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Harpagon et Grandet

Publié le 15/02/2012

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Auteurs comiques et romanciers ont été souvent sollicités, en France et à l'étranger, par ce type d'humanité à la fois odieux et ridicule qu'est l'Avare. Le portrait qu'en a brossé Molière éclipse tous ceux qui l'avaient précédé et tous ceux qui, jusqu'à Balzac, le suivirent. Seul Grandet mérite d'être comparé à Harpagon. Ces deux spécimens d'un même vice, peints d'après nature, mais en des temps et par des procédés différents, appellent le parallèle. Frappantes sont les ressemblances; plus nombreuses et plus profondes, les différences.

« lui, dit son oncle.

Voulez-vous boire un petit verre de yin? Le yin ne coiite rien A Saumur...

» Nos deux avares veillent egalement a la depense.

Brinda- voine et La Merluche doivent donner boire « seulement quand on aura soif ».

Dame Claude aura l'ceil « sur ce que l'on desservira » et prendra garde « qu'il ne s'en fasse aucun clegat ».

Maitre Jacques, chargé du repas de fiancailles, ayant demande : «Combien serez-vous de gens a table? », Harpagon repond : « Nous serons huit ou dix; inais it ne faut prendre que pour huit.

Quand it y a a manger pour huit, it y en a bien pour dix.

» Lorsque Mme Grandet et Eugenie de connivence avec la servante Nanon, ont prepare a Charles un dejeuner un pen plus copieux que le leur, l'avare arrive subitement, s'indigne d'une telle profusion et commence par ranger le sucre, estimant qu'un peu de lait le remplacera avantageusement dans le café.

« Je ne vous donne pas mon argent pour embucquer de sucre ce jeune drole », dit-il a sa femme.

Jamais ii n'achetait ni viande, ni legumes, ni pain.

Les fermiers, les maraichers, ses locataires, lui fournissaient sa nourriture et Nanon cuisait le pain chaque samedi pour toute la semaine. Il rognait sur le bois de chauffage, sur la chandelle et crie au scandale quand, en l'honneur de Charles, on y a substitue de la bougie.

« Elles demo- liraient le plancher de ma maison pour cuire des ceufs a ce garcon-la », s'ecrie-t-il courrouce.

Et quand Mme Grandet paHe de prendre le deuil de son beau-frere : « Vous ne savez quoi inventer pour depenser de l'argent. Le deuil est dans le cceur, et non dans les habits ».

Chez nos deux avares la passion produit les memes effets : elle sterilise Fame, elle y Oteint les sentiments qui paraissent les plus naturels a l'homme : la tendresse paternelle, la bonte, la pitie.

Harpagon ne semble pas avoir garde la moindre affection pour son fils et sa fille, exerce avec une parfaite tranquillite de conscience son horrible métier d'usurier, n'a aucun egard pour ceux qui le servent, pas meme pour ses chevaux qu'il soumet a des jetines prolonges.

Grandet semble aussi cuirasse que lui contre tout ce qu'il considere comme une faiblesse.

Son attitude, quand it apprend la mort de son frere, pere de Charles, est revoltante.

Il a perdu jusqu'au sens de la plus elementaire humanite, tout respect de lui-meme, et, qui pis est, toute notion de l'honneur.

Il pietine un cceur afflige; it specule sur la ruine d'un frere qui s'est suicide et sur la detresse d'un neveu malheureux.

Harpagon et Grandet ne considerent plus les hommes que comme des moyens pour parvenir a leurs fins, l'avarice les transforme en tyrans domestiques.

Tons deux pretendent disposer du cceur de leurs enfants.

L'un a resolu de marier sa fine Elise an seigneur Anselme, « un homme min., prudent et sage, qui n'a pas plus de cinquante ans et dont on vante les grands biens ».

A son fits Cleante, it reserve « une certaine veuve » dont on est venu lui parler le matin.

Et le manage d'Elise doit se faire « le soir meme », a l'en croire. Il vent sans doute paHer des fiancailles car la publication des bans suppose quelque delai!...

Grandet n'a qu'une fine.

Il ne la consulte pas davantage.

Il voit avec une maligne joie Grassinistes et Cruchotins se livrer a d'astu- cieux maneges autour de la riche heritiere, exploite a fond la situation et en secret se frotte les mains en disant : « Vous n'aurez point ma fine.

» Il sait dejA a qui ii la destine et a resoln de « s'occuper d'elle » quand ont sonne ses vingt-trois ans.

Elle aime son cousin, Charles.

Celui-ci est expedie aux Indes...

aux frais de Grandet qui compte sur a quelque pair de France a qui 300.000 livres de rente feront accepter tous les tonneaux passes, pre- sents et futurs ».

Nous sommes en presence de deux monstres authentiques. *** Le souci d'un developpernent methodique vous a fait taire jusqu'ici les differences qui conferent aux deux avares des physionornies si diverses, si tranchees.

Mais dies sautent auk yeux des i'abord.

On les pent ramener, croyens,nons trois principales : Grandet est plus reel, plus tragigne, plus modern » ,qu'llarpagon. Moliere, uteur classique, pense avec son siècle cite seule la verite gene- rale, universelle, est vraiment humaine.

Son aware est beaucoup plus pres de celui de Plaute que Grandet ne l'est d'Harpagon.

