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Grand oral du bac :André Malraux

Publié le 10/11/2018

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malraux

Rapidement Malraux quitte l'enclos maternel et se préoccupe de gagner sa vie.

À dix-huit ans, il propose ses services à René-louis Doyon, un libraire spécialisé dans les livres d'occasion. Écumant les bouquinistes, Malraux déniche pour lui des livres rares.

C'est dans le premier numéro de la revue de ce libraire, La Connaissance, qu'il publie en janvier 1920 son premier article, «Des origines de la poésie cubiste», où il exprime une vive admiration pour les poètes Max Jacob {1876-1944), Pierre Reverdy (1889-1960) et Blaise Cendrars (1887-1961).

À dix-neuf ans, il collabore à des revues d'avant-garde (Action, Accords Le Disque vert) à une époque où l'effervescence des milieux artistiques est à son comble dans un Paris enregistrant les premières secousses de la révolution surréaliste.

LA VOJX DES GRANDES PENSEES DE L'HISTOIRE

 

Voyageur infatigable, résistant fédérateur, combattant esthète éclairé, romancier primé, essayiste, orateur, ministre : la liste des facettes est longue, qui rendent à peine compte de la vie mouvementée d'André Malraux (1901-1976}. Ses «plusieurs vies» sont autant le signe d'une curiosité et d'un talent exceptionnels que d'un désir entier de compréhension de la destinée humaine par diverses approches. Malraux est à jamais enraciné dans l'aventure historique, politique et artistique du XX' siècle. Ses recherches artistiques et intellectuelles ont été fortement marquées par un siècle tragique à plus d'un titre.

UNE ENFANCE OCCULTÉE

La formation

Le 3 novembre 1901, Georges André Malraux voit le jour à Paris. Son père, Fernand, dont la réputation s'est bien plus construite sur des talents de séducteur que sur une brillante activité professionnelle - il est gérant d'une agence bancaire peu rentable - se sépare de sa mère, née Berthe Lamy, quand le jeune André à quatre ans; il restera désormais éloigné de son fils.

Malraux est élevé par sa mère et sa grand-mère en banlieue parisienne, à Bondy, au-dessus de l'épicerie qu'elles tiennent toutes deux. Peu enclin à s'appesantir sur cette enfance «détestée», Malraux l'évoquera rarement

On sait néanmoins que le grand-père, personnage haut en couleur, impressionna l'enfant par ses histoires extravagantes, mais il décéda en 1909.

Alors qu'à dix-sept ans Malraux abandonne la voie du baccalauréat en quittant résolument l'école primaire supérieure, il se jette sur la littérature et se nourrit de Walter Scott, de Gustave Flaubert de Victor Hugo ou encore de Shakespeare et de Balzac.

La lecture du philosophe Nietzsche associée au spectacle funeste de la Première Guerre mondiale le plonge, à l'aube de ses dix-huit ans, dans des méditations sombres sur l'avenir de la civilisation occidentale.

Malraux est un autodidacte. «Entre dix-huit et vingt ans, la vie est comme un marché où l'on achète des valeurs, non avec de l'argent mais avec des actes», dira-t-il plus tard.

• Ce credo, il l'applique par ses lectures, par ses visites au musée Guimet par l'apprentissage du sanskri. Déjà, on sent pointer la fascination pour l'Orient.

L'ORIENT AVENTUREUX

la mauvaise situation financière du couple, la soif d'aventures de Malraux et son attraction pour l'art khmer le poussent à s'embarquer avec Clara pour l'Indochine en 1923.

Muni d'un vague ordre de mission du ministère des Colonies, Malraux débarque à Hanoï avec l'espoir d'aller exhumer, sous la touffeur de la forêt tropicale cambodgienne, des temples inconnus sur lesquels le prélèvement de quelques statues permettra au couple de renflouer son compte en banque.

En compagnie d'un ami, l'expédition se concrétise, et les trois compagnons parviennent à arracher du petit temple de Banteaï Srey des statues d'une grande valeur. Mais, quelques jours plus tard, les autorités les rattrapent et l'affaire éclate au grand jour : Malraux est accusé de «pillage de ruines», jugé à Phnom Penh et condamné à trois années de prison.

Malgré la virulence de la presse coloniale à l'égard de l'écrivain, les efforts de Clara et de nombreux intellectuels permettent sa libération en novembre 1924.

malraux

« L'ESPOIR Comme dans La Condition humaine, c'est la conjoncture historique qui détermine l'écriture de Malraux : en l'occurrence ici, la guerre d'Espagne.

