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Harmonie du soir Les Fleurs du Mal Spleen

Publié le 27/03/2019

Extrait du document

Harmonie du soir

Les Fleurs du Mal

Spleen et idéal

« Harmonie du soir » fait partie de la section Spleen et idéal du recueil Les Fleurs du Mal; dans cette section le poète fait le constat de

son aspiration à l'idéal dans tous les domaines, aussi bien esthétique que sentimental, et de l'échec perpétuel de ses tentatives

d'atteindre le bonheur qui le replonge irrémédiablement dans le Spleen, la dépression dirions-nous aujourd'hui.

Ce poème est dédié à Madame Sabatier, la muse et protectrice du poète mais la présence de la femme aimée n'apparaît que dans le

dernier vers. L'ensemble du poème exprime la joie d'une musique, joie à la quelle participe toute la nature, mais qui se change en

malaise à mesure que le soleil se couche. Le lien entre les divers thème n'apparait donc pas de manière directe. La forme du poème est

également mystérieuse puisqu'elle est inspiré du pantoum, forme poétique traditionnelle en Malaisie, dans laquelle les vers 2 et 4 de

chaque quatrain constituent les vers 1 et 3 de la strophe suivante avec une alternance de rimes masculines et féminines.

Nous chercherons comment les thèmes de la joie et de la mort, de la religiosité, su spleen et de l'idéal ainsi que la figure féminine se

rejoignent dans ce poème.

Nous étudierons la manière dont la valse fait naître une sorte d'euphorie puis comment celle-ci se change en malaise qui déclenche le

spleen puis comment apparaît la figure de la femme aimée.

Etapes de

l'étude

Observation du texte Commentaire

L'euphorie

Un état

d'excitation et

de réceptivité

totale

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;

La formulation « Voici venir les temps » est

inspirée de la Bible et annonce un moment de joie, de

faveur divine. Dans le poème l'interprétation que nous

pourrions donner serait la fin du printemps ou le

début de l'été, moment où les fleurs répandent le plus

de parfum : fête de la Nature, mais on peut aussi

penser qu'il s'agit de l'état d'inspiration poétique,

moment que guette le poète.

Une autre interprétation fait état d'une fête

religieuse avec une procession et un grand déploiement

de fleurs, en l'occurrence la Fête-dieu qui a lieu

soixante jours après Pâques. Le poème pourrait tout

simplement évoquer une soirée du début de l'été à la

terrasse d'un café avec de la musique, des danseurs.

Peu importe que tout se mêle puisque c'est ainsi que

nait l'inspiration poétique : du mélange. En tout cas,

qu'il s'agisse du retours des saisons, de la fête

religieuse, du moment d'inspiration ou d'une valse, ce

poème est placé sous le signe de la répétition.

« Les deux sens du mot langoureux Valse mél an co lique et l an goureux vertige ! vers ( Voi ci ve nir les tem ps où vi b rant sur sa t i g e) , tandis que dans le quatrième les spirantes de valse et vertige encadrent les l de mé lancoli que et lan goureux. - le retour continuel en fin de vers des mêmes rimes féminine « ige » et masculine « oir » - et bien sûr le retour des mêmes vers tout au long du poème. Enfin, on pourrait voir une alliance métaphorique (métaphore in abscentia) entre l'archet et la tige qui vibre. Cette valse est en tout cas, mélancolique (les sonorités en an et oir) apportent un peu de tristesse, quant à l'alliance entre langoureux et vertige, il s'agit presque d'un oxymore puisque langoureux signifie un état de langueur, d'abandon, état heureux et sensuel, tandis que vertige évoquerait presque un malaise (autre sens du mot langueur).

Toutefois, ce vertige est celui de la valse et le point d'exclamation final dissipe momentanément cette ambiguïté. Une harmonie des sensations. Les synesthésies révélées par l'alchimie baudelairienne Harmonie et euphorie Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Les sons et les par fums tournent dans l 'air du soir ; Chaque fleur/ s'évapore/ ainsi qu'un/ encensoir Cette fête est aussi une fête des sens : - les fleurs participent à cette danse en vibrant et exhalant leur parfum, ainsi toutes les sensations s'unissent : mouvement, sons, parfums.

Cette idée est annoncée au premier vers par l'image de l'encensoir que l'on balance en rythme et diffuse sa fumée d'encens lors de cérémonies religieuses.

On retrouve ainsi ce que Baudelaire proclamait dans « Correspondances » « Les les parfums, les couleurs et les sons se répondent » .

« L'alchimie baudelairienne » achève cette union par les sonorités même du poème, ainsi au vers 3 les sons et les parfums sont unis par l'assonance nasale « on/ums » et son se mélange a « l'air » pour faire « soir »; au vers suivant le chiasme sonore accentue cette impression de fusion. La poète trouve ainsi brièvement l'euphorie à travers l'harmonie de toutes les sensations.

Cette harmonie se lit dans la régularité des alexandrins comme le vers 2 au rythme parfait (3/3/3/3/) tandis qu'un élan emporte la fin du quatrième vers. II.

Le spleen L'extase impossible Une expansion des sensations La contemplation du ciel Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ; Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Au deuxième quatrain cet afflux de sensations s'amplifie. La reprise du vers « Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir » affirme avec plus de force aux sensations olfactives tandis que le vers suivant « Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige » précise l'ambiance musicale, en évoquant un orchestre et en nous laissant deviner les sons aigus du violons à travers la modulation des « i ». Le regard s'ouvre vers le ciel comme si le poète voulait associer une dimension supérieure à cette fête des sens.

Ce serait alors un moment d'extase d'union du sensuel et du spirituel.

Le terme reposoir correspond bien à cette hypothèse.

Un reposoir ( voir ici l'image ). »

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