Les traits de celui-ci sont en grande partie empruntes, par ce a pilleur de genie >>, a l'antiquite et a la tradition nationale plus qu'A sa propre observation.

Harpagon est un type.

Grandet est un individu, observe dans son double milieu familial et lui.

dit son oncle.

Voulez-vous boire un petit verre de vin'! Le vin ne colite rien à Saumur ...

» Nos deux avares veillent également à la dépense.

Brinda­ voine et La Merluche doivent donner à boire « seulement quand on aura soif ».

Dame Claude aura l'œil « sur ce que l'on desservira » et prendra garde «qu'il ne s'en fasse aucun dégât».

Maître Jacques, chargé du repas de fiançailles, ayant demandé_: « CQmb.ien serez-vous de gens à table'!», Harpagon répond : «Nous serons bult ou dix; niais il ne faut prendre que pour huit.

Quand il y a à manger pour huit, il y en a bien pour dix.

» Lorsque Mme Grandet et Eugénie.

de connivence avec la servante Nanon, ont préparé à Charles un déjeuner un peu plus copieux que le leur, l'avare arrive subitement, s'indigne d'une telle profusion et commence par ranger le sucre, estimant qu'un peu de lait le remplacera avantageusement dans le café.

« Je ne vous donne pas mon argent pour embucquer de sucre ce jeune drôle», dit-il à sa femme.

Jamais il n'aéhetait ni viande, ni légumes, ni pain.

Les fermiers, les maraîchers, ses locatll.ires, lui fournissaient sa nourriture et Nanon cuisait le pain chaque samedi pour toute la semaine.

Il rognait sur le bois de chauffage, sur la chandelle et crie au scandale quand, en l'honneur de Charles, on y a substitué de la bougie.

« Elles démo­ liraient le plancher de ma maison pour cuire des œufs à ce garçon-là », s'écrie-t-il courroucé.

Et quand Mme Grandet parle de prendre le deuil de son beau-frère : «Vous ne savez quoi inventer pour dépenser de l'argent.

Le deuil est dans le cœur, et non dans les habits».

Chez nos deux avares la passion produit les mêmes effets : elle stérilise l'âme, elle y éteint les sentiments qui paraissent les plus naturels à l'homme : la tendresse paternelle, la bonté, la pitié.

Harpagon ne semble pas avoir gardé la moindre affection pour son fils et sa fille, exerce avec une parfaite tranquillité de conscience son horrible métier d'usurier, n'a aucun égard pour ceux qui le servent, pas même pour ses chevaux qu'il soumet à des jeftnes prolongés.

Grandet semble aussi cuirassé que lui contre tout ce qu'il considère comme une faiblesse.

Son attitude, quand il apprend la mort de son frère, père de Charles, est révoltante.

ll a perdu jusqu'au sens de la plus élémentaire humanité, tout respect de lui-même, et, qui pis est, toute notion de l'honneur.

Il piétine un cœur affligé; il spécule sur la ruine· d'un frère qui s'est suicidé et sur la détresse d'un neveu malheureux.

Harpagon et Grandet :ne considèrent plus les hommes que comme des moyens pour parvenir à leurs fins, l'avariee les transforme ·en tyrans domestiques.

Tous deux prétendent disposer du cœur de leurs enfants.

L'un a résolu de marier sa fille Elise au seigneur Anselme, «un homme mftr, prudent et sage, qui n'a pas plus de cinquante ans et dont on vante les grands biens».

A son fils Cléante, il réserve « une certaine veuve » dont on est venu lui parler le matin.

Et le mariage d'Elise doit se faire « le soir même », à l'en croire.

Il veut sans dilute parler des fiançailles car la publication des bans suppose quelque délai!...

GN.ndet n'a qu'une fille.

Il ne la consulte pas davantage.

Il voit avec une maligne joie Grassinistes et Oruthotins se livrer à d'astu­ deux m.anêges autour de la riche b:éritim, .exploite à fond la situation et en secret se frotte les mains en disant: «Vous n'aurez point ma fille.:.

II sait déjà à qui il la destine et a résolu de « s'occuper d'elle :.

quand ont sonné ses vingt-trois ans.

Elle aime son eousin, Charles.

Celui-ci est expédié aux Indes ...

aux frais de Grandet qui compte sur « quelque pair de France à qui 300.000 livres de rente feront accepter tous les tonneaux passés, pré­ sents et futurs ».

Nous sommes en présence de deux monstres authentiques .

..

** Le souci d'Un développement méthodique nous a fait taire jusqu'id les différences qui comfèrent aux deux avares des physionomies si diverses, si tranchées.

Mais elles sautent aux yeux dès l'abord.

On les peut ram-ener, treyons-D0tts~ f1 trois principales ! Grand-et est pins réel, plus tragique, plus ·« m&tierne » qu'Harpagon.

Molière, auteur classique, pense avec son siè'cle ·que seule la vérité géné­ ral~ univen;elle, est vraiment hum:aine.

Son avare est beaucoup plus près de celui de Plaute ·!{ue Gnndet ne l'est d'Harpagon.

Les traits de •celui-ci sont en grande partie emprontés, par ce • pilleur de génie », à l'antiquité et à la tradition nationale plus qu'à sa propre observation.

Harpagon est un type.

Grandet est un intilivid·u, observé dans son double milieu familial et. »

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