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Incipit Beckett

Publié le 20/02/2013

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L'incipit de Fin de partie I- La didascalie Une didascalie longue = courant dans le théâtre après le classicisme, ex. Cyrano de Bergerac, ou bien le drame romantique de Hugo. Des personnages qui agissent en silence (pantomime) dans une sorte de gestuelle chorégraphiée = cela arrive aussi, cf. le début du Mariage de Figaro. Mais ici écriture très particulière, très répétitive, avec une obsession des mouvements horizontaux et verticaux : droute/ gauche + haut/bas A- Le décor = l'espace 1- Une certaine précision, mais toutefois interprétable : par ex. la forme de cet intérieur peut être plus ou moins cubique, plus ou moins allongée ; ou bien sembler presque un crâne. 2- Importance de la négativité : tout est échec, fuite ou impuissance. Fenêtres = pour voir dehors, pour faire de l'air. Mais ici = petites, haut placées, fermées par un rideau. Lumière = clarté, mais ici grisâtre. Poubelles au premier plan. Tableau = représentation, désir de beauté, décor ici retourné et comme nié. 3- Les draps : symbolique multiple... vieillesse, usure (on met les draps sur les objets anciens, dans des maison abandonnées), mort (drap = linceul) ou théâtre = le rideau qu'on lève pour faire « apparaître « quelque chose, et même ici, quelqu'un. B- La pantomime = le temps A la lire on peut avoir l'impression qu'elle est « absurde «, sans aucun sens. Pourtant on repère assez facilement qu'elle est l'illustration d'un processus : celui d'une fragmentation infinie des actes, de la voonté et finalement du temps. Ainsi on peut distinguer 4 phases successives parfaitement symétrique et bien enchaînées : 1- Clov va sous chaque fenêtre et la regarde. 2- Clov à l'aide d'un escabeau va tirer le rideau de devant chaque fenêtre. Tous les changements de direction sont hésitants (il oublie de reprendre l'escabeau et revient en arrière) 3- Clov à l'aide de l'escabeau remonte devant chaque fenêtre pour regarder dehors et a alors un « rire bref «. 4- Clov (finalement sans l'escabeau dont il constate in extremis qu'il n'en a plus besoin) va dévoiler les poubelles et Hamm. A chaque fois il « regarde « et pousse le même rire bref que devant les fenêtres. Les actes de Clov sont simples, et ils ont un sens, par exemple domestique. Mais ce qui les rend absurdes, c'est leur fragmentation : en effet, on aurait pu attendre l'enchaînement normal : escabeau, aller sous la fenêtre, regarder, monter, tirer le rideau, regarder à l'extérieur, rire - cela étant groupé d'abord à droite, puis à gauche. L'impression donnée peut être ou poétique, ou comique, clownesque, ou tragique. Les redites, les faux pas, les presque chutes, les permanents retours en arrière trébuchants, peuvent fa ire rire ou mettre mal à l'aise. Cela touche à l'altération de la perception du temps : impossibilité d'enchaîner des actes, de se souvenir pourquoi on fait une chose (par ex. qu'on a apporté un escabeau pour monter à la fenêtre) ou quelle chose on fait après. Traces possibles dans cette pantomime de souvenirs de Beckett aux côtés de parents malades pendant plusieurs mois : sa mère, atteinte de la maladie de Parkinson, son frère, mort d'un cancer ( 1950 et 1954) puis son ...
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« II- Les deux monologues : une exposition étrange A- Celui de Clov 1- Le refus de l’illusion théâtrale - la « voix atone » : exigée par Beckett, comme une sorte d’abstraction forcée, le refus du réalisme ou de l’illusion théâtrale .

De même qu’il refuse les effets de style et veut écrire en français.

Va avec « regard fixe » vers la salle.

- Les silences et l es ruptures : la didascalie « un temps » revient sans ar rêt dans la pièce.

Introduit l’idée de discontinuité : Les membres de phrase se suivent sans lien.

Le personnage « suit son idée » sans informer le spectateur, alors que normalement la parole au théâtre sert à informer (cf « la petite veine » de Hamm p.33, ou Nell perdue dans sa contemplation du souvenir p.36) .

I dée aussi d’un théâtre de l’amenuisement, de l’émiettement.

D’une parole en décomposition : on parle trop, parler fait partie de l’illusion (cf p.36 : « mais de quo peuvent -ils parler ? de quoi peut -on parler encore ? ») 2- le thème philosophique du temps : -« Fini » = provocation (car on est au début de la pièce) mais amorce d’un système d’écho qui est un des fils : ça va finir, ça peut finir, etc.

- Mais aussi réflexion : ici s’amorce un des gr ands thèmes de la pièce : la fragmentation du temps, son passage impossible à percevoir.

La triple répétition introduit un effet pathétique.

L’impossible tas : l’impossible perception de l’écoulement .

On ne peut que soudain se rendre compte que le temps a passé.

Référence au « paradoxe du tas » d’Eubulide de Milet (cf l’annexe de Wikipedia) : deux grains ne font pas un tas, trois non plus, ni quatre, ni cent, ni mille… et soudain le tas est là, on ne sait pas comment .

Le grain en soi a l’air d’être insign ifiant, répétitif, il ne rend pas perceptible le changement qualitatif (passage de l’unité au tout).

= Tragique rapport au temps. Notre conscience n’est pas faite pour sentir le passage du temps et les transformations qu’il accomplit.

Notre conscience e st toujours « a posteriori » (cf : on voit bien que chaque année apporte sa rentrée, son mois de juin, son Noël, que tout se répète, mais on ne sent pas qu’on devient adulte… ou que 10 ans ont passé.

Et soudain, on se retourne : c’est là !) Le discours de Clov sera finalement un discours sur l’angoisse. La répétition de « c’est fini », « ça va finir », ce sont les grains qui s’ajoutent un à un, le supplice chinois de la goutte qui tombe sur la tête de Hamm .

Et tout ce qui se répète dans la pièce fait allus ion à cette conscience malheureuse du temps, inaccessible comme unité, accessible uniquement comme fragmentation et répétition. 3- Le thème d e la liberté : une peur, un rapport masochiste au pouvoir du chef, de Hamm, l’homme au sifflet.

Un possible espoi r, un élan : « on ne peut plus me punir » = liberté possible, échappatoire ? (je m’en vais…je te quitte , etc.

) mais l’angoisse reparaît dans l’issue envisagée : la cuisine comme un cube vide.

Image pour une servitude sans sens et sans fin.

Le mur à contempler indéfiniment : la condition humaine comme conditionnement sans issue.

Impossibilité d’être libre.

B- Celui de Hamm 1- Le bâillement permanent : allusion à l’ennui – théâtre de l’ennui contre théâtre de l’action, de la distraction.

L’ennui, expérience existentielle dans laquelle on souffre de se sentir exister.

On est de trop dans sa peau.

Le spectateur doit éprouver cela, au moment où au contraire, on devrait l’intéresser à une intrigue… on retrouve également avec le bâillement le t emps discontinu.

2- Le propos = la souffrance et les rêves la souffrance : tout le monde souffre, mais impossible d’évaluer la souffrance, de se sentir solidaire dans la souffrance (de tels êtres = méprisant), d’y découvrir un absolu.

Bref la souffrance est une constante de la condition humaine, mais elle ne peut avoir aucun sens. Elle ne nous grandit pas, ne nous accomplit pas, ne nous apprend rien : on reste vide.. »

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