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Hugo => Le Napoléon III des Châtiments

Publié le 14/03/2015

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La démarche critique de Victor Hugo fonctionne par opposi­tions et par antithèses. Il pense par groupes binaires, qui se font ressortir mutuellement et accentuent leurs différences par le contraste. Il oppose ainsi de manière vigoureuse Napoléon III et la République. Il accuse Louis Bonaparte d'avoir fait main basse sur la République, d'avoir tendu un piège au peuple, à la ville de Paris et aux représentants du peuple, démocratiquement élus : « Vous crûtes jusqu'ici que j'étais Bonaparte, / Mon nom est Guet-apens « (Il, 7). Profitant de la passivité du peuple, qui ne résiste quasiment pas à son armée et à sa police, le despote fes­toie à ses dépens : « Le boeuf Peuple rôtit tout entier devant l'âtre; / La lèchefrite chante en recevant le sang « (IV, 13).

Le passage de la prose des pamphlets à la poésie, dans Les Châtiments, accentue la représentation caricaturale de Napoléon III. Tout concourt à renforcer la médiocrité et la bouffonnerie du personnage. Certaines caractéristiques reviennent constamment. Il a le « regard fourbe et traître «, le « front bas, de honte obs­curci « (III, 6, p. 109) ou bien « l'oeil terne « et « les traits pâlis « (Nox, p. 13). Contre ce triste personnage, les invectives pleuvent : « l'assassin «, « ce traître et cet homme de nuit « (Nox, p. 17 et 20), « le chacal « (11, 2, p. 69), « singe « (Ill, 3, p. 101), « ce royal croquant, ce maraud couronné « (Ill, 4, p. 102), « faquin « (III, 4, p. 102), « fumier « (III, 4, p. 104), « ce drôle « (III, 6, p. 108), « cet escroc du scrutin « (IV, 3, 144), « ce boucanier «, « ce chouri­neur « (VI, 11, p. 244).

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« qu'il ne put obtenir la révision de la Constitution afin de se faire réélire président en 1852, qu'il perpétra un coup d'État le 2 décembre 1851, jour anniversaire du sacre de son oncle, en 1804, et de la bataille d'Austerlitz, en 1805.

Le 2 décembre 1852, il fait proclamer l'Empire et se fait désormais appeler Napoléon Ill.

Commence alors, jusqu'en 1870, date de la Commune et de la proclamation de la troisième République, la période du second Empire.

Vérité historique et déformation polémique Il importe, en ouvrant Les Châtiments, de bien faire la diffé­ rence entre la réalité historique et les déformations que lui fait subir Hugo, sous le coup de la colère et de l'humiliation.

Certes il est impossible d'excuser le coup d'État du 2 décembre, les massacres, les déportations et la proscription des républicains.

Hugo, et comment ne pas le comprendre? écrit en militant qui a tout perdu.

Son recueil paraît en 1853, à un moment où les évé­ nements du coup d'État sont encore chauds.

Mais les historiens émettent sur la personnalité de Napoléon Ill et sur l'époque du second Empire un jugement plus nuancé que les flots d'invectives à l'emporte-pièce des Châtiments.

Si l'on fait un bilan, en 1870, des deux décennies précédentes, on s'aperçoit qu'elles furent à bien des égards l'une des périodes les plus prospères de notre histoire.

Contrairement à ce que prétend Hugo, Napoléon Ill est loin d'être un fantoche et un tyran sanguinaire.

Après la tragédie du coup d'État, une répression s'exerça sur la France, mais sans commune mesure avec celle que firent peser des dictateurs véri­ tablement monstrueux comme Staline ou Hitler.

À partir de 1859, le régime est d'ailleurs contraint à la libéralisation, avant de péri­ cliter en 1870 devant les armées prussiennes.

Rarement la France n'avait traversé une aussi longue période de paix militaire.

Jamais les finances, l'industrie, le commerce et l'urbanisme ne connu­ rent un tel développement.

La censure impériale attaqua les Fleurs du mal de Baudelaire ou Madame Bovary de Flaubert, mais elle n'entrava pas l'épanouissement de leur génie.

Napoléon Ill laisse donc l'image d'un chef d'État le plus souvent avisé, qui concourut à la grandeur et au développement de la France.

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