GEVERS Marie : sa vie et son oeuvre
Publié le 13/12/2018
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GEVERS Marie (1883-1975). Romancière belge d’expression française. Née à Edegem, près d’Anvers, Marie Gevers y a passé sa vie dans la grande maison familiale de Missembourg, dont elle a fait le cadre de plusieurs de ses livres. Encouragée par Verhaeren, puis par Elskamp, elle publie, de 1917 à 1931, plusieurs recueils de poèmes (dont Missembourg, 1919, Antoinette, 1925), où se dessinent déjà, dans des vers sans prétention et conçus parfois sur le mode de la chanson, plusieurs grands thèmes de ses livres ultérieurs : le bonheur de la vie au contact de la nature, la description passionnée et minutieuse de celle-ci, la famille, le souvenir.
Mais, très vite, Marie Gevers se tourne vers la prose. Dès les premières lignes de Ceux qui reviennent (1922), son premier livre de récits (dont Guldentop, 1935, sera la reprise et l’amplification), se trouve annoncé l’animisme intense qui sera une constante de toute l’œuvre : « Il semble que nos pensées et nos actes s’attachent si fortement aux lieux où nous vivons, aux objets qui nous plaisent, que ceux-ci en demeurent tout imprégnés ». Évocation d’un fantôme légendaire de Missembourg, Guldentop décrit l’enfance émerveillée à la découverte du monde, de ses beautés, de son passé et de ses légendes. Le décor familier de la maison et du jardin s’y trouve comme hanté par le souvenir et enracine profondément l’existence des habitants. Ainsi seront d’ailleurs tous les personnages des romans de Marie Gevers : inséparables des lieux qui les ont vu naître et menant une vie en symbiose permanente avec ce milieu. Dans le cas des récits autobiographiques, un tel lieu est doté d’une vibration particulière, car c’est souvent la mémoire affective qui ressuscite dans le décor les scènes de l’enfance ou du passé.
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de
Missembourg, dont elle a fait le cadre de plusieurs de
ses livres.
Encouragée par Verhaeren, puis par Elskamp,
elle publie, de 1917 à 1931, plusieurs recueils de poèmes
(dont Missembourg, 1919, Antoinette, 1925), où se dessi
nent déjà, dans des vers sans prétention et conçus parfois
sur le mode de la chanson.
plusieurs grands thèmes de
ses livres ultérieurs : le bonheur de la vie au contact
de la nature, la description passionnée et minutieuse de
celle-ci, la famille, le souvenir.
Mais, très vite, Marie Gevers se tourne vers la prose.
Dès les premières lignes de Ceux qui reviennent ( 1922),
son premier livre de récits (dont Guldentop, 1935, sera la
reprise et l'amplification), se trouve annoncé l'animisme
intense qui sera une constante de toute l'œuvre : «Il
semble que nos pensées et nos actes s'attachent si forte
ment aux lieux où nous vivons, aux objets qui nous
J?laisent, que ceux-ci en demeurent tout imprégnés».
Evocation d'un fantôme légendaire de Missembourg,
Guldentop décrit l'enfance émerveillée à la découverte
du monde, de ses beautés, de son passé et de ses légen
des.
Le décor familier de la maison et du jardin s'y
trouve comme hanté par le souvenir et enracine profon
dément l'exisœnce des habitants.
Ainsi seront d'ailleurs
tous les personnages des romans de Marie Gevers : insé
parables des lieux qui les ont vu naître et menant une vie
en symbiose permanente avec ce milieu.
Dans le cas
des récits autobiographiques, un tel lieu est doté d'une
vibration particulière, car c'est souvent la mémoire
affective qui ressuscite dans le décor les scènes de l'en
fance ou du passé.
C'est ce qui se passe, par exemple, dans les deux
livres que l'on peut considérer comme les chefs-d'œuvre
de l'écrivain, Madame Orpha (1933) et Vie et mort d'un
étang ( 1950).
Rapportées à travers le prisme des sensa
tions intenses et privilégiées qui font redécouvrir le
passé, les amours de Mme Orpha et du jardinier Louis y
prennent une aura que vient accentuer encore le mode de
récit utilisé.
Restituant ces événements comme elle
même les a appris, à travers les récits faits par ses pro
ches au fur et à mesure du déroulement de l'histoire,
Marie Gevers leur donne, par la mise à distance qu'ap
porte le témoignage indirect, une dimension quelque peu
mythique.
