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Guy de MAUPASSANT, Voyage de santé, Contes et Nouvelles

Publié le 05/06/2011

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M. Panard était un homme prudent qui avait peur de tout dans la vie. Il avait peur des tuiles, des chutes, des fiacres, des chemins de fer, de tous les accidents possibles, mais surtout des maladies. Il avait compris, avec une extrême prévoyance, combien notre existence est menacée sans cesse par tout ce qui nous entoure. La vue d'une marche le faisait penser aux entorses, aux bras et aux jambes cassés, la vue d'une vitre aux affreuses blessures par le verre, la vue d'un chat, aux yeux crevés; et il vivait avec une prudence méticuleuse, une prudence réfléchie, patiente, complète. Il disait à sa femme, une brave femme qui se prêtait à ses manies : « Songe, ma bonne, comme il faut peu de chose pour estropier ou pour détruire un homme. C'est effrayant d'y penser. On sort bien portant; on traverse une rue, une voiture arrive et vous passe dessus; ou bien on s'arrête cinq minutes sous une porte cochère à causer avec un ami; et on ne sent pas un petit courant d'air qui vous glisse le long du dos et vous flanque une fluxion de poitrine. Et cela suffit. C'en est fait de vous. « Il s'intéressait d'une façon particulière à l'article Santé publique, dans les journaux; connaissait le chiffre normal des morts en temps ordinaire, suivant les saisons, la marche et les caprices des épidémies, leurs symptômes, leur durée probable, la manière de les prévenir, de les arrêter, de les soigner. Il possédait une bibliothèque médicale de tous les ouvrages relatifs aux traitements mis à la portée du public par les médecins vulgarisateurs et pratiques. Il avait cru à tous les systèmes qu'on suppose infaillibles, pendant six mois, contre tous les maux. Aujourd'hui, il était un peu revenu de sa confiance, et il pensait avec sagesse que le meilleur moyen d'éviter les maladies consiste à les fuir.

Guy de MAUPASSANT, Voyage de santé, Contes et Nouvelles

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« c) Les praticiens qui expliquent au public comment se soigner au travers de livres ou d'articles de revues.2.

Prévenir signifie ici se protéger de quelque chose.

Prévention.Préventif. C — COMPRÉHENSION1.

L'auteur recourt souvent au procédé de l'accumulation ; donnez-en un exemple et analysez l'effet produit.2.

M.

Panard est-il simplement un homme prudent ? Justifiez votre réponse en vous appuyant sur les indices dutexte : propos, comportements, croyances.— A partir de votre analyse, proposez un titre. REAGIR— Tout procédé de style est voulu par l'écrivain.

Vous devez chercher quel effet cela crée en vous pour comprendrece qu'a voulu l'écrivain.— La question comporte l'adverbe simplement qui sous-entend que vous devez approfondir la caractérisation dupersonnage. RÉPONDRE1.

Il avait peur des tuiles, des chutes, des fiacres, des chemins de fer, de tous les accidents possibles mais surtoutdes maladies.Autres possibilités : La vue d'une marche...

crevés.

Il connaissait le chiffre...

soigner.L'auteur souligne ainsi le ridicule de la peur maniaque du personnage.

L'abondance des causes évoquées a un effetironique.2.

M.

Panard est un homme anxieux.

Il redoute jusqu'à l'angoisse les causes possibles d'accidents et leurs effets(entorses...).

La lecture d'ouvrages médicaux ne fait que renforcer son anxiété.

Obsédé par la maladie. D — RÉDACTION (15 points) Vous traiterez au choix un des deux sujets suivants :1.

Comment M.

Panard mérite-t-il de terminer sa vie ? Vous conserverez le ton du texte dans votre rédaction.2.

Vivre comme M.

Panard, est-ce vivre ? Justifiez votre réponse. RÉAGIR— Le ton du premier sujet est difficile puisque vous devez conserver la même ironie à l'égard du personnage donctout dérapage vers la gravité.— Essayez de comprendre ce qui peut exister dans l'esprit d'une personne comme M.

Panard avant de juger. RÉDIGER Premier sujetEt pour fuir les maladies pas d'autre remède que d'éviter avec soin les gens, porteurs de microbes, qu'ils vouspropulsent en toussant, postillonnant, peut-être même simplement en vous parlant.

En outre ne convenait-il pas dese garder du froid, de la chaleur, du vent, de la pluie ? Sa décision fut arrêtée : il prévint sa femme qu'ils allaient seretirer dans un endroit où tous les maux seraient moindres, puisqu'on ne pouvait espérer qu'il n'y en aurait plus.

Delongs mois de recherches lui permirent d'établir que l'endroit rêvé se situait au Sud de la France.

Le temps y étaitclément, les variations de températures peu importantes.

Il fallut ensuite acheter une maison assez isolée pour quel'on n'eût pas à craindre le voisinage porteur de miasmes.

Un notaire du lieu contacté finit par dénicher l'objet désirépar M.

Panard.

Le déménagement et le voyage furent des entreprises pleines de tracasseries.

Quand fallait-il partir ?Pouvait-on s'assurer qu'il n'y aurait pas d'embarras de transports ? Que le temps à l'arrivée serait assez doux?Notaire et déménageurs étaient assaillis de demandes et la patience des uns et des autres était mise à rudeépreuve.

Enfin le départ eut lieu.

M.

et Mme Panard voyagèrent par le train.

Ce furent des heures d'enfer pour M.Panard : les meubles seraient-ils correctement arrimés dans la voiture qui les transportait? les bagages avaient-ilsété montés dans le wagon ? Ne ferait-il pas trop chaud ? Quelqu'un n'ouvrirait-il pas une fenêtre ? Jusqu'à l'arrivéeM.

Panard tint un mouchoir devant son nez et incita sa femme à en faire autant sous le regard ébahi des autresvoyageurs.

Puis on arriva, on s'installa.

Le couple Panard passa des journées entières à s'installer dans cettenouvelle demeure qui devait les protéger des maladies colportées par les « autres », considérés comme des ennemis.Tout fut conçu pour éviter chutes, gros efforts, incidents divers.

Ainsi les tapis furent-ils bannis, les fenêtres nefurent-elles ouvertes que rarement, la cave fut condamnée.

Au fil des mois M.

Panard se sentait mieux.

Quepouvait-il encore craindre ? La seule personne qui approchait leur maison était un épicier-boucher qui leur livrait unefois par semaine la nourriture.

Pourtant, un soir, M.

Panard se sentit un léger malaise.

Il se remémora ses lecturesmais ne put découvrir quelle était la cause de son indisposition.

Dans la nuit il fut clair que quelque maladie s'étaitemparée de lui.

Mme Panard dut se lever, s'habiller et parcourir de nombreux kilomètres à la recherche d'un médecin.Quand elle revint accompagnée du praticien trois heures avaient passé.

Et M.

Panard n'était plus.. »

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