L' Espoir retrace l'évolution des premiers mois de la guerre civile entre les troupes républicaines, assistées des Brigades internationales, et l'armée franquiste.

Dans une atmosphère de louange de la fraternité au combat, l'auteur montre l'ambivalence d'hommes idéalistes et réfléchis qui, lorsque les manœuvres de la guerre le requièrent, se transforment en techniciens � la logique implacable.

La touche d'espérance qui clôt le roman -la camaraderie héroïque entre des individus d'horizons très différents sublimès par le combat militant- semble aboutir � une réconciliation entre les consciences convainc son ami aviateur, tdoutlrd Comiglion-Molinier, de survoler le désert du Ohana (Yémen actuel) � la recherche d'une ville mythique : la capitale de la reine de Saba.

Mais le mirage est bien vite emporté par une tempête qui manque de faire s'écraser les deux explorateurs.

L'ENGAGEMENT POLITIQUE • En 1933, � l'heure où l'écrivain accède � la célébrité, Hitler prend le pouvoir en Allemagne et devient chancelier.

Chez de nombreux intellectuels de l'époque, le malaise est profond face � cette montée des périls.

• Malraux gravite alors près des sphères communistes.

En présence de Paul Vaillant-Couturier (1892-1937), membre du Comité central du PCF et rédacteur en chef de L'Humanité, et de Maurice Th orez (1900-1964), secrétaire général du Parti, il prend la parole � la tribune de l'Assodtltion des écrivDins et des Drtistes révolutionnDires.

· Devenu «compagnon de route» du Parti, il se distingue par sa condamnation du fascisme au Congrès des écrivains soviétiques, � Moscou, où il a été invité.

Il se lie alors avec le cinéaste S.

M.

Eisenstein (1898-1948), les écrivains Boris Pasternak (189Q- 1960, futur auteur du Dodeur Jivago) et Maxime Gorki (1868-1936), et il rencontre Staline.

• Au côté de son ami André Gide, il se rend en Allemagne pour réclamer au Führer la libération de Georgi Dimitrov, secrétaire de la Ill• Internationale tombé aux mains de la Gestapo.

Le Temps du mépris, publié en 1935, résume ses nouvelles orientations politiques individuelles et la destinée collective et historique des hommes.

La succession des plans quasi cinématographiques a encouragé Malraux � porter le film � l'écran dès la publication du livre.

Et c'est dans une Barcelone en état de guerre que le tournage commence.

Entre alertes et bombardements, désistements d'acteurs et décors réalisés de bric et de broc, le film est finalement monté, '---- � ..

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., malgré l'impossibilité de tourner certaines séquences.

Sous le titre Sieml ft Ten�e( le film reçoit le prix Louis-Delluc en 1945.

antifascistes.

Il participe aussi � la fondation de la Ligue mondiale contre l'antisémitisme.

LA GUERRE D'ESPAGNE • Son engagement aux côtés des républicains durant la guerre d'Espflgne va cristalliser dans l'action ses prises de 1 t position i.' théorique.

Malraux se jette � corps perdu dans la bataille contre le franquisme, frôlant� plusieurs reprises les frontières de la déraison, tant son ardeur au combat se développe au péril de sa vie (il gagne le grade de colonel).

Il décide de former la première escadrille républicaine, baptisée fspaiia, et, pour cela, il demande l'appui du gouvernement français en vue d'obtenir des appareils aptes � combattre.

Malgré le pacte de non­ intervention signé par le cabinet de Léon Blum, Malraux soutire l'aval du gouvernement et rentre en Espagne organiser la résistance.

Bien qu'absolument incompétent pour piloter un avion, il fédère ses troupes et orchestre le déroulement de plusieurs bombardements (Saragosse, Medellin, Teruel).

Désigné officieusement ministre de la Propagande et des Relations extérieures du gouvernement républicain, il plaide la cause de celui-ci aux États-Unis et revient en Espagne avec plusieurs milliers de dollars.

• Pendant tout ce temps, dans l'ombre de ses pensées, sommeille L'Espoir, un livre sur la guerre d'Espagne.

Quand, en décembre 1937, Gallimard le publie, le glas sonne déj� pour les républicains, défaits � la bataille de Teruel.