Quant à Vie et mort d'un étang, c'est le lien
même de I'auœur avec son environnement immédiat que
ce livre prend pour thème majeur, d'abord dans l'évoca
tion de l'étang qui entourait la maison, et dont l'eau, un
beau jour, a disparu, ensuite dans celle, au jour le jour,
de la maison transformée en abri pendant la guerre.
Joies
de 1 'enfance et souffrances de 1 'adulte touché par la mort
d'êtres chers se rejoignent ici en une même volonté de
vivre, une même morale d'adhésion au monde.
La quête inlassable de l'harmonie fondamentale de
l'homme et de l'univers, l'attention aux rythmes pro
fonds de celui-ci, qu'il s'agisse du cycle des saisons ou
de la présence des grands éléments, traversent également
les autres romans de Marie Gevers et leur donnent une
ampleur qui dépasse le cadre de la littérature régionaliste
où certains ont parfois voulu l'enfermer.
La Comtesse
des digues (1931) et la Grande Marée (1943) décrivent
des personnages vivant au bord de l'Escaut et dont
l'existence est liée à la présence du fleuve.
Quant à la
Ligne de vie (1937) et à Paix sur les champs (1941), ils
évoquent les campagnes de Campine, leur atmosphère
pesante et souvent mystérieuse.
La romancière y est très
attentive à un fonds légendaire, qu'elle restitue de façon
saisissante : histoires de sorcellerie ou de manifestations,
sur le mode de l'étrange, de l'interaction entre l'homme
et le monde animal et végétal qui l'entoure.
Partout et
toujours, dans ces livres, le décor se fait le reflet des
sentiments des protagonistes, les amplifiant, se mêlant à
eux dans une même respiration.
D'une histoire à l'autre,
un même thème revient, aménagé selon les circonstan- ces
: la description des sentiments amoureux chez les
jeunes gens et leur quête d'un bonheur qui ne devrait
rien au mensonge ou au conformisme, ou aux volontés
de la famille et des parents.
Le Voyage de Frère Jean ( 1935), récit d'un voyage
de deux adultes et de deux adolescents jusqu'à Marseille,
reprend également cette problématique, de même encore
que Château de l'Ouest (1948), où une jeune femme
enceinte, réfugiée pendant la Grande Guerre dans l'île
de Walcheren, loin de son mari qu'elle n•aime pas,
découvre, grâce à son état, la richesse de la sensualité et
l'espoir de connaître un jour l'amour véritable.
De fac
ture assez classique, ces romans sont remarquablement
construits, certaines intrigues comportant plusieurs pôles
qui se répondent, s'opposent et se relancent.
On doit également à Marie Gevers plusieurs livres
pour enfants (comme l'Oreille volée, 1943, le Voyage
sur l'Escaut, 1947), des livres de voyage (Des mille
collines aux neuf volcans, 1953; Plaisir des parallèles,
1958) et des ouvrages qu'elle a intitulés ses« livres de
nature » et qui mêlent à des récits, des contes ou des
légendes une évocation très attentive de la nature (l'Ami
tié des fleurs, 1941; l'Herbier légendaire, 1949; Parabo
ranique, 1964).
Dans ce dernier genre, il faut distinguer
tout particulièrement Plaisir des météores (1938), qui
décrit merveilleusement, une fois encore à travers les
souvenirs d'enfance, la transformation du ciel étoilé et
de la nature tout entière au cours du cycle des mois.
Paravérités (1968), son dernier livre, évoque quelques
événements rencontrés dans la vie quotidienne, mais qui
ressortissent à la légende et à l'ordre de l'inexplicable.
Une grande partie des récits de Marie Gevers prennent
leur source dans les légendes et les histoires qu'elle a
entendues, enfant, ou qu'elle a collectées par la suite en
interrogeant des habitants de la campagne flamande.
Cet
enregistrement de multiples récits populaires ainsi que
la description de la vie paysanne au début de ce siècle
donnent également à cette œuvre, dans certains romans,
une vraie valeur ethnographique.
BIBLIOGRAPHIE Marnix Gijsen, Marie Gevers, B ru ge s, Desclée de Brouwer,
1969: Adrien Jans, Marie Gevers.
Bru xe ll es , P.
de Meyè re, 1964:
G eo rg es Hermans, Bibliographie de Marie Gevers, Bruxelles, le
Livre et l'Estampe, 1965: A.- M .
Mercier et X.
Deutsch, Marie
Gevers.
Bruxelles, Labor, 1988..
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