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il y a quelque chose de charnel

Publié le 24/01/2013

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Il y a quelque chose de charnel dans notre rapport aux mots et à la langue. Le poème, la fable, la chanson, le roman sont notre mémoire, et notre mémoire c'est nous. Philosophe Le magazine "Lire" de juillet-août offrait en avant-première la rentrée littéraire en publiant les extraits de quinze romans à paraître fin août. Et de parier que l'on parlerait beaucoup de "Ni d'Eve ni d'Adam" de notre Amélie Nothomb, de "Tom est mort" de Marie Darrieusseq, de "Je m'appelle François" de Charles Dantzig, etc. Bref, rien que du bonheur. On est déjà en appétit. Mais au juste, le livre aujourd'hui, quel rôle a-t-il ? Perdu, entre la télé et la toile ? Bien sûr que non ! La rentrée littéraire de septembre, c'est une tradition, c'est une fête des mots, des idées, des personnages; ce sont des centaines de livres nouveaux; c'est le plein de nouveaux romans, beaucoup de premiers romans; c'est un événement, celui d'un rendez-vous annuel entre la littérature et ses protagonistes. Plaçons-nous du côté du lecteur que nous sommes, car que serait le livre sans le lecteur ? Que nous apporte le livre ? Que peut la littérature ? La lecture est avant tout un plaisir. Avouons-le, les textes que nous avo...

« connaît des accrocs de santé.

Trop de cholestérol ! Il évolue, il vieillit, il doute.

Son père meurt, son amie le quitte. C'est un contemporain dans la Scanie d'aujourd'hui, aux paysages doux, à l'extrême sud de cette Suède qu'à travers les crimes en série d'une grande violence qu'il a à élucider, Wallander ressent comme un pays, le sien, en pleine déroute.

C'est un policier qui travaille en équipe, de façon technique.

Les réunions se multiplient au cours de l'enquête, mais il prend aussi l'initiative, il agit seul, dangereusement, pour résoudre l'énigme.

Bref, Kurt s'inscrit dans le monde de la communication et de l'intersubjectivité, tout en restant un héros. Un personnage de roman, c'est un ego expérimental que l'on soumet à l'intrigue.

Aujourd'hui il n'est pas fait d'un bloc, il est pluriel et changeant dans un monde qui l'est tout autant.

Il nous raconte indirectement notre histoire, notre actualité.

Son rôle, c'est d'être un médiateur du réel. Que peut la littérature ? "Il n'y a pas d'accès au réel direct, pur, nu, dépouillé de toute mise en forme préalable.

Il n'y a pas d'expérience sans référence : les mots sont logés dans les choses, une instance tierce se glisse entre nous et les autres, nous et le monde, nous et nous-mêmes.

Et puisqu'on n'échappe pas à la médiation, puisque la littérature est décidément toute-puissante, la question est de savoir à quelle bibliothèque on confie son destin", écrit Alain Finkielkraut. Toute-puissance de la littérature ? L'expression paraît un peu forte.

Mais on associera volontiers la force de la littérature à la puissance des mythologies fondatrices. Valéry nous a prévenus : les civilisations sont mortelles.

Les mythologies qui les animent finissent par s'éteindre.

C'est pourquoi la littérature ne déploie son efficacité que si elle se montre capable de traduire le présent et d'anticiper, un peu, l'avenir.

C'est peine perdue que d'écrire aujourd'hui à la façon de Racine, voire de Molière.

Notre monde n'est plus le leur, ni même celui de Chateaubriand, de Zola, Hugo, Flaubert ou Proust.

Cela ne nous dispense pas de les fréquenter, ces géants d'autrefois, pour nous en inspirer.

Un peu de hauteur, que diable ! Le livre ne donne pas que du plaisir, il met un peu d'ordre dans notre subjectivité.

C'est précieux, infiniment précieux.

Nous demandons seulement un peu d'ordre dans la pensée pour nous protéger du chaos, fait remarquer Gilles Deleuze.

La littérature, c'est le plaisir de lire, de savourer les beautés du verbe, de saluer les prouesses de l'imagination, et c'est aussi plus : "une élévation, une hauteur, une sorte d'appel vers ailleurs" selon les mots de Jean d'Ormesson.

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