LA CONVERSION À L'IDÉE NATIONALE L'ÉPREUvt DE LA GUERRE ·À peine sorti de la guerre d'Espagne, Malraux s'engage dans un conflit qui durera six ans et sera marqué par une barbarie et une folie humaine responsables de millions de morts.

• Malraux en septembre 1939 a trente­ huit ans.

Il vit alors une liaison avec Josette Clotis, rencontrée quelques années plus tôt Lorsque la guerre éclate, elle interrompt l'écrivain dans ses réflexions esthétiques sur l'univers des formes; il s'attelle alors � une Psychologie de l'art • Dès septembre 1939, bien que réformé, Malraux s'engage dans un régiment de blindés cantonné dans les environs de la ville de Provins.

L'espoir d'une victoire dans cette «drôle de guerre» s'évanouit rapidemen� et le 22 juin 1940, le maréchal Pétain signe l'armistice.

Une semaine auparavan� Malraux a été fait prisonnier près de Sens.

Sa captivité est éphémère, puisque, � peine trois mois plus tard, il réussit avec son frère cadet Roland � s'évader.

• Pendant deux ans et demi, Malraux s'accorde une trêve.

Avec Josette et son fils, Pierre-Gauthier, né en novembre 1940, il goûte � la sérénité familiale� l'abri du tumulte, dans la Drôme, puis en Corrèze.

LE COLONEL BERGER • Par l'intermédiaire de ses deux frères, Claude et Roland, tous deux membres actifs des réseaux de résistants, Malraux reprend les armes au printemps de 1944.

En trois mois, aidé par un charisme et un prestige qui créent le consensus autour de lui, il réussit l'exploit de fédérer tous les maquis du Périgord noir.

Sous le pseudonyme de «colonel Berger», il rassemble républicains, socialistes et conservateurs, et organise des sabotages.

• Sa détermination, son audace et son courage lui forgent une solide réputation, reflétée par de nombreux témoignages d'admiration.

Le 22 juillet 1944, il est arrêté au hasard d'une patrouille et dirigé vers Toulouse, où, après interrogations et simulacres d'exécution, il est libéré in extremis par les FFI (Forces françaises de l'Intérieur).

• Dans le feu de l'action -et de manière assez inattendue -, il se retrouve � la tête du commandement de la brigade Alsace-Lorraine, créée pour libérer ces deux régions.

En janvier 1945, il chassera les Allemands de Strasbourg.

• La mort comme un refrain acharné dans sa vie, l'a frappé le 11 novembre 1944 en emportant accidentellement sa compagne Josette (qui a accouché en mars 1943 d'un second fils, Vincent), tandis que ses deux frères, arrêtés en mars 1944, ont été exécutés.

En mars 1948, Malraux épousera Madeleine, veuve de son frère Roland.

NAISSANCE D'UN HOMME POLITIQUE ·A deux reprises, Malraux a tenté pendant la guerre de proposer ses services au général de Gaulle.

À deux reprises, le silence a déçu ses attentes.

En 1945, � la faveur d'une rencontre arrangée, les deux hommes échangent leurs premières paroles, nouant une relation que seule la mort du Général viendra interrompre.

Cette entrevue, qu'il relatera dans ses Antimémoires, sonne le départ d'une brillante carrière politique.

• Alors que le philosophe Jean-Paul Sartre (1905-1980) s'en prend� de Gaulle, Malraux plaide pour le Général et intègre son gouvernement en novembre 1945 en tant que ministre de l'Information.

Le divorce avec les existentialistes sartriens est consommé.

Ils ne pardonneront pas à Malraux sa conversion au gaullisme.

• En 1951, il passe délégué � la propagande du RPF, le parti du Général.

Pendant deux ans, il se fait le chantre du patriotisme gaulliste � travers le monde.

L'AMOUR EUX DE L'ART • Malraux le proclame � plusieurs reprises : sa religion, c'est l'art.

De l'explorateur fasciné par l'art khmer � l'homme qui deviendra ministre de la Culture, cette passion semble bien le fil d'Ariane de sa vie.

Mais elle se manifeste en premier lieu dans ses écrits théoriques sur l'art bien que ses romans soient traversés par des dialogues sacralisés par le sceau de l'art • En 1937, il a publié La Psychologie de l'art avant-goût du Musée imaginaire qui parait dix ans plus tard.

Dans cet ouvrage, il montre commen� par des innovations institutionnelles ou techniques (naissance des musées, reprographie), notre regard (et celui des artistes) s'est métamorphosé sur les œuvres, rendant possible la naissance de l'art moderne.

