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Guy de MAUPASSANT, Contes normands : « Ils ne consentirent jamais »

Publié le 05/06/2011

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(Nous sommes au XIXe siècle, en Normandie. Le fils Boitelle rentre de son service militaire qu'il a effectué en Afrique. Il ramène avec lui sa fiancée qu'il présente à ses parents. Après le repas, ils font un tour dans la campagne.) Alors Antoine rejoignit sa mère et la retenant en arrière : « Eh ben, ma mé, quéque t'en dis? — Mon pauv'e gars, vrai, alle est trop noire. Seulement un p'tieu moins je ne m'opposerais pas, mais c'est trop. On dirait Satan ! « II n'insista point, sachant que la vieille s'obstinait toujours, mais il sentait en son coeur entrer un orage de chagrin. Il cherchait ce qu'il fallait faire, ce qu'il pourrait inventer, surpris d'ailleurs qu'elle ne les eût pas conquis déjà comme elle l'avait séduit lui-même. Et ils s'en allaient tous les quatre à pas lents à travers les blés, redevenus peu à peu silencieux. Quand on longeait une clôture, les fermiers apparaissaient à la barrière, les gamins grimpaient sur les talus, tout le monde se précipitait au chemin pour voir passer la « noire « que le fils Boitelle avait ramenée. On apercevait au loin les gens qui couraient à travers champs comme on accourt quand bat le tambour des annonces de phénomènes vivants. Le père et la mère Boitelle effarés de cette curiosité semée par la campagne à leur approche, hâtaient le pas, côte à côte, précédant de loin leur fils à qui sa compagne demandait ce que les parents pensaient d'elle. Il répondit en hésitant qu'ils n'étaient pas encore décidés. Mais sur la place du village ce fut une sortie en masse de toutes les maisons en émoi, et devant l'attroupement grossissant, les vieux Boitelle prirent la fuite et regagnèrent leur logis, tandis qu'Antoine soulevé de colère, sa bonne amie au bras, s'avançait avec majesté sous les yeux élargis par l'ébahissement. Il comprenait que c'était fini, qu'il n'y avait plus d'espoir, qu'il n'épouserait pas sa négresse; elle aussi le comprenait; et ils se mirent à pleurer tous les deux en approchant de la ferme. Il la conduisit donc à la gare en lui donnant encore bon espoir et après l'avoir embrassée, la fit monter dans le convoi qu'il regarda s'éloigner avec des yeux bouffis par les pleurs. Il eut beau implorer les vieux, ils ne consentirent jamais.

Guy de MAUPASSANT, Contes normands 

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« 1.

« un orage de chagrin ».a) Expliquez cette expression.

(1 point)b) Quelle figure de style utilise-t-elle? (1 point)2.

« attroupement ».— Décomposez ce nom en ses trois éléments et nommez-les.

(1 point) RÉAGIR— Les figures de style que vous avez étudiées sont la métaphore (comparaison sans utilisation de termeintroducteur.

Ex.

: Des yeux d'azur, pour bleus comme l'azur) et la métonymie (désignation d'un objet par un termequi lui est lié.

Ex.

: Boire un verre, pour boire son contenu).— Un mot se décompose en radical, préfixe, suffixe. RÉPONDRE1.

a) Comme l'orage monte soudainement et violemment dans le ciel, la peine ressentit par le jeune homme à laréflexion de sa mère, le submerge.

b)Une métaphore.2.

Radical : troupe.

Préfixe at-.

Suffixe : -ment.53 C — COMPRÉHENSION (6 points)1.

Comment réagissent les parents d'Antoine à la vue de la jeune noire? Analysez en vous appuyant sur le texte leschangements de leur attitude.

(2 points)2.

Comment les villageois sont-ils présentés? Quel rôle jouent-ils dans la décision finale des parents? (2 points)3.

Quels sentiments Antoine éprouve-t-il successivement dans le passage : « Mais sur la place du village...l'ébahissement.

» (2 points) RÉAGIR— Tous les éléments de réponse sont contenus dans le texte.Sachez choisir vos citations.— Reprenez les expressions du texte en les indiquant entre guillemets ou entre parenthèses, mais construisez autourdes phrases de votre cru. RÉPONDRE1.

Ils repoussent la jeune femme parce qu'elle n'est pas à leur convenance (« alle est trop noire »).

Puis ils sontgênés d'être vus près d'elle (ils « hâtaient le pas »).

Enfin ils sont affolés par la réaction des villageois (ils « prirentla fuite »).2.

Les villageois agissent avec sans-gêne, ils se comportent comme si on leur donnait à voir une curiosité de foire («les fermiers apparaissaient, les gamins grimpaient sur les talus », « les gens qui couraient », « phénomène vivant »).Ils montrent une curiosité sans retenue (« une sortie en masse »).

Sans le vouloir ils poussent les Boitelle à refuserle mariage de leur fils (« les vieux Boitelle prirent la fuite et regagnèrent leur logis »).3.

Il est d'abord en colère, puis agit avec dignité en marchant « avec majesté », au bras de son amie. D — RÉDACTION (15 points)Le candidat traitera, au choix, l'un des deux sujets suivants :1.

Rédigez la version de la scène telle qu'a pu la vivre la fiancée d'Antoine Boitelle.

Vous écrirez votre devoir à la 1erpersonne du singulier.2.

A toutes les époques, le rejet de celui ou de ceux qui sont différents s'est manifesté dans de nombreusessituations.

Vous essaierez de montrer une de ces manifestations et d'en expliquer les causes.Quels sont, à votre avis, les moyens de lutter contre ces « réflexes » de rejet? RÉAGIR— Pour rédiger la même scène, du point de vue d'un personnage, suivez le déroulement du texte en vousinterrogeant sur les sentiments éprouvés face à chaque réaction des parents, des villageois.— Le rejet des autres, parce qu'ils sont différents de nous, est un sujet d'actualité.

Donnez votre point de vue sanspeur, mais en évitant les excès de langage.54 RÉDIGERPremier sujetJ'ai bien senti, au cours du repas, que les parents d'Antoine étaient mal à l'aise, à cause de moi.

La couleur de mapeau leur faisait peur, c'était visible.

Personne ne parlait ou presque.

Quand nous sommes partis nous promenerdans la campagne, j'ai été contente de sortir de cette atmosphère.

J'ai bien compris, quand Antoine est resté enarrière pour parler avec sa mère, que c'était de notre avenir à tous deux qu'il s'agissait.

Et j'ai bien compris aussiquand il m'a rejointe que les parents s'opposaient.

Nous avons marché côte à côté, à pas lents, sans parler.

La. »

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