Devoir de Philosophie

HerbjØrg Wassmo : La Véranda Aveugle

Publié le 06/01/2012

Extrait du document

Introduction

1)      Situer le passage, expliquer le contexte :

L’histoire se déroule en Norvège au milieu des années cinquante. Le passage que j’ai choisi intervient au centre du roman, au chapitre dix-huit. Les trois héroïnes principales du livre (Tora, sa mère Ingrid et la tante de Tora, Rakel) se retrouvent toutes les trois réunies sur l’île de Storøya au nord de la Norvège, à l’hôtel alors que, ce soir-là, la tempête fait rage au dehors. Cet événement  les ayant  contraintes à ne pouvoir renter chez elles, elles dorment toutes les trois dans un même lit, tandis que la tourmente sévit à l’extérieur. 

Peu avant ce passage, les trois femmes prirent le bateau depuis l’île de Vega (où elles y vivent) pour se rendre sur l’île de Storøya, à Breiland. La tante Rakel ayant rendez-vous chez le dentiste… Durant le voyage plutôt tumultueux, Rakel, si forte d’habitude, ne supporte pas le tangage du bateau de fortune, ce qui ne la manqua pas de la rendre malade. Arrivées à destination et après le plombage d’une molaire souffreteuse de tante Rakel, toutes les trois firent quelques emplettes. Rakel, plus aisée que sa sœur, lui offrit une étoffe afin de se confectionner un vêtement, à quoi sa sœur Ingrid en fut tout émue et reconnaissante. La tempête ne s’étant pas calmée, Rakel refusa de reprendre le chemin du retour, trop dangereux, et paya pour les trois une nuit à l’hôtel.

« vu à travers les yeux de la jeune fille.

Des descriptions froides alternent avec une poésie mélancolique, des imagesoniriques… jamais d’exagération… Wassmo trouve les mots justes et simples pour décrire l’horreur physique et psychique de Tora.

A aucun momentn’est une once d’hyperbole.

Dans les moments les plus sordides où Tora subit, par exemple, les sévices sexuels deson beau-père ou lorsque la narration s’introduit dans la tête de la jeune fille pour exprimer ses angoisses, jamais degrandiloquence ne se fait ressentir.

Le tragique nous prend à la gorge spontanément… En voici deux petits extraits tirés du texte en exemple : « Et puis se produisit la déchirure.

Tora la ressentit quelque part à l’extérieure d’elle-même, sans qu’elle pût savoiroù elle commençait, où elle se terminait (…) Ce sang qui arrivait sans aucune raison, il maculait tout le drap parcequ’elle n’arrivait pas à rester immobile en dessous de lui.

Elle comprit que telle était donc la laide réalité, uneréalité dont elle n’avait trouvé mention dans aucun livre.

» « (…) le pire ce fut cette grosse main qui lui touchait la nuque.

Le contact.

L’écœurement.

Le plus monstrueux, cefut cette peau qui touchait la sienne.

Et sous les yeux de sa mère ! Elle se rendit compte que sa mère bondissaitpour lui prendre le bras.

(…) Lorsqu’il utilisa ses dernières forces pour frapper à coups de poing le visage d’Ingrid,Tora oubliait qui elle était.

Jamais elle ne se serait cru capable de crier si fort.

–Frappe pas maman ! sinon j’tetue ! » Passage choisi : Tora ne se rappelait pas avoir déjà dormi derrière une porte verrouillée.

Il y avait là quelque chose de magique. -Ferme à clé, avait dit la tante. Et Tora avait traversé la pièce pour tourner la petite clé.

C’était tellement simple ! Enfermer le mondedehors ! Et même la croisée, parfois si effrayante à la maison, avait ici quelque chose d’amical. C’était une croisée innocente, qui n’avait rien vu… Et la chaleur du lit ? Elle n’engendrait ici nulle tension, elle n’avait rien de répugnant.

Il n’y avait rien àessuyer ou à défroisser. Seule en émanait une odeur de peau, de mousse chauffée au soleil.

C’étaient les cheveux de la tante quivenaient se répandre sur l’oreiller et s’infiltrer ensuite dans les tresses défaites de Tora. Intérieurement, Tora entendait encore ce que lui avait dit la voix claire de sa tante avant qu’elles n’aillentse coucher : - Comme j’suis contente que tu aies hérité de mes cheveux ! Sinon, y aurait eu personne d’autre. Elle avait eu un ton à la fois douloureux et gai.

En longs gestes précautionneux, elle s’était mise à brosserles cheveux de sa nièce ; non pas à la va-vite comme le faisait sa mère avant que Tora n’apprenne à se peigner età se faire elle-même des tresses. Ainsi donc, ce n’était pas parce qu’elle était fille de boche qu’elle avait les cheveux roux.

Et il n’y avait riende vrai dans ces vers qu’avaient faits les enfants sur elle : « L’est rouge comme le feu, sa mère l’a couché avec unchleuh ! » C’était en fait un héritage de tante Rakel ! Tora avait eu envie de leur demander, rien que pour en obtenir confirmation, mais elle n’avait pas osé. Maman était si heureuse ce soir.

Complètement transformée.

Elle souriait.

En parlant de guerre oud’Allemands, Tora aurait pu tout gâcher.

Maman se serait refermée et fanée comme une fleur à l’automne. Des draps frais, inconnus.

Le souffle régulier de maman et de la tante.

La pièce les protégeait, les entouraitde ses frontières et maintenait tout le reste à distance.

Dans cet espace, le vide se noyait dans sa propre absurditéet rendait la nuit précieuse. Mais peut-être n’était-ce pas lié uniquement à cette pièce ? Existait-il donc beaucoup de bonnes pièces de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles