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IL N'Y A PAS DE CLEF UNIQUE

Publié le 28/03/2015

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Conscient de cette inévitable rivalité entre l'écrivain et son critique, certains romanciers, plutôt que de s'exténuer à la dénoncer, ont su en jouer avec particulièrement d'habileté. Ainsi, Alain Robbe-Grillet encourageant selon les périodes des discours critiques totalement opposés — ceux de Barthes, puis de Bruce Morrissette et enfin de Jean Ricar-dou — avant que de les répudier tous de manière à interdire qu'une seule interprétation de son oeuvre prévale en enfer­mant ses romans dans une lecture unique et, de ce fait, réductrice.

 

Vladimir Nabokov — romancier américain d'origine russe — a fait plus encore pour se soustraire à l'empire de la critique. Il en a parodié le discours dans un des romans les plus intel­ligents et les plus réussis de la littérature contemporaine : Feu pâle. Son livre, en effet, se présente comme le com­mentaire universitaire d'un poème, l'édition critique de celui-ci. Mais l'ensemble verse rapidement dans le délire, dans le romanesque le plus débridé. Avec cet ouvrage, ce n'est plus la critique qui prolonge et domine l'oeuvre ; tout

« 352 /La critique .

§1 pour désigner un certain nombre d'ouvrages qui, signés de Roland Barthes, Jean-Pierre Richard ou Jean Starobinski, avaient, dans la ligne ouverte par Bachelard, pennis un important renouvellement de notre vision de la littérature.

Quant à l'expression de «Métaphores obsédantes», elle figurait dans le titre d'un ouvrage de Charles Mauron publié en 1962 : Des Métaphores obsédantes au mythe personnel.

Spécialiste de Mallarmé, celui-ci avait tenté d'appliquer, de manière originale, les thèses freudiennes à l'étude des grands textes littéraires.

Qu'y a-t-il de commun entre ces critiques que Gracq réunit dans une même désapprobation? Peu de choses à vrai dire sinon le fait que leurs travaux s'étaient trouvés, en 1965, au centre de l'une des plus célèbres polémiques littéraires de l'époque : la querelle de la «nouvelle critique».

A travers Barthes et l'ouvrage que celui-ci avait consacré à Racine en 1963, le professeur de la Sorbonne Raymond Picard s'en était pris à tout ce qui se refusait au discours universitaire classique dans un pamphlet cinglant, souvent injuste mais quelquefois pertinent : Nouvelle Critique ou nouvelle imposture (1965).

Picard dénonçait avant tout l'esprit de système qu'il découvrait dans la nouvelle généra­ tion critique des années 60, le recours à la psychanalyse et ce qui lui semblait être du dogmatisme.

Pour lui, une telle approche de la littérature en méconnaissait la véritable nature et visait à substituer à la lecture patiente des textes une sorte de délire théorique qui, cherchant à reconstruire ceux-ci, ne parvenait qu'à les déformer.

Pour autant qu'on puisse en juger, la position de Gracq à l'égard de la «nouvelle critique» semble n'être guère diffé­ rente.

L'auteur du Rivage des Syrtes reproche aux critiques de défigurer l'œuvre qu'ils étudient en la faisant rentrer de force dans le cadre de la théorie qu'ils défendent: munis de leur clé - psychanalytique, marxiste, thématique ou autre -, ils obligent le texte littéraire à prendre la forme d'une ser­ rure qui dès lors ne leur résistera plus .

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L'attitude de Gracq à l'égard de la critique - ou du. »

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