HÉMON Louis : sa vie et son oeuvre
Publié le 15/12/2018
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HÉMON Louis (1880-1913). Né à Brest, fils d’un inspecteur de l’instruction publique, Louis Hémon se sent bientôt à l’étroit dans son milieu. Épris d’aventure. nourri de Fenimore Cooper et de Kipling, il se destine d’abord à l’École coloniale, puis abandonne famille, études, amis et part pour l’Angleterre (1903), où il vagabondera durant huit années avant de s’établir au Canada (1911). Marchant sac au dos le long d’une voie ferrée, il trouvera la mort happé par une locomotive. Daniel Halévy voit dans cette courte existence une série de « disparitions » (préface de Battling Malone pugiliste, 1925) : autant de pas vers une liberté ardemment désirée. Premier obstacle à vaincre, l’autorité parentale : les Lettres à sa famille (1968, posth.) révèlent un épistolier avare d’épanchements, dont l’humour enjoué tient mieux à distance qu’une rébellion ouverte. Solitaire et besogneux, donnant des chroniques à des journaux sportifs et quelques nouvelles (dont « Lizzie Blakeston », 1908)
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nourri
de Fenimore Cooper et de Kipling, il se destine
d 'a bo rd à l'Écol e coloniale, puis abandonne famille, étu
des, amis et part pour 1' Angleterre ( 1903), où il vagabon
dera durant huit années avant de s'établir au Canada
( 1911 ).
Marchant sac au dos le long d'une voie ferrée, il
trouvera la mort happé par une locomotive.
Daniel
Halévy voit dans cette courte existence une série de
«di sp ar iti ons » (p ré fa ce de Battling Ma/one pugiliste,
1925) : autant de pas vers une liberté ardemment désirée.
Premier obstacle à vaincre, l'autorité parentale: les Let
tres à sa famille (1968, posth.) révèlent un épistolier
avare d'épanchements, dont 1 'humour enjou.é tient mieux
à dist ance qu'une rébellion ouverte.
Solitaire et beso
gneux, donnant des chroniques à des journaux sportifs et
quelques nou-.elles (dont« Lizzie Blakeston >>, 1908) au
Temps, le jeune écrivain se perd dans Londres, dont il
e xp lor e jusqu'aux bas-fonds.
Pourtant, malgré l'exil
libérateur, le ·> de la vie citadine (c f.
Mon
sieur Ripais er la Némésis, écrit en Angleterre, publié en
1951, adapté au cinéma par René Clément en 1953) le
retient encore prisonnier de compromissions, de pièges
sentimentaux au milieu des pires difficultés financières,
il tombe amoureux d'une actrice irlandaise, qui sera
em pri so nné e après la naissance d'un enfant.
Veule et
désargenté, l'irresponsable Monsieur Ripois est la figu re
de cette fausse li b erté.
Égarés dans le labyrinthe, d'autres
personnages ne trouvent d'issue que dans la mort; Lizzie
Blakeston, une frêle héroïne dickensienne, se suicide;
le boxeur Battling Malone tombe sous les balles d'une
cynique lady.
En 1911.
le Canada offre à Hémon une nouvelle
chance d'évasion.
Avant de s'embarquer, il expédie en
F ran ce une malle pleine de manuscrils, avec défense de
l'ouvrir.
Après quelqu es mois à Montréal, il s'enfonce
dans la campagne québécoise, défrichant la forêt avec
les pionniers de la voie ferrée, travaillant dans une ferme
à Peribonka, écrivam son chef-d'œuvre, Maria Chapde
Laine (publié en feuilleton dans le Temps, 1914; chez
Grasset, 1921 ).
La soumission au rythme des saisons,
« une vie dure dans un pays austère>> lui semblent dou
ces en comparaison des serv it ud es familiales et citadi
nes; elles promettent la sérénité de préférence au bon
heur, une frugalité sans supernu ni misère : à l'écoute de
la « voix » des ancêtres du Québec, Maria Chapdelaine
renonce aux mirages de la ville pour mener cette exis
tence; héros intrépide et fidèle, un anti-Ripois traverse
le roman : François Paradis, qui goûtera dans ses courses
en forêt, jusqu'à y perdre la vie, cette «joie démesurée
de bête libre>> figurant l'impossible délivrance.
Louis Hémon n'est pas l'homme d'un seul livre: à
trente-trois ans, il la iss e une œuvre cohérente.
Romans
et nouvelles (.'a Belle que voilà, 1923; Colin-Maillard,
1924) jalonnent un grand dessein, et, tout en ne choisis
sant que la fiction pour se dire, il emporte l'adhésion du
lecteur par un réalisme à la fois poétique et naïf.
Maria
Chapdelaine est sous-titrée Récits du Canada français;
les écrits d'Angleterre mériteraient d'être app elé s « scè
nes de la vie londonienne>>.
L'environnement naturel.
parcs de Londres ou sous-bois canadiens, se décompose
en multiples notations de couleurs et de sonorités; le
texte intègre aussi bien les anglicismes (cf.
Battling
Ma/one) que le parler québécois : «Ne laissez pas amor
tir le feu >>.
D'où l'originalité de cette œuvre, apprentis
sage de la liberté à trav ers les vicissitudes d'une expé
rience traduite impersonnellement, avec une fidélité
dénuée de prétentions littéraires.
D'où aussi Je succès de
Maria Chapdelaine, un roman qui tranche sur toute la
production française d'après 1914 : héroïsme sans
bataille; exotisme sans tropiques; psychologie presque
muette, aux antipodes de J'art proustien.
Hémon: «une
âme vagabonde >> (Daniel Halévy), sous des cieux encore
inconnus de la littérature française..
»
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