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HUGO, Victor – J'aime L'araignée Et J'aime L'ortie

Publié le 19/09/2011

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J'aime l'araignée et j'aime l'ortie,  Parce qu'on les hait ;  Et que rien n'exauce et que tout châtie  Leur morne souhait ;    Parce qu'elles sont maudites, chétives,  Noirs êtres rampants ;  Parce qu'elles sont les tristes captives  De leur guet-apens ;    Parce qu'elles sont prises dans leur œuvre ;  O sort ! fatals nœuds !  Parce que l'ortie est une couleuvre,  L'araignée un gueux ;    Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes,  Parce qu'on les fuit,  Parce qu'elles sont toutes deux victimes  De la sombre nuit.    Passants, faites grâce à la plante obscure,  Au pauvre animal.  Plaignez la laideur, plaignez la piqûre,  Oh ! plaignez le mal !    Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ;  Tout veut un baiser.  Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie  De les écraser,    Pour peu qu'on leur jette un œil moins superbe1,  Tout bas, loin du jour,  La mauvaise bête et la mauvaise herbe  Murmurent : Amour !

Tout d’abord, grâce aux éléments naturels de la société. Dans ce poème de Victor Hugo, le thème principal est basé sur une métaphore entre la faune et la flore, l'auteur cherche à démonter le fait qu'il aime les araignées ainsi que les orties. Il cherche à les valoriser et à contrer les idées préconçues que la plupart des gens fond. Victor Hugo les décrit comme "Vilaine bête et mauvaises herbes"(v27) pour retranscrire ce que pense la plupart des personnes.  En effet, il utilise un champ lexical qui se rapporte à la pensée de l'Homme qui, lui, les détestent donc l'auteur va employer une sorte de dégout par rapport à celui-ci ; « Maudites, Chétives «(v5) « Victimes «(v.15), « Plante obscure, Au pauvre animal «(v17-18) . La présence des points d'exclamations va permettre de confirmés les affirmations. Victor Hugo s’oppose aux idées de la société envers ces bêtes.   

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« et ce dès le premier vers (« J'aime l'araignée et j'aime l'ortie »), la répétition du verbe « aimer » marquant ici uneinsistance qui ne manque pas de surprendre le lecteur.Mais ce dernier n’a pas fini d’être surpris, car un paradoxe s’impose d’emblée dans le texte, mis en relief par uneantithèse entre les verbes « aimer » et « haïr » : « Parce qu'on les hait ; » (vers 2).

Ainsi la justification du poèteserait donc de vouloir s’opposer à une perception péjorative trop convenue de l’araignée et de l’ortie.

Cette lutteest renforcée par l’anaphore de la conjonction causale « parce que » (vers 5, 7, 9, 11, 13 et 15), qui paraîtdévelopper à l’infini les origines et les caractéristiques de ces créatures, « captives » (vers 7) de leur propre image. [3) Une description pessimiste] Victor Hugo, romantique jusqu’à sa mort en 1885, reprend desprocédés baroques (le mouvement romantique s’inspirede cet autre courant de pensée), l’effet de surprise en est déjà un.

La surenchèreen est un autre.

Cette dernièreest soulignée par le développement à l’excès d’un portrait particulièrement sombre de l’araignée et de l’ortie, portraitqui ne fait que renforcer le paradoxe évoqué plus haut.Il est en effet aisé de distinguer dans le poème les champs lexicaux de l’obscurité (« noirs êtres rampants » au vers6, « ombre des abîmes » au vers 13, « sombre nuit » au vers 16, « plante obscure » au vers 17), de la tristesse («morne souhait » au vers 4, « chétives » au vers 5, « les tristes captives » au vers 7, « pauvre animal » au vers 18,« mélancolie » au vers 20) et même du dégoût et du mal (« maudites » au vers 5, « le mal » vers 19, « leur fauvehorreur » au vers 22, « La mauvaise bête et la mauvaise herbe » au vers 26).

En d’autres termes, rien ne semblejustifier un tel engouement pour l’araignée et l’ortie, puisque tout est apparemment fait pour susciter le dégoût.Mais, loin de les rendre responsables de cette image, Victor Hugo les convertit en victimes, d’où de toute évidencela mise en exergue d’une certaine compassion du poète à l’égard de ces êtres rejetés par le monde.

Le terme mêmede « victimes » apparaît dans le poème (vers 15), déterminant ainsi clairement la vision du poète.

Il est sensible àleur « sort » (vers 10).

Ainsi le choix des métaphores suivantes n’est pas innocent : « Parce que l'ortie est unecouleuvre, / L'araignée un gueux » (vers 11 et 12).

En effet, l’animalisation de l’ortie en couleuvre rappelle que, endépit de l’aspect d’un reptile dangereux, la couleuvre est un animal inoffensif du fait de son caractère non venimeux,comme l’ortie.

De même, la personnification de l’araignéeen mendiant introduit subtilement l’idée que, malgré sonapparence repoussante, le gueux est un malheureux que nous devons plaindre et à la douleur duquel nous devonscompatir, à l’instar de l’arachnide. * * * [Transition :] Le poète exprime donc un amour et une compassion non refreinées au sujet de l’araignée et de l’ortie en parvenantà les convertir en victimes.

Mais ne serait-ce pas également une stratégie argumentative pour convaincre le lecteurde changer sa perception des choses. * * * [II.

Convaincre le lecteur] Le texte, non content d’être poétique, est également argumentatif, car toute une stratégie est mise en place parVictor Hugo afin d’émouvoir le lecteur et l’inviter à adopter la même perception que lui. 1)Le jeu des registres C’est en jouant avec les registres que le poète parvient à sensibiliser le lecteur, à susciter sa pitié.

Ainsi, c’est bienévidemment le registre pathétique qui est installé, dans la mesure où l’auteur disculpe l’araignée et l’ortie endéveloppant le lexique du piège, de l’emprisonnement et de l’enfermement (« captives » vers 7, « guet-apens » vers8, « prises » vers 9, « nœuds » vers 10), puisque ces deuxpersonnages sont prisonniers de leur propre image, quiest née du regard des autres.

Victor Hugo va jusqu’à, de façon anachronique, développer la vision du « poètemaudit » (concept né de la pensée de Verlaine en 1888, dans Les Poètes Maudits), en introduisant le mot « œuvre »dans son poème (« Parce qu’elles sont prises dans leur œuvre », vers 9), qui les transfigure en artistes rejetés parla société, incompris, à l’image de Victor Hugo lui-même et de tous les romantiques.Ainsi leur existence, plus que pathétique rejoint le registre tragique, car l’idée même de fatalité – inséparable de latragédie -surgit dans le texte : « O sort ! fatals nœuds ! » (vers 10).

Le Ô lyrique vient également appuyer cettedimension, rappelant les tirades et les monologues du genre tragique.

De même, la ponctuation expressive marquéepar la modalité phrastique exclamative met en relief l’état d’esprit du poète non seulement compatissant, maiségalement révolté, indigné par la fatalité qui s’acharne contre ces deux innocentes créatures. 2)Emouvoir le lecteur. »

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