• Dans la foulée du Musée imaginaire sont publiés La Création artistique (1948} et La Monnaie de l'absolu (1949}.

· Responsable chez l'éditeur Skira de la publication d'albums artistiques, Malraux signe trois études importantes : un Léonard de Vinci, un Vermeer de Delft ainsi qu'un Saturne, essai sur Goya.

Les Voix du silence (1951} reviennent méditer sur les thèmes principaux de La Psychologie.

• Retardée par les années passées au gouvernement, La Métamorphose des dieux (1957-1976} demeure son plus grand chantier artistique.

Composé essentiellement d'illustrations, le livre confronte des œuvres et nous entraîne dans une histoire discontinue des formes.

De ce dialogue entre les œuvres surgit un lyrisme malrucien louant l'universalité de l'art.

• Malraux admire les grands artistes, capables, par leur puissance créatrice productrice d'éternité, de renverser l'absurdité d'un réel limité par la mort (ici avec M11rc ChDgDII).

L'art est donc un « anti-destin ».

Ainsi, dans le prolongement de ses oraisons funèbres aux grands artistes du XX' siècle (Georges Braque en 1963, Le Corbusier en 1965}, il dressera un hommage éloquent au génie de Picasso dans La Tête d'obsidienne (1974).

«l'Al EPOUSE lA FRANCE�> L'ACTION POLITIQUE • Alors que la guerre de décolonisation fait rage en Algérie � partir de 1957, Malraux se mobilise contre les exactions françaises commises contre les dissidents.

L'arrivée de De Gaulle à la tête du pouvoir, le 29 mai 1958, va déterminer le retour de Malraux� la politique.

Entre l'homme lige et le Général, la collaboration durera dix ans.

• Le 1" juin 1958, Malraux est nommé ministre chargé de l'Information.

En janvier 1959, il devient officiellement ministre d'État chargé des Affaires culturelles.

• Fer de lance de la politique gaullienne, il sillonne le monde, rencontrant intellectuels (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Saint-John Perse), chefs charismatiques (Nehru, Mao, Kennedy), portant très haut l'Idée de la francophonie et de la richesse culturelle française.

• Le maigre budget attribué � la culture lui permet néanmoins de réaliser des opérations populaires entre 1959 et 1969 : inventaire du patrimoine artistique du pays, sauvetage du quartier du Marais � Paris, organisation de grandes rétrospectives («La peinture du Siècle d'or espagnol», «Picasso» ...

).

• À l'origine des grands travaux de ravalement des monuments de Paris, puis des immeubles d'habitation, il leur restitue à tous leur limpidité originelle.

• C'est dans la création des «maisons de la Culture» que s'incarne le mythe de Malraux� la culture.

Conscient du déficit culturel des villes de province, il inaugure � Bourges le premier édifice destiné à populariser la culture : «Autant qu'� l'école les masses ont droit au théâtre, au musée.

Il faut faire pour la culture ce que Jules Ferry faisait pour l'instruction.» • Les événements de 1968, qui annoncent la chute prochaine de Charles de Gaulle, marquent aussi la fin de la carrière politique de son fidèle lieutenant.

lEs DERNIÈRES ŒUVRES • Les textes rédigés durant la mission politique de Malraux sont imprégnés de ses devoirs gouvernementaux : discours pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (déc.

1964), préfaces d'expositions ...

• En 1967, il publie le début de ses Antimémoires, texte autobiographique à l'écriture inventive mêlant de nombreux procédés d'écriture.

Il y assume sa vie et son œuvre, en y réaffirmant ses interrogations fondamentales : le sens de la vie, la mort, l'action de l'art.

VERRIÈRES·LE·BUISSON • En 1969, il emménage à Verrières­ le-Buisson chez la romancière Louise de Vilmorin (1902-1969), qui décède rapidement.

En 1970, Malraux ne peut masquer sa douleur : c'est au tour du Général de disparaître.

• Ses dernières Dnnks, au côté de Sophie de Vilmorin (nièce de Louise), sont l'occasion de composer des préfaces, de retravailler et compléter ses Antimémoires, de publier, encore et toujours : Les chênes qu'on abat (1971}, Lazare (1974), Les H6tes de passage (1975).

• Le 23 novembre 1976, Malraux s'éteint à l'hôpital de Créteil.

Vingt ans plus tard jour pour jour, un hommage national est décrété pour cet homme qui avait «épousé la France», et ses cendres entrent au Panthéon.. »

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