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Ibsen Les revenants

Publié le 24/11/2013

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GAILLOT-DREVON Dorine Littérature générale et comparée Sujet : « Les évènements destructeurs ont déjà eu lieu quand le rideau se lève. La machine dramatique se met alors à fonctionner à l'envers, son déroulement échappe désormais à la progression irrésistible vers la catastrophe finale. » L'oeuvre d'Ibsen Les revenants, et celle de Witkiewicz Le petit manoir, proposent un théâtre de rétrospection, reposant sur le récit du passé plutôt que celui du présent. Le passé, avant de devenir destin, est raconté sur scène et donne au drame son temps présent. Les auteurs font valoir le poids des actes du passé sur le présent, dans lequel un noeud est à défaire, un fil est à tirer, pour trouver la vérité. Ainsi, Les Revenants et dans Le petit manoir, qui sont des pièces fondées sur le dénouement, ont la particularité et l'originalité de « fonctionner à l'envers ». L'espace humain est hanté. Les esprits des défunts reviennent dans le monde des vivants. Des êtres morts continuent à se manifester... Leur présence est la conséquence des fautes irréversibles commises par M. Alving et Anastasia dans le passé. Les enfants portent alors le poids des erreurs de leurs parents, un véritable fardeau qui devient mortel. « La progression vers la catastrophe finale » semble donc être « irrésistible » d'autant plus que « la catastrophe finale » paraît « inévitable ». Cependant, la finalité du drame s'éloigne du désastre. Alors qu'Ibsen et Witkiewicz se détournent mutuellement du cataclysme, comment ce dernier peut-il encore pénétrer et persévérer dans les oeuvres au programme ? Dans un premier temps, nous verrons que le passé, par la force des revenants, se substitue au présent des personnages, avant de décider de leur destin. Nous étudierons ensuite, la catastrophe au sein de la finalité de l'action dramatique, avant de s'attacher à l'exaltation suprême et définitive des personnages. Les pièces d'Ibsen et de Witkiewicz sont structurées autour de la révélation progressive, d'une histoire affreuse, antérieure à l'action passée. Les événements observables sur scène ne constituent pas l'essentiel de l'univers du récit car il s'agit de la mise à jour d'un secret familial antérieur. Chaque personnage, transportant en lui « un cadavre de cargaison », est condamné à relire, réécrire sa vie passée. Dans Le petit manoir de Witkiewicz, l'action commence alors que le deuil vient de frapper toute la famille. La réplique du père à Aneta est d'ailleurs on ne peut plus explicite : « Eh bien tout simplement, cela s'est passé ainsi : ma femme, ta tante Anastasia, est morte. Un point c'est tout. » Les personnages accueillent Anastasia très naturellement, sans étonnement. Amélie, sa fille lui dit : « Oh ! Maman est déjà là. », Le cousin philosophe : « Je sais des cavernes où l'on ne creuse ni en long ni en large, ni en avant ni en travers, mais rien que dans la Vérité, la petite ouverture par laquelle Dieu essaie de tendre la main à l'homme. », L'employé s'exclame : « Ah ! Qui vois-je. C'est not' dame. Bonsoir, bonsoir. Alors, la petite santé ? », La cuisinière pose des questions rhétoriques : « Alors ? Madame n'as pas pu s'y faire dans l'autre monde, et Madame est venue nous voir ? » Witkiewicz donne au fantôme une visibilité objective et concrète, une autonomie dramatique et une présence scénique réelle. Ainsi, il montre que le fantôme, figure du passé, est ancré dans la vie des vivants. Quant à l'oeuvre d'Ibsen, son titre, Les Revenants, est une référence directe au passé. En effet, le temps de la tragédie est maîtrisé, non pas par les acteurs, mais par des fantômes. Lorsque le récit commence, la tempête a déjà eu lieu. Ainsi, le temps métaphorise d'entrée, l'état d'âme d'Oswald : « le fjord mélancolique et sombre. » La vallée glaciaire, envahie par la mer, représente le personnage « envahi » par son père. De cette faç...
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« Maman est déjà là.

