions politiques qui passe a travers le roman.. »

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