», Le cousin philosophe : « Je sais des cavernes où l’on ne creuse ni en long ni en large, ni en avant ni en travers, mais rien que dans la Vérité, la petite ouverture par laquelle Dieu essaie de tendre la main à l’homme.

», L’employé s’exclame : « Ah ! Qui vois-je.

C’est not’ dame.

Bonsoir, bonsoir.

Alors, la petite santé ? », La cuisinière pose des questions rhétoriques : « Alors ? Madame n’as pas pu s’y faire dans l’autre monde, et Madame est venue nous voir ? » Witkiewicz donne au fantôme une visibilité objective et concrète, une autonomie dramatique et une présence scénique réelle.

Ainsi, il montre que le fantôme, figure du passé, est ancré dans la vie des vivants.

Quant à l’œuvre d’Ibsen, son titre, Les Revenants , est une référence directe au passé.

En effet, le temps de la tragédie est maîtrisé, non pas par les acteurs, mais par des fantômes.

Lorsque le récit commence, la tempête a déjà eu lieu.

Ainsi, le temps métaphorise d’entrée, l’état d’âme d’Oswald : « le fjord mélancolique et sombre.

» La vallée glaciaire, envahie par la mer, représente le personnage « envahi » par son père.

De cette façon, sa vie est similaire à un bras de mer étroit, plus ou moins ramifié, aux côtés très escarpé.

La nature reflète l’intimité du personnage.

Oswald est anéantit, le poids du temps pèse sur son existence sans valeur : « Et cette pluie qui n’en finit pas.

Semaine après semaine, ça dure ; des mois entiers.

Jamais un rayon de soleil.

» Chez Witkiewicz, le décor représente également l’intériorité des personnages.

Ainsi, « il tombe une obscurité grise » dès la scène 1 de d’acte 1.

Les personnages évolueront en s’assombrissant puisqu’à la fin de la tragédie, les deux fillettes et Nibek meurent.

Aussi, les éléments du décor tels que « des photographies, des cartes postales et autres chiffons » (acte III), font référence à un temps passé que les protagonistes ne peuvent oublier.

La métaphore constitue donc un mode d’accès à une conscience fragilisée.

Puis, le passé se révèle et le nœud se défait autour de la mort du père dans Les Revenants : ses mœurs ont toujours été dissolues et c’est par sa faute que la « souillure », autrement dit la syphilis, est entrée dans la maison.

Le thème de la filiation est donc important : les vices du père se transmettent au fils quand bien même ce dernier en aurait été protégé par l’éducation de sa mère : « Ce fut une lutte de tous les instants, quand Oswald est né, j’ai cru qu’Alving allait changer.

Mais ça n’a pas duré.

J’ai dû lutter pour deux, me battre comme si ma vie était un jeu pour que personne ne sache quel genre d’homme était le père de mon enfant.

» Dans la formation de la personnalité, l’ascendant joue alors un rôle très important, le passé reproduit ses effets au présent.

Manders fait remarquer qu’Oswald est le double de son père « Quand Oswald est apparu sur le pas de la porte, la pipe à la bouche, j’ai cru un instant voir son père en chair et en os.

» Indépendamment de sa volonté, Oswald porte donc la marque indélébile de son père.

Le retour du jeune homme symbolise celui de son géniteur.

Une faute initiale des parents a des répercussions sur la génération suivante, les enfants.

Ainsi, Oswald subit les conséquences des agissements de son père : « les péchés des pères retombent sur les enfants.

» Cette idée de faute commise avant même le début de la tragédie renforce l’aspect inéluctable de l’enchainement des actions que va subir Oswald, et sa mère également.

Nous avons une situation désespérée par la gravité de l’action initiale : celle qui déclenche les malheurs qui vont s’abattre sur les personnages.

Le geste. »

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